[AfrICANN-discuss] Internet : 20 ans après, l’Afrique observe toujours la Toile de loin

Anne-Rachel Inné annerachel at gmail.com
Mon Mar 30 20:40:43 SAST 2009


http://www.afrik.com/article16454.html

Internet : 20 ans après, l’Afrique observe toujours la Toile de loin
Comment expliquer la persistance de la fracture numérique ?

L’Afrique a-t-elle profité de la révolution Internet, un médium qui fête en
2009 ses 20 années d’existence ? Le continent serait resté un simple
observateur en ne l’intégrant pas comme un facteur de développement. Y
résoudre le problème de la connectivité à Internet passe par une solution
économique.

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 samedi 21 mars 2009, par Falila Gbadamassi <javascript:f_plus()>
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L’Internet, le World Wide Web <http://www.w3.org/> (www), célèbre cette
année ses vingt ans. Beaucoup ont vu en ce nouveau médium une « chance »
pour l’Afrique. L’a-t-elle saisie au vol ? Oui, parce qu’il est impossible
de résister à une telle vague de fond, mais pas assez, semble-t-il, pour en
faire un levier de développement économique. Le bien-être qu’il a produit,
en termes de liberté d’expression et d’accès à l’information, ne suffit pas
à bénéficier de la multitude d’opportunités qu’offre Internet. Les enjeux
liés à la connectivité et au coût de celle-ci restent des problématiques,
encore insolubles, pour les Etats africains. Selon plusieurs experts, ils
peinent a faire d’Internet un paramètre de leur stratégie globale de
développement et par conséquent, à trouver des solutions pour en tirer
profit.

En guise de cadeau d’anniversaire, l’Afrique récolte un verdict sans appel
prononcé par Adiel Akplogan, le directeur exécutif
d’Afrinic<http://www.afrik.com/article8479.html>,
le registre régional africain. « Pendant 20 ans, nous nous sommes
émerveillés devant cet outil et on a oublié les fondamentaux, notamment sa
fonction économique ». Les Africains sont restés « passifs » dans leur usage
du Net. « Internet a changé notre perception du monde, la façon dont le
monde nous voit mais pas la façon dont nous le voyons. Ce que les Asiatiques
ont réussi à faire. » L’Afrique comptait plus de 52 millions d’internautes
en 2007, soit un taux de pénétration de 5,46% selon l’Union internationale
des télécommunications (UIT), contre 573 millions pour l’Asie. Sur ce
continent, avec un taux de pénétration de 15%, l’usage d’Internet est trois
fois plus répandu que dans les pays africains.
 Internet dans le monde en 2007  *Continent* Nombre d’utilisateurs
d’Internet (milliers) Taux de pénétration Afrique52 248,85,46 Amérique394
785 43,42 Europe357 288,644,29 Asie573 737,514,43

Source : UIT

*« Passifs » dans la production de contenus*

S’exprimer sur la toile passe par la production de
contenus<http://www.afrik.com/article15467.html>.
Sur près de 180 millions de noms de domaine recensés dans le monde, 3%
seulement sont africains. Entre 2005 et 2008, 20 000 nouvelles adresses IP
ont été enregistrées, soit près du double de ce qui avait été fait sur la
période 1994-2004. « Les Africains ont besoin d’informations qui leur sont
utiles dans leur quotidien sur le plan économique, social et culturel »,
explique Adiel Akplogan. Une réalité parfaitement illustrée par Mike Jensen,
consultant et pionnier dans l’observation du développement d’Internet en
Afrique. « Soixante dix pour cent des Africains vivent en milieu rural. Ils
n’ont pas besoin d’aller sur CNN ou Facebook, ils ont besoin d’avoir des
informations qui leur permettront de mener à bien leur récolte, de connaître
les prix auxquels ils pourront la vendre… » Mais faire arriver le réseau
aussi loin dans les campagnes est un véritable défi sur le continent
africain. Une étude de l’ITU, publiée en mai 2008, estime qu’en
Afrique-subsaharienne, moins d’1% des villages ont un accès public à
Internet, moins de 3% à une ligne fixe et seulement 10% des foyers ont
l’électricité. Autant dire que rien ne facilite l’accès à la Toile.
 Les plus importants utilisateurs du Net en Afrique (2007) *Pays * * Nombre
d’utilisateurs d’Internet (milliers)**Taux de pénétration* Egypte 10
532, 4 13,95
Nigeria 10 000 6,75 Maroc 6 600 21,14 Afrique du Sud 3 966 8,16 Algérie3 500
10,34 Soudan3 500 9,08 Kenya 3 000 7,99 Tunisie 1 722,2 16,68 Zimbabwe
1351 10,12
Ghana 880 3,75 Senegal 820 6,62 Ouganda750 2,51 Zambie 500 4,19 Tanzanie 400
0,99 Angola 498 2,93 Cameroun 370 2,23 Maurice 340 26,95 Togo 3205,07 Côte
d’Ivoire 3001,63

Source : UIT

Le manque d’infrastructures ou l’absence de fiabilité conduisent à un
sous-développement numérique. Il n’est pas rare que les connections
s’interrompent à Douala ou à Cotonou à cause d’un délestage impromptu en
plein envoi d’un document attendu de toute urgence par un correspondant
situé à l’autre bout de la planète. Conséquence de toutes ces défaillances,
pour Mike Jensen : « Les gens ne font pas confiance au réseau disponible, il
ne peut donc y avoir d’e-gouvernement, d’e-commerce puisque les transactions
bancaires ne peuvent être sécurisées. Le développement des infrastructures,
note Adiel Aklogan, n’est possible que « si les Etats africains définissent
clairement la place des nouvelles technologies, d’Internet dans leur
stratégie de développement ». Ce qui permettrait d’instaurer un cadre
institutionnel et légal favorable au développement des infrastructures.
« Aujourd’hui, dans la plupart des pays africains, il est difficile pour un
opérateur privé d’investir pour connecter son pays à la fibre optique ». En
cause, les monopoles dont bénéficient les opérateurs de télécommunications.
La solution se résume pour Mike Jensen en ces termes : « casser les
monopoles et ouvrir les marchés. L’Etat doit être moins présent dans le
secteur ». Ces situations ont une incidence sur les coûts d’accès au Net.
« Au Sénégal, un accès haut-débit coûte environ 20 000 F CFA par mois (30
euros environ). Dans le même temps, dans d’autres pays qui sont connectés à
la même fibre optique que le Sénégal, les tarifs sont jusqu’à cinq fois plus
élevés. Ce qui pénalise le consommateur final. Comment voulez-vous alors
qu’il utilise Internet ? »

*Privilégier le développement de réseaux locaux*

Autre élément qui ne fait pas d’Internet un medium abordable en Afrique :
« la plupart des opérateurs africains ne distinguent pas les connections
internationales, les plus chères, des connections locales. » Le phénomène
est clairement expliqué par un document de l’UIT, intitulé *Les pays pauvres
subventionnent-ils les pays
riches*<http://www.itu.int/itunews/manager/display.asp?lang=fr&year=2005&issue=03&ipage=interconnectiv-poor&ext=html>.
« L’une des raisons de ce coût élevé tient au fait que la plupart des pays
en développement utilisent la largeur de bande internationale pour échanger
des données au niveau local. Lorsqu’un utilisateur africain de l’Internet
envoie un message à un ami qui vit dans la même ville ou dans un pays
voisin, les données du message vont jusqu’à Londres ou à New York avant de
revenir vers cette ville ou le pays voisin en question. » Coût estimé : près
de « 400 millions USD par an ». Dans un document
[1<http://www.afrik.com/article16454.html#nb1>],
publié en 2005, Russel Southwood, le patron de Balancing
Act<http://www.afrik.com/article7640.html>,
une entreprise de conseil et d’édition spécialisée dans les nouvelles
technologies en Afrique, indique que « plus de 90% de la connectivité IP
internationale transite par l’Amérique du Nord ».« Sur l’Internet,
poursuit-il, les flux monétaires vont des pays en développement situés au
sud vers les pays développés du nord. »

Mais il est possible de renverser la tendance. Adiel Aklogan donne l’exemple
kenyan, un pays qui a crée sa propre infrastructure Internet. « Le Kenya n’a
pas un accès direct à la fibre optique, donc aux plates-formes
internationales. En 2004, ils ont fini par mettre en place un point
d’échange pour gérer le trafic local. En six mois, tous les opérateurs
présents sont arrivés à saturation de leur connection locale parce qu’ils ne
s’attendaient pas à un tel volume de trafic. Ils ont alors commencer à
acheter moins de trafic international, ce qui a réduit le coût de la
connexion. Les opérateurs ont pu ainsi développer des applications locales
puisqu’ils pouvaient bénéficier de tarifs plus abordables. » L’exemple de la
Chine illustre l’indépendance que procure une telle démarche. Les grands
moteurs de recherche, comme Google ou Yahoo, font toutes les concessions
pour accéder à ce réseau chinois. D’ailleurs, le portail chinois Baidu
supplante Google dans son pays : il représente plus de 50% des recherches.

*Ne pas céder aux sirènes de la téléphonie mobile*

L’Afrique peut mieux faire mais elle peut aussi apprécier le chemin parcouru
en 20 ans. « Extraversion et recentrage » : deux mots qu’Annie
Cheneau-Loquay, responsable du Réseau Africa’nti (l’Observatoire des
nouvelles technologies d’information et de communication sur le continent),
utilise pour décrire le développement de l’Internet en Afrique. Extraversion
pour illustrer le fait qu’Internet a permis de satisfaire « un besoin de
l’extérieur », notamment chez les jeunes. « On cherche à savoir ce qui se
passe ailleurs », explique la chercheuse. Du côté de la diaspora, le
phénomène est inverse. « Internet est un moyen pour elle de trouver des
informations sur le pays d’origine ». A l’intérieur de leurs pays, les
internautes africains consomment de plus des informations locales, produites
notamment par les journaux en ligne. L’un des grands acquis d’Internet en
Afrique est d’avoir promu la liberté de la presse, plus largement la liberté
d’expression. L’avènement du web 2.0 amplifie cette libération de la parole.
Les blogueurs égyptiens, souvent arrêtés, paient un lourd tribut dans les
geôles de leur pays qui rassemble le cinquième des internautes africains.
 Pour comparer en 2007   *Pays * Nombre d’utilisateurs d’Internet
(milliers)Taux de pénétration
Suède5 762,777 Etats-Unis221 72472,5 France31 57151,21 Chine 212 580,816

Source : UIT

De ces deux décennies d’Internet, Adiel Aklogan retient un autre mot :
« désenclavement ». « Grâce à Internet, nous avons pu accéder à des
informations qui n’étaient pas à notre portée auparavant, nous former. La
participation à un média global permet de s’inscrire dans la globalisation
économique . » Un raccourci qu’assume le directeur d’Afrinic, à condition
qu’Internet devienne une priorité, comme à Maurice surnommée la cyber-île,
pour les politiques africains. Des décideurs qui ne sont pas toujours
capables de d’offrir une vitrine sur la toile à leurs citoyens, ne serait-ce
qu’un portail gouvernemental fonctionnel. Ils se laissent aussi séduire par
le pis-aller de la téléphonie mobile dont le taux de pénétration en Afrique
avoisinait les 29% en 2007. Ce succès fait dire à certains des collègues
d’Annie Cheneau-Loquay, que « le mobile sera l’Internet de l’Afrique ». Un
avis qu’elle ne partage pas. Mike Jensen explique, entre autres, pourquoi :
« Les solutions que proposent les opérateurs de téléphone mobile sont plus
onéreuses que si l’on développait des technologies comme le Wifi
[2<http://www.afrik.com/article16454.html#nb2>],
le Wimax [3 <http://www.afrik.com/article16454.html#nb3>] ou le mesh
Wifi [4<http://www.afrik.com/article16454.html#nb4>]
pour permettre aux Africains installés dans les endroits les plus reculés
d’accéder au Net ». Car, paradoxalement, les Africains « manquent encore
d’information » alors qu’elles sont, pour la majorité des Terriens, à portée
de clic. La fracture numérique a encore de beaux jours devant elle.

[1 <http://www.afrik.com/article16454.html#nh1>] Source IUT – *Via
l’Afrique : Création de points d’échange Internet (IXP) locaux et régionaux
en vue de réaliser des économies en termes financiers et de largeur de bande
*, document de travail élaboré pour le compte de l’UIT et du CRDI à
l’occasion de l’édition 2004 du Colloque mondial des régulateurs organisé
par l’UIT. Source :
UIT<http://www.itu.int/itunews/manager/display.asp?lang=fr&year=2005&issue=03&ipage=interconnectiv-poor&ext=html>
.

[2 <http://www.afrik.com/article16454.html#nh2>] Réseau local de type
Ethernet à accès sans fil qui permet d’obtenir des débits pouvant atteindre
2 mégabits par seconde (Mbit/s) dans une bande de fréquences de 2,4
gigahertz (GHz). Source : Le Journal du
Net<http://www.journaldunet.com/encyclopedie/definition/969/48/20/wimax.shtml>.

[3 <http://www.afrik.com/article16454.html#nh3>] Le Wimax est un standard de
transmission sans fil à haut débit. Fonctionnant à 70 Mbit/s, il est prévu
pour connecter les points d’accès Wi-Fi à un réseau de fibres optiques, ou
pour relayer une connexion partagée à haut-débit vers de multiples
utilisateurs. Source : Le Journal du
Net<http://www.journaldunet.com/encyclopedie/definition/356/48/20/wireless_fidelity.shtml>
.

[4 <http://www.afrik.com/article16454.html#nh4>] C’est une technique de
maillage et de routage dynamique de réseau sans fil basée sur un protocole
de détection de voisinage OLSR. […]. Les réseaux mesh s’installent et se
configurent automatiquement, ils co-existent avec les réseaux existants,
sont d’autant plus fiables qu’il sont denses et sont par définition
multiservices voix, données et vidéo. Connectés à l’Internet, ils
distribuent le haut débit Ethernet 100Mb/s sur une zone locale déterminée et
les cellules étant dotées d’une capacité de roaming, ils autorisent la
réception en mobilité ( voiture, train bus). « Any time, any where, any
device », telle est la caractéristique des réseaux ’mesh’. Source : *Mesh,
Wi-Fi, WiMax...le futur des hauts-débits sans fil
?*<http://www.silicon.fr/fr/silicon/special-report/2005/06/04/mesh-wi-fi-wimaxle-futur-hauts-debits-sans-fil>
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