[AfrICANN-discuss] Où l’on reparle de neutralité des réseaux

Anne-Rachel Inné annerachel at gmail.com
Sun Apr 20 20:14:43 SAST 2008


 Où l'on reparle de neutralité des réseaux

http://blog.lefigaro.fr/hightech/2008/04/ou-lon-reparle-de-neutralite-d.html

Vieux serpent de mer, le spectre d'un Internet à deux vitesses (à multiples
vitesses, en fait) se remet à hanter ces temps-ci les blogs
spécialisés<http://www.blogpulse.com/trend?query1=%22net+neutrality%22&label1=&query2=&label2=&query3=&label3=&days=60&x=0&y=0>.
Cette question, qu'on appelle la «neutralité des réseaux» (*net neutrality*),
est récurrente depuis plusieurs années sur le web, où l'on agite volontiers
l'épouvantail de la mainmise de quelques grands groupes sur l'internet
lui-même.

*1. C'est quoi ?*

Pour faire très simple : pour le moment, les «tuyaux» du web sont les mêmes
pour tous. Lorsque vous prenez un abonnement à Internet, vous accédez – en
théorie du moins - à tous les sites du monde de la même manière et sans
restriction. A l'inverse, que vous animiez un blog consacré au tuning ou que
vous soyez Benjamin Bejbaum, le patron de Dailymotion, vous disposez du même
accès à la bande passante. Vos visiteurs arrivent sur votre site à la même
vitesse, car vous êtes traités de manière identique par les opérateurs de
réseaux.

Cet état de fait vient de la «neutralité des réseaux». Un concept forgé par
le professeur Tim
Wu<http://lumiere.ens.fr/%7Eguerry/trads/tim_wu_pourquoi_neutralite_reseau.html>en
2005, selon lequel les opérateurs web (donc les fournisseurs d'accès
et
les opérateurs téléphoniques ou câble) ne font pas de discrimination entre
les sites. Google ne peut pas payer AT&T pour que les utilisateurs accèdent
plus rapidement à son moteur qu'à Yahoo !, par exemple. Cette neutralité
touche également les contenus. Un opérateur réseau ne contrôle pas le type
de données qui circulent dans ses bandes passantes.

*2. Pourquoi est-ce un problème ? *

Mais les opérateurs réseaux ne l'entendent pas de cette oreille. Certains
aimeraient pouvoir «vendre» une bande passant plus rapide ou prioritaire à
certains sites. Pour gagner de l'argent, évidemment. Mais aussi car les
gestionnaires des réseaux (téléphoniques ou de fibres optiques) n'ont jamais
pu goûter à l'explosion du secteur Internet, dont ils assurent pourtant une
part physique.

Autre problème : la multiplication du peer to peer, des plateformes
d'échanges de vidéos comme Dailymotion ou YouTube, et de manière générale
l'ensemble des technologies plus avancées qui ne cessent de se diffuser sur
le web, consomment de plus en plus de bande passante. Ce qui oblige les
opérateurs à améliorer sans cesse les réseaux pour permettre à leurs clients
d'accéder toujours plus rapidement à ces nouveaux services. Et leur coûte
cher.

Les opérateurs aimeraient donc deux choses : pouvoir filter les contenus
type peer-to-peer (ce que Comcast a fait aux Etats-Unis fin 2007, provoquant
un tollé), mais surtout que les plus gros sites, qui sont les plus gourmands
en trafic, payent plus d'argent. Certains sites «commerciaux» n'y sont
d'ailleurs pas opposés, car cela leur permettrait d'arbitrer la compétition
par l'argent : YouTube pourrait ainsi payer pour avoir plus de bande
passante que Dailymotion. Mais dans ce schéma, un site non commercial mais
célèbre, comme Wikipedia, n'aurait pas les moyens de survivre, puisqu'il ne
pourrait payer assez pour s'assurer d'avoir suffisamment de bande passante.
Aux Etats-Unis, le débat fait rage depuis 2005. Début mars, le patron de la
MPAA (Motion Picture Association of America, le syndicat des studios
américains) s'est explicitement prononcé contre la neutralité dans un
discours<http://www.cyberpresse.ca/article/20080331/CPARTS/803310549/6821/CPARTS>.
La polémique vient de s'exporter au Canada après que l'opérateur
téléphonique Bell ait jeté un pavé dans la
mare<http://blogues.cyberpresse.ca/technaute/peloquin/?p=284>en
choisissant arbitrairement de limiter, durant la journée, le trafic
issu
du peer-to-peer. Ce qui signifie que Bell surveille le contenu sur ses
réseaux et viole donc la net neutrality. Et qui a abouti à une situation
étrange : un site gouvernemental canadien proposait à ses visiteurs de
télécharger, légalement, une émission de télévision en usant de la
technologie BitTorrent. Bell, l'assimilant à du peer-to-peer, a bridé
l'accès, et les intenautes ont mis des heures à obtenir la séquence. D'où un
scandale dans  le petit milieu high-tech canadien et américain.


*3. Quelle(s) solution(s) ? *

Au-delà de la polémique, l'affaire a le mérite de poser une question que
personne, ou presque, ne se pose : à qui appartient internet ? Aux sites qui
en font l'intérêt ? Aux opérateurs qui en possèdent les câbles ? Aux
utilisateurs qui s'y abonnent ?

La réponse est complexe. Pour faire très simple : à personne. Ou plutôt à un
ensemble de groupes à but non lucratif, d'acteurs privés et publics.

A la base, il y a l'ICANN <http://fr.wikipedia.org/wiki/ICANN>, dont le
travail premier est de fournir des adresses IP (qui localisent chaque
ordinateur sur le réseau) et des noms de domaine nationaux (les .com et .net
sont gérés par une société privée, VeriSign). Cet organisme à but non
lucratif a été créé par le Département du commerce américain en 1998. Il
fonctionne toujours sur la base de ce qui a été défini à l'époque, malgré
les pressions croissantes pour en confier sa gestion à l'ONU ou à un
organisme international, car l'administration Bush refuse d'en abandonner le
contrôle.

Mais parallèlement à l'ICANN, d'autres groupes s'assurent du fonctionnement
et de l'évolution d'Internet. C'est le cas de l'ISOC
<http://www.isoc.fr/>(Internet Society), qui veille au développement
technique et moral du web,
ou encore du consortium W3C <http://www.w3.org/>, qui travaille à la
«normalisation», la «standardisation» du web et s'assure que la majeure
partie des sites utilisent la même technologie et les mêmes langages (html,
xhtml, etc), ce qui permet une navigation simple.

De fait, aucun organisme n'est souverain pour décider de l'avenir du web et
des réseaux en général. Or, l'enjeu qu'ils représentent va croissant, et les
questions qu'ils soulèvent également, on le voit avec la question de la «net
neutrality». Mais pour l'instant, tout le monde semble se satisfaire de se
statu quo. Pour combien de temps encore ? Début avril, une association
européenne, le TACD, a adopté une déclaration en faveur de la neutralité du
net <http://www.ecrans.fr/Internet-La-guerre-de-la,3883.html>. Mais aucun
gouvernement ne s'est encore risqué  à se positionner dans cette bataille.
   Par Samuel Laurent
<http://blog.lefigaro.fr/hightech/samuel-laurent.html>le 18 avril 2008
13h45
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