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La synthèse hebdomadaire de la recherche et de l'innovation
n°223, le 03 avril 2009

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SOMMAIRE
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    * Bonnes feuilles : Les trois web
    * Le papier contre l'électronique (3/4) : Vers de nouvelles manières de lire
    * Revue de web : Avons-nous de "vrais amis" sur les sites sociaux ?
    * Note de travail : Le nouveau paysage des données personnelles :
quelles conséquences sur les droits des individus ?
    * A lire ailleurs : Envoyer des jeux vidéos dans les nuages - La
théorie du crapaud fou appliquée à l'internet - Les vraies ruptures de
Wikipédia - Big data : les technologies et les techniques pour de gros
volumes d'information - 100 enseignants tissent le réseau de
l'innovation - La tendance au DIY génère des HackerSpaces à travers le
monde - Les ados français accros aux séries américaines améliorent
leur anglais - Le défi du 1 % participatif - Les blogs perdent-ils de
leur autorité au profit de la statusphère ? - Les enseignes gourmandes
de mobiles
    * Agenda : 4 avril : eReputationCamp - 4-9 avril : CHI 2009 - 6
avril : une histoire des interfaces mobiles on-line - 16 avril : 59e
Carrefour des Possibles en Picardie - 17 avril : BarCamp Marseille -
...
    * Partenariats

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BONNES FEUILLES
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. Les trois web
Dans Archivage/stockage, Communication interpersonnelle, Médias,
Tribune, Usages, web 2.0, par Invité extérieur, le 30/03/09, 6
commentaires, Page vue 2,047 fois.

    “A l’occasion de la parution de De la démocratie numérique au
éditions du Seuil (Amazon, Fnac, Place des libraires), Nicolas
Vanbremeersch, fondateur de l’agence de communication Spintank, plus
connu sous son pseudonyme de blogueur politique, Versac - qui vient
d’ailleurs d’ouvrir un nouvel espace de débat sur Meilcour.fr -, nous
a confié les bonnes feuilles de son livre. Dans ce court essai, Versac
ne propose pas un guide concret sur la démocratie électronique, mais
plutôt une réflexion sur le web et son fonctionnement, sur ce que
l’expérience du réseau transforme dans l&r! squo;espace démocratique.
Une réflexion qui aff! irme la complexité et la puissance du web et
explique comment les médiations traditionnelles qui structuraient
notre société sont en train de se redéfinir via le numérique. Pour
étayer son propos, Nicolas développe la théorie “des trois web”. C’est
sur cette intéressante explication du fonctionnement du web que nous
avons choisit de nous arrêter. Extrait.

Comment comprendre cet espace public que forme le Web, dans ses
grandes fonctions ? À quelles logiques répondent les lieux qui
composent ce territoire ? (…) Ce qui structure cette représentation,
c’est la vocation dominante de chaque espace, et deux axes de
dynamique qui l’animent. (…) Ce schéma n’intègre pas (mais on pourrait
l’adapter) d’autres fonctions que l’on remplit sur le Web (le
commerce, la pédagogie, les applications et logiciels qu’on y trouve).
Il s’intéresse à la parole, à la connaissance, à l’information.

Deux axes structurent cet espace. Le premier (l’ordonnée) est assez
simple : il va du froid au chaud. Du statique, permanent, au
dynamique, à l’actuel. Tout en haut se trouve la nouvelle, celle de la
naissance du bébé transmise à des proches sur un blog, ou l’humeur du
moment sur son profil Facebook, comme l’annonce, quelques minutes
après son avènement, du record du monde d’Usain Bolt aux Jeux
olympiques. Tout en bas, on est dans une logique de données : bases de
données de tous types, informations encyclopédiques, pages de
présentation statiques et articles quasi invariants (on pense à ces
présentations d’entreprises inchangées depuis des années ou aux
articles universitaires).

Bien entendu, il n’y a pas de séparation nette entre l’actualité et le
fonds de données. C’est d’ailleurs un des immenses bénéfices du Web
que de permettre cette connexion entre la logique d’archive et celle
de l’immédiateté. Une encyclopédie n’est pas morte, sur le Web : elle
vit d’ajouts et modifications incessants, Wikipédia nous le rappelle
tous les jours, en subissant des milliers de corrections et d’ajouts.
Il y a néanmoins deux types extrêmes, deux approches, deux moteurs qui
animent différemment les logiques de publication, de don au public de
l’information : l’immédiateté et l’archivage.

Le deuxième axe est plus complexe, et sans doute aussi plus
structurant. À l’extrême droite, on est dans l’ancien monde, issu de
l’espace public traditionnel, celui des autorités instituées et des
émetteurs d’information professionnels : universitaires, journalistes,
entreprises. Peu surprenant, ces mondes ont adopté, à leur démarrage,
une approche de communication et de publication identique à celle
qu’ils pratiquaient hors ligne. L’information y est organisée,
descendante, et suit un modèle hiérarchique. L’essentiel est la
publication : l’interaction n’y est pas présente ; l’individu non
plus, et à peu près aucun processus n’existe effectivement, en ligne,
autour de cette information. Je suis universitaire : je poste sur ma
page ou sur un! e banque de données un article téléchargeable. Le Web
indexe cette donnée. Point. Je suis journaliste : je publie un article
écrit par mes soins. Je suis un parti politique : je mets sur mon site
une page expliquant mon programme. Le contenu n’est souvent, sur ces
sites, pas propre au Web : le Web sert ici de lieu d’archivage de
contenus numérisés. On est dans une logique médiatique : le Web est
utilisé comme un moyen de diffusion.

À l’opposé, la logique sociale domine. Je suis un individu, et
j’échange avec d’autres pour concocter une recette de cuisine,
j’apprends les résultats du bac du neveu, je monte un procès avec
d’autres clients mécontents de ma banque, je poste des photos,
espérant recevoir des encouragements d’autres amateurs, je discute,
simplement, du temps qui passe avec d’autres inconnus ou amis, sur mon
réseau social. La publication correspond à une publicité des échanges
sociaux. On n’est pas dans une logique de médiation, mais de
sociabilité directe. C’est la rue, le café, le dîner chez des copains,
le dialogue, mis sur la toile.

L’espace entre ces deux opposés est évidemment ce qui constitue le
cœur du Web. Et c’est de la rencontre de ces logiques et de ces
acteurs, individus, institutions, entreprises, professionnels du
savoir et de l’information, que naît l’espace public en ligne. Leurs
logiques ne sont pas les mêmes, et leurs connexions pas nécessairement
naturelles. Chacun ne cherche pas à aller vers l’autre, mais c’est
dans cette rencontre que réside l’immense nouveauté du Web : la
confrontation d’une logique sociale et d’une logique d’information.
L’opposition ou la rencontre entre une logique descendante, de
l’auteur au lecteur, de l’émetteur au récepteur, sans voix ni voie de
retour, et celle d’une relation entre individus de plain-pied.

Le Web documentaire
Ce que j’appelle le Web documentaire, ce sont ces millions de pages
statiques, froides, ayant essentiellement une vocation d’information
de référence. Ici, le contenu domine, seul, non malléable, définitif,
sur lequel l’internaute qui le visite n’a pas de prise. Logique
documentaire, encyclopédique, donc, principalement, pour ce qui
constitue le fonds du Web. On est ici dans un espace qui rappelle le
monde hors ligne : domination du contenu, pas d’interaction, si ce
n’est celle de la consultation, du choix d’accès. Souvent, ce qui se
trouve dans le Web documentaire ne vient pas de cet espace : c’est
juste une mise à disposition d’une connaissance ou de contenus venus
d’ailleurs.

En volume, ce Web est immense, et apporte déjà la nouveauté de
l’abondance de l’information. L’autre nouveauté, c’est l’égal accès de
tous à cette information. À une portée de main, articles
universitaires, archives de journaux, présentations de sociétés,
rapports de syndicats, tracts, images, vidéos de patrimoine visuel
sont ici.

Les bénéfices de cette mise à disposition sont immenses pour celui qui
les cherche, mais l’accès est évidemment complexe. Le projet de
numérisation Google Scholar et son pendant européen Europeana
répondent à cette ambition de mise à disposition des contenus. Leur
enjeu est non seulement de les numériser, et de les publier, mais
aussi de les rendre accessibles, qu’on puisse s’y déplacer comme on
cherche dans le Web. Ces contenus ne sont pas propres au Web. Ils
dérivent de l’espace public traditionnel, tout en y retrouvant une
nouvelle forme de publicité.

(…) Il y a peu, la Revue des Deux Mondes, plus vieille revue
intellectuelle d’Europe, a rendu accessible son fonds en ligne. (…)
Pour autant, pas de changement d’approche : on se contente de mettre à
disposition (…) : on se met à disposition, mais on n’agit pas,
proprement, sur cet espace. On crée un pont, voilà l’essentiel, du
monde ancien, pour exister dans l’espace de la connaissance.

Le Web documentaire est le règne de l’expert, qui délivre son savoir,
sans se soucier de sa préhension par autrui. Depuis sa chaire, il met
ce qu’il sait et dit, a su, a dit. Mais il ne descend pas. C’est le
lieu de l’artiste, qui, bon gré mal gré, sait qu’il lui faut rendre
disponible sa création en ligne, faute de quoi il mourra, mais ne
participe pas à des échanges. (…) Beaucoup d’experts, artistes,
producteurs d’idées des espaces traditionnels se cantonnent à cette
logique. Produire ailleurs, et mettre à disposition. Pour autant, ce
n’est pas l’unique vocation du Web. Il est aussi, pour ces producteurs
de connaissance, un espace qui a vocation à accueillir cette
connaissance se faisant, à côté de celle produite dans des schémas
issus d’! ;un monde où il n’existait pas.

La mise à disposition des contenus documentaires, souvent, ne s’adapte
pas encore au Web. On publie des articles aux formats imposés par des
décennies de contraintes issues du papier. Les richesses du Web sont
peu exploitées, et les instances productrices d’information, de
connaissance, peinent à adapter leurs modes et formats de production,
et leurs logiques de diffusion. L’article de revue de 4 000 signes
est-il une règle inviolable ? L’insertion de liens html dans un
article est-il un signe de détérioration du travail de l’auteur ? La
chanson doit-elle se penser en albums de dix titres, chacun de trois
minutes, données issues de la contrainte physique du CD et de la radio
?

Progressivement, sous l’impact du développement du Web, cet espace
documentaire va s’élargir, devenir l’espace de référence. La manière
de formuler les idées va s’adapter à l’économie propre à cet espace.
Une revue, un article universitaire, un rapport annuel d’entreprise
devront s’ajuster à cet univers, qui sera celui de référence, comme
l’univers du papier l’est aujourd’hui. Les revues universitaires et
intellectuelles seront numériques, les textes y seront hyperliés, et
les travaux seront menés sans doute directement sur cet espace, en y
intégrant une dimension collaborative, un échange public en ligne,
entre contributeurs. Wikipédia, autant dans son processus que dans ses
formes, préfigure, expérimente ce que peut ! être le réservoir de
connaissance de demain, le Web documentaire.

Le Web documentaire constitue ainsi un fonds, accessible, disponible,
mais n’ayant – aujourd’hui – largement pas de vie propre en ligne,
faute d’interaction et de circulation. Ce qui lui donne vie et grâce,
ce sont les autres espaces du Web, le Web de l’information, et le Web
social. Celui qui ne participe pas directement aux logiques
interactives du Web n’est pas mort : il laisse simplement à d’autres
le soin d’opérer les mécanismes de tri, de hiérarchisation, d’accès.

Le Web de l’information
Le Web de l’information partage avec le Web documentaire cette
approche non interactive, mais se situe dans l’actualité et le chaud.
C’est ici le règne du journaliste. (…) Sur le Web de l’information, on
trouve donc des sources, qui ne participent pas pleinement à la
logique d’interaction et de collaboration du Web, qui émettent des
contenus chauds. Encore une fois, on est dans la transcription de
contenus issus de l’espace public traditionnel, essentiellement
médiatique, vers le Web.

L’évolution s’accélère, néanmoins. Peu à peu, sous l’impact d’une
concurrence accrue, les journalistes comprennent la nécessité
d’adapter leur approche aux spécificités de ce média. Il y a trois
ans, le site Internet du New York Times était en grande partie composé
d’articles issus du journal papier. Les liens proposés ne renvoyaient
qu’à d’autres pages internes du site lui-même, jamais vers
l’extérieur, vers d’autres contenus. Aujourd’hui, le site du New York
Times est devenu pluri-médias. Il intègre des formats multiples, du
texte, de la vidéo, mais aussi des données, consultables en ligne, des
cartes, des graphiques, des compilations de données. Le journaliste,
également, change d! e posture.

De source unique, le journaliste, en ligne, se retrouve en concurrence
permanente. Son contenu est apposé, mis à disposition des internautes
à côté de milliers d’autres. On n’y accède pas uniquement à travers la
Une de son média, mais par les liens de blogs, de sites multiples, par
des moteurs de recherche et des e-mails envoyés. L’article (ou la
vidéo), définitif dans le monde des médias de diffusion, se retrouve,
par nature, plus malléable, évolutif. Et, surtout, l’internaute, qui a
déjà du pouvoir sur l’information, puisqu’il se déplace librement
entre les sources et effectue ses propres recoupements, de simple
spectateur de celle-ci, devient pleinement acteur. Il ne fait pas que
lire, mais vote, commente, relie, passe à ses amis, ou veut exercer
une co! rrection, un commentaire, un complément. Il peut le faire avec
le journaliste, ou, plus souvent, sans son consentement.

Le Web de l’information subit une rupture profonde. L’information ne
s’émet plus de manière définitive. Les médias perdent des fonctions
essentielles, qui fondaient leurs organisations et leurs modèles
économiques. L’hyperconcurrence est là. Les médias perdent peu à peu
le monopole de médiation de l’information au profit de l’internaute
lui-même. Ils perdent, également, le monopole de l’origine de
l’information au profit de nouveaux acteurs, tous émetteurs, en des
endroits multiples, sur leurs blogs, leurs sites.

(…) Enfin, le journaliste n’est plus seul à hiérarchiser et
sélectionner l’information. D’une économie de rareté, celle des médias
contraints par le temps ou l’espace, l’information est plongée à
présent dans un monde d’abondance, où quelques journalistes d’une
rédaction ne peuvent pas disposer du poids nécessaire pour décider,
seuls, de ce qui mérite couverture, de ce qui est important. Les
internautes le font avec eux.

La chaîne de production de l’information éclate, et chaque média doit
trouver des solutions pour garder une attractivité sur ces fonctions.
Collecte ou émission de l’information originale, traitement,
sélection, qualification, hiérarchisation ne sont plus le monopole de
professionnels, mais sont partagés avec les internautes. Cela appelle
des réinventions, une intégration de nouvelles formes de
collaboration. Depuis environ trois ans, elles sont clairement à
l’œuvre dans le monde du Web. L’adaptation n’est pas simple : des
années d’équilibres économiques, de savoir-faire, sont remis en
question. L’absence de barrières à l’entrée sur le marché de
l’information facilite une concurrence vive, l’arrivée permanente de
nouveau! x acteurs, avec lesquels les médias doivent composer,
contraints d’évoluer. Des frottements existent, entre journalistes et
blogueurs, entre médias et nouveaux intermédiaires de l’information
(moteurs de recherche, portails, outils d’agrégation…). La concurrence
ne se limite pas à l’intérieur de l’espace public numérique : lui-même
entre en concurrence avec la radio, la télévision, la presse écrite,
en offrant une alternative plus riche, plus fonctionnelle, plus rapide
dans sa mise à jour, plus personnalisée.

La révolution ne fait que commencer. On a cependant dépassé un premier
stade, celui de l’irruption inattendue d’un espace nouveau. Le Web se
normalise, entre dans le quotidien de professionnels qui ont souvent
eu du mal à l’appréhender. Les jeunes générations de journalistes, qui
travaillent avec cet espace en arrière-plan depuis leurs débuts,
apprennent à leurs anciens à travailler avec. Évidemment, la mutation
s’accompagne d’un discours souvent dur des anciens contre le Web. Sous
les discours prophétiques, sous les bénéfices incroyables du Web pour
l’information se cache une mise en péril des intermédiaires plus si
nécessaires que sont les médias.

Le netbashing, la condamnation du Web ou sa désignation comme tête de
turc, responsable de toutes les dérives des médias, reste à la mode.
On entend souvent dans la bouche de patrons de presse ce discours, qui
veut que le Web serait un lieu de moindre contrôle, de diffusion
d’informations fausses, d’excès, de violations de déontologie, de
maljournalisme. C’est l’inverse que j’observe : le Web agit souvent
comme un moyen formidable d’approfondissement, de plus grand détail
sur l’information, de correction plus rapide des erreurs, comme un
accès approfondi, plus riche, à l’actualité. Les quelques grands cas
récents d’erreurs journalistiques françaises ne sont d’ailleurs pas le
fait d’internautes, ni spécifiques au Web. Elles relèvent ! d’une
difficulté nouvelle, mais d’un travers ancien : le journaliste doit
composer avec une concurrence folle. Pour y survivre, on peut miser
sur la qualité, la déontologie, l’insertion dans un écosystème
d’information ; ou bien préférer le scoop ou l’absence de
vérification, et la fuite en avant.

Le Web de l’information, c’est ce monde vaste, où chacun accède à ce
qui se passe. Le bouleversement qu’il provoque est grand, et ce
d’autant plus qu’il doit également composer avec le formidable
développement de la troisième sphère : le Web social.

Le Web social
Une sphère immense de cet espace public qui se forme en ligne n’est
pas faite de matériaux bruts, anciens ou récents, mis à disposition
par des experts ou journalistes, transmis de l’autre monde. Cette
sphère-là est celle qui relie directement les internautes. Elle répond
à une logique d’échange, de partage, de conversation, de rencontre. Le
Web social, c’est cet immense espace où nous, internautes, sommes
producteurs de multiples informations et contenus, rendus publics en
ligne, où la motivation essentielle est celle du partage. Je blogue,
je partage mes favoris avec d’autres internautes, je poste des photos
en ligne sur Flickr dans un groupe de passionnés des mêmes sujets que
moi, je mets à jour mon profil sur Facebook en signalant une actualité
ou un lien, je corrige une notice s! ur Wikipédia, je commente la
vidéo qu’un ami a postée sur Youtube ou Dailymotion, je vote pour une
information sur Digg.com. Tout cela, je le fais dans une logique
relationnelle, en réseau avec mes pairs.

Le Web social est devenu un sujet d’intérêt, de discours intense
depuis quelques années, à tel point qu’on ne considère presque plus
que lui. On parle ainsi de « Web 2.0 » pour caractériser cette
évolution du Web qui joue la carte de la mise en réseau des
internautes producteurs de contenus, de liens, d’interactions de tous
types. Le terme de « Web 2.0 » me semble faux : il induirait une
rupture avec une première étape dans l’histoire de l’Internet. Or, dès
ses débuts, le Web contenait cette logique : les premières pages
publiées sur le Web l’ont été par des internautes, acteurs de domaines
dont ils n’avaient pas la charge professionnelle. Les premières
applications du Web ont été des fonctions sociales : la discussion, !
le commentaire en commun, la prise de nouvelles, le partage
d’information, directement entre individus. Les toutes premières pages
Web publiées ressemblaient, à vrai dire, à un blog ou à un Facebook,
en moins élaborées. Deux éléments, outre les aspects technologiques,
me semblent justifier une évolution. La première tient à la
concentration sur l’individu, plus que sur le collectif : les
premières applications de partage social en ligne (les listes de
discussion, les newsgroups, les forums de discussion) étaient
collectives. Les nouveaux services (blogs, réseaux sociaux) replacent
l’individu au cœur de l’action, en lui permettant de se mettre en
réseau avec d’autres. La nouveauté tient également à l’adoption de
standards d’échange et de partage de la relation. Un blog, un r&eacu!
te;seau social, Twitter, Flickr, ce sont avant tout des logiq! ues de
n ormes d’information, de flux standardisés, de codes qui se sont
imposés rapidement comme des usages appréhensibles par un grand
nombre. Sans ces standards, cette homogénéité des formats et de
l’information, sans cette qualification (encore rudimentaire
aujourd’hui), il n’y aurait pas de « blogosphère », mais des millions
de sites ne pouvant pas dialoguer, se mettre en réseaux. Pour former
société, il faut adopter des codes, des règles, se conformer à des
pratiques communes. Le Web dispose de ses propres pratiques, de ses
standards d’information : le billet de blog, le commentaire, le tag
(l’étiquette textuelle que l’on appose pour qualifier une
information).

La figure emblématique de cet espace est le blogueur. C’est une
réduction ; des millions d’individus ne tiennent pas un blog, mais
contribuent, par les petites choses qu’ils font en ligne, à alimenter
le Web d’un discours et d’une multiplicité de contenus : photos,
vidéos, liens, commentaires, messages de tous types, construction
d’articles à plusieurs sur des wikis, ces pages modifiables par tous
(et dont l’application sur l’encyclopédie Wikipédia est la
manifestation la plus emblématique), rencontres, profils personnels et
tartes à la crème (virtuelles) envoyées à la figure d’amis sur
Facebook constituent cet espace, immense et formidablement divers. (…)

Ce qui relie cette diversité, néanmoins, tient à trois logiques
essentielles, qui distinguent cet espace des deux autres (le Web
documentaire et le Web de l’information).

D’une part, chacun peut participer, pourvu qu’il soit connecté. Chacun
participe, d’ailleurs, à son niveau. La participation à ces espaces
n’est pas uniforme, et se vêt d’habits multiples, qui correspondent à
autant de fonctions distinctes. On publie des articles, des photos,
des vidéos, on commente, on note, on transmet, on relie. Les moyens
d’expression sont aussi variés que les personnes qui souhaitent le
faire.

D’autre part, la sociabilité est au cœur de ces logiques. J’ai
remarqué que nombre de personnes sous-estiment la part de rencontres
et de relation qui sous-tend ces échanges. Souvent, quand on me
questionne sur ma pratique du blog, on me prend pour une sorte
d’écrivain virtuel, seul devant sa feuille de papier numérique. Or,
dans toutes ces pratiques, c’est l’échange qui nourrit et qui fait
vivre. Un blog, ce sont des rencontres et des échanges, qui ont un
caractère très social. Les skyblogs d’adolescents – Skyblog est la
plateforme de blogs créée par la radio Skyrock – sont des pratiques de
groupe qui sont des prolongations des logiques tribales propres à
l’adolescence ; les forums de discussion thématiques entretiennent une
hiérarchie et des relations inter! personnelles fortes ; les blogueurs
d’une ville aiment à se rencontrer autour d’un verre ; les
commentateurs d’un blog forment une microsociété, avec des rites et
des reconnaissances propres à un groupe constitué de manière lâche.

La relation est au cœur de la motivation. Sans elle, ces productions
ne sont rien.

Enfin, la publicité devient un principe dominant. Ce qui est
véritablement nouveau, finalement, c’est le principe de publicité des
échanges et des productions de soi. C’est un peu un mystère, que des
sociologues explorent, mais qui reste partiellement insoluble :
comment se fait-il que ces millions de gens laissent ainsi accessible
au tout-venant une part d’eux-mêmes ? La réponse tient souvent aux
bénéfices associés à cette publicité. Ils sont immenses. Se rendre
disponible en ligne, bloguer sur ses sujets, poster des photos dans la
toile, c’est permettre la rencontre, l’échange. Découvrir un blogueur
talentueux et avoir la possibilité de se mettre en relation directe
avec lui est un plaisir difficile à décrire, jubilatoire, tant l’accès
est aisé. C! e principe de publicité de soi est extrêmement varié,
dans ses modes d’expression, mais contient en germe un fait nouveau :
un volume immense de personnes se édiatise en ligne, rendant
accessible à tout le monde, de manière anonyme ou affichée, des bouts
de soi, des productions personnelles. C’est un fait majeur que cette
médiatisation de soi, qu’elle soit sur un blog, sur Youtube ou sur un
réseau social comme Myspace ou Facebook.

Nicolas Vanbremeersch

Extrait de De la Démocratie Numérique, Le Seuil, 2009 (Amazon, Fnac,
Place des libraires)! .

Lien permanent et réaction en ligne :
http://www.internetactu.net/2009/03/30/les-trois-web/

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LE PAPIER CONTRE L'ELECTRONIQUE
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. Le papier contre l’électronique (3/4) : Vers de nouvelles manières de lire
Dans Articles, Débats, Médias, par Hubert Guillaud, le 31/03/09, 6
commentaires, Page vue 1,422 fois.

Comme le résume bien le philosophe Larry Sanger - en réponse à
l’inquiétude de Nicolas Carr se plaignant d’être devenu incapable de
lire des documents longs à force de parcourir des formes courtes sur
le web -, si nous ne sommes plus capables de lire des livres, ce n’est
pas à cause d’un déterminisme technologique, mais uniquement à cause
d’un manque de! volonté personnelle. La question est alors de savoir :
le média a-t-il un impact sur notre capacité de concentration ?

Quel est l’impact du média sur notre capacité de concentration ?
Pour l’écrivain Jeremy Hatch, qui pour seul bagage avance avoir lu les
Confessions de Thomas De Quincey ou les mémoires de Tolstoy sur son
PDA :

    “Notre capacité à nous concentrer sur un long texte ne dépend pas
du média qui le délivre, mais de notre discipline personnelle et de
l’objectif que nous avons quand nous lisons. Si vous vous asseyez pour
lire Guerre et Paix avec le but de vous faire plaisir, que vous ayez
du papier ou du plastique entre vos mains, vous vous attendez à être
attentifs à votre lecture, pendant des heures entières, peut-être un
jour complet. Quand vous vous asseyez pour lire vos fils RSS, vous
focalisez votre attention sur de courtes rafales, cinq minutes là,
vingt ici, peut-être une heure sur un long article qui va
particulièrement vous intéresser.

    A en croire mon expérience, il suffit de le vouloir pour ignorer
les distractions qu’offre le web, et le web permet aussi de faire des
recherches profondes ou contemplatives à un degré qui s’étend bien
au-delà des amas de livres des bibliothèques publiques. Il y a des
inconvénients à chaque époque, mais je ne pense pas que les
inconvénients de la nôtre se concrétisent par la disparition de la
pensée profonde et de la méditation, ou du bonheur de se perdre dans
de très bonnes oeuvres littéraires. Les gens continueront d’avoir
besoin de toutes ces choses, à la fois pour le travail et le
développement personnel, ce besoin ne restera pas négligé très
longtemps.”

“L’expérience de Jeremy est plutôt proche de la mienne”, poursuit Kevin Kelly :

    “Je pense que l’espace de la littérature est orthogonal au
cyberspace et à l’espace de la lecture. Vous pouvez vous plonger dans
un livre en ligne aussi bien que dans un livre papier, et vous pouvez
passez d’une idée l’autre sur le papier aussi bien qu’avec un livre au
format électronique. Il est vrai que le média est lui-même un message
(comme l’expliquait Mac Luhan), mais nous habitons maintenant un
Intermedia, le média des médias, où chaque média coule dans un autre
ce qui rend difficile de tracer des frontières entre eux. Le livre est
à la fois dans le cyberspace et dans l’espace de la littérature. Qu’il
soit plus grand ou plus petit que nous le pensons, il est certain que
nous sommes en train de le redéfinir.&r! dquo;

D’un point de vue neuroscientifique, nous explique le professeur
Laurent Cohen de l’Unité de neuroimagerie cognitive de l’Inserm,
auteur de L’homme thermomètre et de Pourquoi les chimpanzés ne parlent
pas, “le support ne créé pas beaucoup de différences au niveau
visuel”. Techniquement parlant, c’est-à-dire du point de vue des
capacités de lecture, l’écran ou le papier ne changent rien au
processus de la lecture, si l’on prend le même texte proposé d’une
manière brute sur l’un ou l’autre support. Les caractéristiques
physiques du livre génèrent certaines habitudes de lecture, mais rien
que l’évolution des supports ne puisse demain faire évoluer, nous
confie le collègue du professeur Stanislas Dehaene, l’auteur des
Neurones de la lecture. Bien sûr, l’écran de nos ordinateurs a
tendance à générer des “distractions exogènes” qui demandent un effort
cognitif plus important pour rester focalisé sur un sujet ou un texte.
Mais ce n’est pas le support en tant que tel qui est en cause, mais
bien les distractions qu’il génère. Ce n’est pas lire à l’écran qui
nous perturbe : c’est lire connecté, lire en réseau.
C’est le réseau qui nous distrait !
L’écrivain de Science-Fiction Cory Doctorow, pourtant blogueur prolixe
sur l’un des blogs américains les plus lus, BoingBoing, l’a bien
compris, quand il donne ses conseils pour écrire à l’ère de la
connexion permanente : c’est la connectivité qui nous distrait ! Ce
sont les distractions que le réseau et les outils numériques
facilitent, parce qu’elles favorisent des micro-interactions
constantes, des mises à jour continues… L’ordinateur nous conduit à
être multitâches, comme on l’entend souvent, désignant par là même non
pas la capacité à faire tout en même temps, mais à accomplir de
multiples tâches qui cognitivement demandent peu d’attention comme
l’explique clairement Christine Rosen. Appuyer sur un bouton ! pour
relever ses mails, consulter son agrégateur d&rsq! uo;infor mation, sa
messagerie instantanée en même temps et avoir plusieurs pages web
ouvertes est devenu courant. Avec tous les outils qui nous entourent,
les sollicitations sont constantes, et il faut reconnaître qu’il est
facile de se perdre en surfant, alors qu’on avait commencé par vouloir
lire un texte un peu long et qu’une recherche pour éclaircir un point
nous a fait oublier notre objectif initial.

Faut-il imaginer des outils qui nous déconnectent selon ce qu’on lit
pour favoriser notre concentration ? Ou capables de mieux hiérarchiser
nos priorités (favorisant les distractions selon la qualité des
expéditeurs ou les empêchant selon le type d’outils qu’on est en train
d’utiliser par exemple…) ? Les études commencent à s’accumuler sur les
méfaits de cette distraction permanente (comme celle-ci relevée
récemment par l’Atelier, qui montre que la conne! xion continue sur
son logiciel de réception de mail n’est pas bonne pour la productivité
des salariés). Elles soulignent le besoin d’une véritable écologie
informationnelle. Mais il semble bien qu’il y ait là encore beaucoup à
faire pour que les outils soient aussi fluides que nos pratiques.

Pour autant, il est probable qu’on puisse de moins en moins lire en
n’étant pas connecté. La solution de couper notre lecture du réseau ne
semble pas devoir être à terme une solution pour retrouver le calme
qui sied à une lecture profonde. Au contraire ! Comme le prédit Bob
Stein, de l’Institut pour le futur du livre, à la conférence Tools of
Change for Publishing 2009 (vidéo - voir le compte rendu de Marin
Dacos du Centre pour l’édition électronique ouverte), pour nos petits
enfants, la lecture sera une expérience éminemment socialisée.
C’est-à-dire que la lecture à l’avenir ne sera plus une expérience
isolée, close, fermée sur elle-même - pour autant qu’elle ne l’ait
jamais été -, mais une expérience ouverte aux autres lecteurs et aux
textes en réseaux, qui prendra du sens en s’intégrant dans
l’écosystème des livres et des lecteurs. Pourrons-nous lire demain des
livres sans accéder à leurs commentaires, au système documentaire qui
va naître de cette mise en réseau des contenu! s permettant d’accéder
aux livres et blogs qui c! itent ce livre, aux passages les plus
importants signalés par l’analyse de toutes les citations faites d’un
livre ? L’interface de Google Books préfigure peut-être ces nouvelles
formes de lecture (voir par exemple, la page de références, de
citations, de meilleurs passages et de recommandation d’un livre
référencé dans Google Books comme We The Media de Dan Gillmor). La
lecture ne sera plus une expérience solitaire, car en accédant au
livre, à un article, on accédera aussi aux lectures d’autres lecteurs
et surtout à son importance culturelle, au système qui le référence…

Notre mode de lecture change parce que le numérique favorise de
“nouvelles manières” de lire
Les premières études sur les usages des livres électroniques montrent
bien qu’on ne les utilise pas de la même façon que les livres papier.
On pioche plus facilement des passages ou des chapitres plutôt que
d’avoir une lecture linéaire. Sans compter qu’on n’a pas les mêmes
usages selon les types de contenus qu’on consulte : on a plutôt
tendance à télécharger certaines formes littéraires et à accéder en
ligne à d’autres, comme l’expliquaient certains des spécialistes du
secteur à la conférence TOC 2009.

Sous forme électronique, la lecture linéaire n’est plus le seul mode
d’accès aux contenus. Au contraire, le passage à l’électronique
“augmente” le livre. On peut interroger les contenus, aller chercher
ce qu’ils renferment, établir des interactions documentaires en
croisant des contenus de natures différentes… L’électronique favorise
des accès partiels certes, mais il ne faut peut-être pas les entendre
comme une régression, mais bien comme le développement d’un autre mode
de lecture. Le changement de paradigme que suppose le livre
électronique ne signifie peut-être pas un accès partout, en tous lieu,
à tout moment, sur un mode plutôt linéaire (comme le propose le livre
papier), mais ouvre ! de nouveaux contrats de lectures, de nouveaux
modes d’accès aux contenus, dont la recherche documentaire et donc
l’accès partiel est certainement le mode appelé le plus à progresser.

Assurément, à l’heure de l’électronique, le rapport à l’information, à
ce que nous lisons est différent, parce que la posture de lecture est
différente. Avec le livre, je lis, je suis dans un moment à part,
j’absorbe l’information. Avec les écrans, ou avec un livre
électronique, bien souvent, je lis et écris, ou je lis et communique.
La posture de lecture n’est pas exactement la même. Nous accédons à de
nouvelles manières de lire, qui brouillent les questions de lecture,
nos façon de les mesurer et de les comptabiliser.

Hubert Guillaud

Pour ceux qui souhaiteraient plus loin sur les transformations du
livre par le numérique, je vous invite à consulter le blog que je
dédie au sujet depuis plusieurs années, LaFeuille, et notamment la
récente présentation “Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?“.

Lien permanent et réaction en ligne :
http://www.internetactu.net/2009/03/31/le-papier-contre-l%E2%80%99electronique-34-vers-de-nouvelles-manieres-de-lire/



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REVUE DE WEB
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. Avons-nous de “vrais amis” sur les sites sociaux ?
Dans Communautés, Usages, réseaux sociaux, web 2.0, par Hubert
Guillaud, le 02/04/09, 2 commentaires, Page vue 760 fois.

On le sait, les sites sociaux prennent de plus en plus d’importances
dans nos usages quotidien. La dernière étude de Nielsen (.pdf) sur le
sujet, souligne d’ailleurs que les sites sociaux sont devenus le 4e
usage des internautes (passant devant l’e-mail, mais demeurant
derrière la recherche ou l’accès aux portails d’information).

Parmi tous les chiffres disponibles sur Facebook, Cameron Marlow,
sociologue chez Facebook, en a récemment publié quelques-uns
d’intéressants qui précisent la teneur du graphe social qui nous relie
à nos relations sur Facebook. La question à laquelle a cherché à
répondre le chercheur est de savoir si Facebook permet d’augmenter la
taille de nos réseaux personnels. Selon une étude des ann! ées 90,
menées par plusieurs chercheurs, visant à estimer la taille des
réseaux personnels de chacun, celle-ci avait estimé que le nombre de
personnes que nous connaissons dans la vie variait entre 300 et 3000.
Sur Facebook, le nombre moyen d’amis tourne autour de 120, rappelle le
sociologue, pour un réseau qui n’a que 5 ans d’existence et qui,
malgré sa forte croissance, ne recense pas encore toute la population
du globe. Parmi nos relations, il y a toujours un petit groupe de
personnes avec lesquelles nous communiquons de manière continue et
régulière. Dans les années 90, le sociologue Peter Mardsen, avec des
méthodes d’enquêtes traditionnelles, avait estimé que le nombre de
personnes avec lesquelles un Américain peut discuter de questions
importantes tournait autour de 3. Selon les travaux menés par Gueorgi
Kossinets et Dunca! n Watts, qui ont analysé nos relations par e-mail,
le ! nombre d e contacts avec qui nous entretenons des relations
soutenues tournerait plutôt entre 10 et 20 personnes. Mais on voit
bien dans ces deux résultats qu’il y a là un biais selon le support
qu’on utilise pour essayer de mesurer nos amitiés. L’étude Cameron
Marlow n’évite pas cet écueil et ses résultats ne semblent pas
généralisables au-delà des effets de la plateforme.

Cameron Marlow et ses collègues ont identifié 4 types de relations différentes :

    * notre réseau : c’est-à-dire l’ensemble des personnes qui ont
accepté d’être notre “ami”, ou plutôt d’entrer dans le cercle de nos
relations affichées (voire la critique de danah boyd sur la notion
“d’ami”).
    * ceux avec qui on a des communications réciproques : c’est-à-dire
les “amis” auxquels on répond et qui nous répondent dans cet ensemble
de relation socio-technique.
    * ceux avec qui il n’y a qu’une voie de communication :
c’est-à-dire les “amis” où il n’y a qu’une des deux personnes qui
communique, et jamais l’autre.
    * ceux avec qui il y a des relations soutenues : c’est-à-dire ceux
avec lesquels les échanges bidirectionnels sont soutenus et dont on
regarde le profil “au moins 2 fois en 30 jours” !

Si l’on en croit les résultats obtenus par Cameron Marlow et son
équipe, nos relations soutenues sont plutôt rares sur ce type de
plateforme. Pour un utilisateur moyen qui compte 150 “amis”, nous
établissons des relations soutenues seulement avec 5 personnes (7 si
vous êtes une femme). Si votre réseau relationnel est plus petit (50
personnes), le nombre de personnes avec lesquelles vous aurez des
relations soutenues sera plus faible (3 personnes pour les hommes, 4
pour les femmes). Si au contraire votre réseau relationnel est plus
grand (500 personnes), le nombre de personnes avec lesquelles vous
aurez des relations soutenues sera plus fort (10 pour les hommes, 16
pour les femmes). Nos relations soutenues seraient donc
proportionnelles à la taille de notre réseau de relation : diminua! nt
très très légèrement à mesure que celui-ci augmente (on passe de 0,06
% de relations soutenues sur un réseau de 50 amis à 0,02 % sur un
réseau de 500 amis), à se demander, comme l’exprimait Bernard Lunh sur
le ReadWriteWeb, s’il n’y a pas un effet inverse à l’échelle du
réseau. Si mon réseau social est composé de trop de gens, je ne peux
pas porter assez d’attention à chacun et les relations ont tendance à
s’estomper.

Reste qu’en nombre relatif, l’étude vient contredire l’idée que les
“réseaux sociaux en ligne ne savent pas vraiment augmenter le nombre
de nos relations sociales” que nous évoquions il y a quelque temps.
Visiblement, si l’on investit la plateforme (en temps, en compétences…
en attention), le nombre de nos relations soutenues peut y augmenter
sensiblement. Il y a là certainement un effet technique : en passant
du temps et en acquérant des compétences et des savoir-faire sur
Facebook, on parvient à développer nos réseaux relationnels
réciproques, unidirectionnels et soutenus, comme si on arrivait à
inviter le coeur de nos relat! ions à s’y investir à mesure qu’on s’y
investit soi-même. Reste à savoir si les relations soutenues
correspondent à des relations fortes ou avec des proches, ou au
contraire à des relations avec des gens qui maîtrisent les techniques
qui sous-tendent ces systèmes sociotechniques.

L’étude de Marlow montre également qu’à mesure qu’on s’y investit,
Facebook permet d’augmenter “l’empan relationnel des individus”, nous
explique le sociologue Dominique Cardon. Il n’agit pas vraiment sur
les liens les plus forts (famille, amant(e)s et confidents), mais sur
tous les autres : “ceux avec qui on travaille, on fait du sport, ceux
qu’on connaît bien, qu’on connaît peu, qu’on aimerait connaitre mieux,
ceux qui s’intéressent à nous, ceux qu’on intéresse, ceux qui nous
font rires, ceux qui connaissent des trucs. Facebook montre qu’il y a
une très grande élasticité de ce nombre d’amis là. Comme on le voit
dans l’enquête, le sexe joue un rôle impor! tant, mais également
l’âge, le niveau social et culturel… Ce qui serait intéressant, c’est
de décomposer les chiffres auxquels accède Marlow par variable
sociologique pour montrer que notre nombre d’amis ne repose pas sur
une limite naturelle, mais sur des inégalités sociales et
culturelles.”

“S’il y a un effet performatif des réseaux sociaux, c’est peut-être
que derrière cette prescription à exhiber et compter ses friends, on
produit et on accentue des inégalités”, conclut Dominique Cardon.

Via The Economist, danah boyd et Thibaut Thomas.

Lien permanent et réaction en ligne :
http://www.internetactu.net/2009/04/02/avons-nous-de-vrais-amis-sur-les-sites-sociaux/


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NOTE DE TRAVAIL
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. Le nouveau paysage des données personnelles: quelles conséquences
sur les droits des individus ?
Dans Comptes rendus, Droits numériques, Gouvernance, Gouvernance de
l'internet, Identité numérique, identités actives, par Daniel Kaplan,
le 03/04/09, Aucun commentaire,| Page vue 42 fois.

À propos de ce document : pourquoi, pour quoi faire, comment contribuer ?
Le travail "Informatique & Libertés 2.0 ?" (notez le point
d’interrogation) est né au sein du programme "Identités actives" de la
Fing. Ce programme s’intéresse aux manières dont les individus, se
servent de leur(s) identité(s) numérique(s) pour devenir stratèges de
leur propre existence.

De manière transverse aux différents thèmes abordés par le programme,
nous avons pressenti que l’émergence de ces pratiques, au travers par
exemple des sites sociaux, des blogs ou encore des pseudonymes et
avatars qui fleurissent sur les réseaux, questionnait aussi l’édifice
juridique actuel autour de la protection de la vie privée.

Un groupe de travail s’est réuni pour approfondir cette intuition. La
note de travail qui vous est soumise rend compte de ses travaux.

Nous en sommes à la fois satisfaits et insatisfaits.

Nous pensons qu’elle souligne quelques transformations importantes qui
doivent être prises en compte à un niveau politique autant
qu’économique ou technique. Nous avons le sentiment de proposer
quelques pistes nouvelles.

Mais il reste du travail pour en faire une plate-forme partagée à
partir de laquelle des recommandations peuvent émerger, des projets
peuvent naître. Pour certains lecteurs, le document devrait
s’intéresser plus précisément aux risques autant qu’aux opportunités.
Pour d’autres, il ne fait pas assez le tri entre de vraies nouveautés
et des tendances bien connues et traitées depuis longtemps par les
acteurs du monde "informatique & libertés". Enfin, les pistes de
réponse demeurent sommaires et certainement incomplètes.

Nous avons donc choisi de mettre le document de travail en ligne, en
l’état, pour le soumettre à discussion.

Vous pouvez le lire sur le web ou le télécharger. Vous pouvez publier
vos commentaires ou nous les envoyer par retour d’e-mail à
charles.nepote at fing.org, rfrancou at fing.org et dkaplan at fing.org.

Ces commentaires peuvent proposer des corrections, des rectifications,
des idées nouvelles, ou faire état de projets ou de réalisations qui
vous paraitraient pertinents.

A partir de vos contributions, nous produirons une ou plusieurs
autre(s) version(s) de ce document, dans l’objectif d’une publication
au plus tard mi-2009. Avant d’y parvenir, nous vous proposerons
plusieurs manières d’interagir, en ligne et hors ligne. Même après
publication, le contenu du document restera librement accessible et
utilisable, et soumis à discussion. Les contributeurs seront enfin
tous cités dans la publication, à supposer bien sûr qu’ils
l’acceptent.

Nous vous remercions par avance de votre contribution à ce travail collectif.

Daniel Kaplan, Charles Nepote, Renaud Francou

Sommaire
À propos de ce document : pourquoi, pour quoi faire, comment contribuer ?
Introduction : “Informatique et libertés 2.0″ ?
Première partie : Le nouveau paysage des données personnelles
Partout, tout le temps, de toutes parts : le nouveau régime des
“données à caractère personnel”
De nouveaux moteurs comportementaux et économiques
Le nouveau contexte de l’action publique
Seconde partie : De la protection à la maîtrise : nouveaux droits,
nouveaux outils
De nouvelles marges de manœuvre pour les individus
De nouvelles réponses collectives
Retracer des “lignes rouges”
Conclusion provisoire

Introduction : “Informatique et libertés 2.0″ ?

Les 30 ans de la loi Informatique & Libertés offrent l’occasion de
réfléchir à l’avenir de la vie privée dans nos sociétés numérisées, en
tenant compte des évolutions intervenues depuis dans les pratiques
sociales, l’économie, les politiques publiques, la technologie et son
emploi.

Certains des défis auxquels la loi de 1978 fait face sont déjà
amplement documentés : le passage d’une informatique lourde et
centralisée à une informatique en réseau et décentralisée ; une loi
conçue pour faire face à des menaces venant des acteurs publics dans
un monde où la grande majorité des fichiers sont privés ; une loi
nationale face à des acteurs mondiaux et des réseaux sans vraie
frontière, etc.

Mais d’autres nous paraissent de nature à déplacer le terrain même sur
lequel s’est constitué l’édifice juridique actuel en matière
d’informatique et de libertés – qui ne se limite d’ailleurs pas à la
loi du même nom. Le droit d’expression, le droit de propriété, le
droit à l’image, sont également concernés.

Du village fortifié à la tête de pont
Il ne s’agit pas non plus d’envisager le (ou les) droit(s) sous un
angle uniquement protecteur. Les individus ne se préoccupent pas
seulement (quand ils s’en préoccupent) de défendre leur vie privée, il
est tout aussi important pour eux de constituer, d’affirmer,
d’exploiter leur identité publique dans un monde en réseau.

Autrement dit, nous devons passer d’une approche de la vie privée et
de l’identité publique perçues comme une sorte de village fortifié –
entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de
déborder de ses propres frontières – à la tête de pont, que l’on
défend certes, mais qui sert d’abord à se projeter vers l’avant.

Des pistes à discuter
Dans le cadre du programme “Identités actives” de la Fing, un groupe
de travail pluridisciplinaire et resserré s’est fixé pour but
d’explorer, parmi les nouveaux défis auxquels la démarche
“informatique et libertés” fait face aujourd’hui et pour l’avenir,
ceux qui peuvent être considérés comme de “nouveaux paradigmes”. Par
“nouveaux paradigmes”, nous entendons des transformations profondes du
contexte même dans lequel les questions se posent et les réponses se
proposent.

Cette note propose une première synthèse, intermédiaire, des
réflexions et des propositions de ce groupe.

Elle doit être considérée comme une plate-forme de discussion, plutôt
que comme une production finie. Les pistes qu’elle esquisse doivent
être affinées, critiquées, retravaillées. Nous assumons ces limites.
Notre espoir est que cette note contribue à ouvrir le débat, à
l’orienter sur des voies nouvelles qui nous paraissent encore peu
explorées.

Première partie : Le nouveau paysage des données personnelles

Nous avons l’habitude d’aborder le lien entre informatique et vie
privée sous l’angle de la protection des individus face à des
entreprises ou un État avides de données, dans un contexte où les
“fichiers” sont des bases de données structurées, issues de
formulaires.

Tout cela change profondément.

D’une part, toute information, toute image, toute contribution en
ligne, peut acquérir un jour un caractère personnel et circuler, se
répliquer au point de devenir difficilement effaçable. D’autre part,
les individus se préoccupent au moins autant de s’exposer, de
valoriser leur image, d’étendre leur réseau de relations, que de se
protéger. Enfin, tant en ce qui concerne les entreprises que l’Etat,
les informations personnelles constituent la matière première
essentielle d’une “économie de la connaissance” qui s’appuie sur la
personnalisation, la réactivité, l’agrégation de services autour de
l’individu, la mobilité et la continuité.

Partout, tout le temps, de toutes parts : le nouveau régime des
“données à caractère personnel”
Le changement d’échelle, en termes de nombre de fichiers, d’acteurs
ainsi que de sources de collecte, capture et traitement d’informations
à caractère personnel, constitue la première évolution majeure du
contexte.

Ce sujet paraît a priori bien connu, mais en réalité, plusieurs
phénomènes récents demeurent assez mal pris en compte.

Des données structurées aux grains d’information
Au-delà des données classiquement répertoriées dans les champs de
bases de données, et dont la signification est en général assez
explicité, on assiste à la multiplication de données à caractère
personnel d’une nature beaucoup plus informelle : productions et
expressions diverses d’un individu, messages, contacts, relations et
liens, jugements de ou à propos de la personne, commentaires, images,
rumeurs, traces de passage ou d’usage… autant de “grains”
d’information, jusqu’ici difficilement exploitables à grande échelle,
mais dont la forme numérique permet désormais de faire plus aisément
usage.

Ces informations peuvent avoir été fournies par l’individu concerné,
ou par des tiers. Elles sont souvent informes, incluses de fait et
sans indication particulière dans un texte ou une image. Mais elles
deviennent de plus en plus aisément exploitables grâce aux moteurs de
recherche, aux systèmes de datamining ou d’analyse sémantique, aux
logiciels de reconnaissance des formes, aux graphes de réseaux
sociaux, etc.

Une multitude de sources nouvelles
Les sources de données à caractère personnel susceptibles d’être
exploitées se multiplient, tant en nombre (ce qui ne constituerait pas
nécessairement une évolution majeure) que dans leurs natures.

Au-delà des sources classiques, entreprises et administrations, on
constate que :

    * Les individus eux-mêmes transmettent, publient, externalisent…
des volumes croissants d’information qui peuvent avoir un caractère
personnel, voire intime.
    * Des tiers peuvent également produire des informations concernant
un individu : en parlant de lui sur un blog, en étiquetant une photo
de lui, en commentant une de ses productions, en se liant à lui, en
évaluant sa qualité de rédacteur sur un site collaboratif ou de
vendeur sur un site d’enchères…
    * Les machines captent, produisent, stockent et analysent des
myriades de traces, certaines d’une manière assez explicité quand il
s’agit de mémoriser une interaction avec l’individu, d’autres moins,
voire à l’insu de l’individu (cas de la vidéosurveillance avec
reconnaissance de visage ou de plaque minéralogique).

La démocratisation des moyens de “surveillance” est un fait acquis et
intégré. Ainsi, de très nombreuses personnes “googlent” les individus
qu’elles connaissent ou rencontrent, ou avec lesquels elles ont
rendez-vous, ou qu’elles envisagent de recruter.

Des données personnelles “par destination”
Les deux points qui précèdent ont une conséquence commune : beaucoup
d’informations ne sont pas a priori des “informations personnelles”,
construites et collectées comme telles, mais elles peuvent acquérir un
caractère personnel a posteriori : par analyse, recoupement,
traitement sémantique, commentaire d’un tiers, etc. Et les dispositifs
susceptibles d’effectuer cette transformation, intentionnellement ou
non, se multiplient.

L’effacement, cible mouvante
Enfin, il devient extrêmement difficile d’effacer de manière sûre une
donnée une fois que celle-ci a commencé sa vie dans les systèmes et
les réseaux :

    * Parce que beaucoup de données susceptibles d’avoir un caractère
personnel ne sont pas nécessairement considérées comme telles a
priori, mais seulement au hasard (plus ou moins provoqué) de divers
recoupements ;
    * Parce que les informations se répliquent très rapidement dans
une multitude de copies, caches, sauvegardes, republications, etc., le
plus souvent sans le moindre contrôle de la part du premier site
d’enregistrement ;
    * Parce que les entités juridiques qui enregistrent les
informations originelles sous-traitent souvent le stockage physique à
d’autres, etc.

En conséquence, il devient de plus en plus difficile :

    * De savoir a priori si une information est ou pourrait avoir un
“caractère personnel” ;
    * De savoir quand, comment, auprès de qui faire jouer un éventuel
droit d’accès ;
    * De s’assurer qu’une information est bien corrigée, ou oubliée,
même si l’on en a obtenu le rectification ou l’effacement dans
certaines bases.

De nouveaux moteurs comportementaux et économiques
L’édifice “informatique et libertés” considère que les individus sont
en situation défensive face à des organisations qui cherchent à
collecter des informations dans un but, soit de contrôle, soit de
vente, soit de recrutement. Or les pratiques des uns comme des autres,
et les motivations associées, ressemblent de moins en moins à cette
description.

La puissance de la commodité
Le premier constat, suffisamment documenté pour avoir reçu le nom de
privacy paradox (”paradoxe de la vie privée”) est que les individus
expriment régulièrement leur inquiétude d’être “fichés”, tout en
donnant d’une manière très libérale des informations de tous ordres
quand on les leur demande.

Ce paradoxe ne s’explique pas par un manque d’information de la part
des consommateurs. Les études menées par Caroline Miltgen (1), par
exemple, montrent que les individus arbitrent en fonction d’une
véritable analyse de risque – mais que les bénéfices attendus de la
fourniture d’information, en termes de commodité notamment (obtenir
plus aisément un service, bénéficier d’avantages, être reconnu la
prochaine fois…) l’emportent généralement sur les craintes.

L’exposition volontaire
Le second constat est moins habituel : les individus, en ligne,
exposent délibérément un très grand nombre d’informations sur
eux-mêmes, afin de se forger une identité sociale, de se montrer aux
autres, d’enrichir leur réseau de relation, etc. :

    * Publication (blogs, photos, vidéos…) : s’exprimer, s’exposer,
gérer son image…
    * Socialisation (réseaux sociaux) : se présenter pour élargir et
entretenir son réseau, se présenter au travers de son réseau (”dis-moi
qui tu connais, je te dirai qui tu es”)
    * Réputation : visibilité, échanges de liens, notation, réputation
de vendeur ou d’acheteur… exposer et influencer le jugement que les
autres portent sur soi

Ainsi, bien loin de songer à se protéger, un très grand nombre
d’individus sont au contraire engagés dans de véritables stratégies de
visibilité. Leur objectif devient de maîtriser leur image, et non de
la dissimuler.

Les données “sensibles” en tension
Pour entrer en relation avec d’autres, les données considérées comme
“sensibles” par la loi, parce qu’elles peuvent donner lieu à des
discriminations, sont souvent, précisément, les plus pertinentes :
l’orientation sexuelle, les opinions politiques et religieuses,
l’origine ou le sentiment d’appartenance ethnique ou communautaire…

Le formulaire de “profil” de Facebook demande ainsi, dès la première
page, quelles sont nos orientations politiques et religieuses. Il
s’enquiert du statut amoureux et, si l’utilisateur cherche un
partenaire, du sexe de l’âme sœur recherchée. Tout ceci apparaît
ensuite dans le profil public. De telles questions, surtout les
premières, sont probablement contraires à la loi française, mais si
Facebook ne les posait pas, sa valeur en tant que site de réseautage
en serait nettement réduite. On notera toutefois que les sites de
réseautage à vocation purement professionnelle, tels l’Américain
Linkedin ou le Français Viadeo, ne posent pas de telles questions.

Les données personnelles, matière première de l’économie numérique
Les services de l’économie numérique sont personnalisés,
contextualisés, fédératifs, relationnels. Les données personnelles en
constituent une matière première essentielle. Comme le relève un
récent rapport du think tank britannique Demos (2), on ne peut guère
dissocier les avantages de l’économie numérique de l’usage croissant
des données à caractère personnel.

    * Les consommateurs s’attendent à ce que les entreprises les
reconnaissent et adaptent leurs propositions à leur situation et leurs
besoins (voire au contexte du moment : le moment, le lieu, le canal,
etc.), ainsi qu’à l’historique de leur relation ;
    * Les services se structurent souvent par agrégation de “briques”
produites par plusieurs acteurs. La pertinence de cette agrégation
dépend avant tout de la compréhension de qui est l’utilisateur et dans
quel contexte il se situe ;
    * De nombreux services fondent leur proposition de valeur sur la
qualité du matching, de la mise en relation qu’ils proposent entre
offre et demande, personnes, informations, goûts – ce qui suppose une
connaissance fine de chaque individu ;
    * Enfin, les entreprises personnalisent leurs offres – et plus
encore, leurs prix – à partir de modèles d’optimisation de plus en
plus élaborés. C’est ainsi qu’elles parviennent à fidéliser leurs
clients tout en en attirant de nouveaux, à minimiser leurs stocks et
maximiser leurs taux d’occupation, à réagir plus vite aux évolutions
du marché.

L’attention, nouveau bien rare
La fameuse phrase sur le “temps de cerveau disponible” résume bien la
situation de l’économie contemporaine de l’information :
l’information, les contenus, les messages surabondent, et le bien rare
devient l’attention du consommateur.

Capter et exploiter les “marques d’attention” du consommateur (ses
traces, notamment) est l’une des seules manières durables de générer
des revenus pour les médias, les supports numériques, mais aussi les
contenus et services en ligne. Ceci explique l’importance prise par
les acteurs qui parviennent à occuper une place centrale, au carrefour
des échanges entre les utilisateurs et les services (moteurs de
recherche par exemple) ou entre les utilisateurs eux-mêmes (réseaux
sociaux, webmails…).

En se focalisant sur la seule protection des informations à caractère
personnel, on ne rend pas compte du caractère central de la
dissémination, la captation, l’exploitation et l’échange de ces
informations dans notre société et notre économie numériques.

En revanche, comme le relève Demos, “le champ de bataille de
l’information personnelle est désormais le lieu où les distinctions
rationnelles entre différentes catégories de personnes, fondées sur
leurs données, produit des différences dans ce qu’ils vivent et ce à
quoi ils ont accès.” Autrement dit, le problème réside plutôt dans
l’influence que les individus peuvent, ou non, avoir sur les décisions
qui sont prises à partir de l’information qu’on possède sur eux : ce à
quoi ils ont droit ou non, ce qu’on leur propose ou non, quels tarifs
leur sont appliqués, etc.

Le nouveau contexte de l’action publique
Du côté des acteurs publics, le contexte a également changé depuis
1978. L’équilibre complexe entre l’État protecteur des individus,
l’État défenseur de l’ordre public et l’État fournisseur de services,
s’est nettement déplacé en faveur des deux dernières missions.

L’État défenseur de l’ordre public : une tendance sécuritaire
accentuée, et dans une large mesure consentie
Issue des attentats du 11 septembre 2001, ou bien facilitée par
l’émotion qu’ils ont provoquée, une vague sécuritaire a recouvert la
plupart des pays développés. Ce sujet a été amplement évoqué par
ailleurs.

Cette tendance suscite des réactions, mais elle est globalement
tolérée par la société civile, dont la tolérance face aux risques de
tous ordres est également devenue plus faible. Des initiatives qui
n’auraient vraisemblablement pas été admises auparavant voient
aujourd’hui le jour :

    * Pour protéger les personnes vulnérables, par exemple en équipant
de bracelets électroniques des malades d’Alzheimer ;
    * Pour protéger la société contre des personnes dangereuses
(délinquants sexuels libérés) ou considérées comme potentiellement
dangereuses (le fichier ADN sans cesse étendu à de nouvelles
personnes, le projet de dépistage précoce des prédispositions
asociales chez les enfants) ;
    * Pour surveiller par défaut les lieux publics (explosion de la
vidéosurveillance)…

Ces tendances sont renforcées par l’amélioration et la maturation des
technologies sécuritaires : biométrie, identification sans contact
(Rfid notamment), reconnaissance de formes (associée par exemple à la
vidéosurveillance), datamining… La tentation d’en exploiter toutes les
possibilités est difficilement résistible.

L’État fournisseur de services : une recherche d’amélioration et de
personnalisation des services publics
Dans le but de mieux servir les usagers et/ou de gagner en
productivité, les administrations font de plus en plus usage des
méthodes issues du privé. Le pré-remplissage des feuilles d’impôt, ou
le changement d’adresse en “un clic”, relèvent de cette démarche et
simplifient clairement la vie des usagers. Ils nécessitent cependant
une exploitation, un partage et un stockage d’informations
personnelles qui vont plus loin qu’auparavant.

Pour gagner en productivité, en souplesse et en réactivité, ou tout
simplement pour réduire ses budgets, les acteurs publics sont par
ailleurs amenés à collaborer étroitement avec des entreprises, parfois
en sous-traitance, parfois en partenariat :

    * Comme les autres entreprises, les services de l’État
sous-traitent un nombre croissant d’activités informatiques, mais
aussi de relation avec les usagers (centres d’appels, etc.) auprès
d’entreprises spécialisées. Dans d’autres cas, des entreprises privées
gèrent intégralement un service public (transports, prisons…). Ceci
peut peut-être se justifier, mais il est néanmoins clair que des
quantités massives de données relatives aux usagers circulent hors des
murs de l’administration ;
    * Des personnels assermentés, tels que les postiers, sont
également chargés de collecter des informations afin de renseigner des
bases de données de géomarketing, qui seront ensuite exploitées et
commercialisées auprès d’entreprises ;
    * Des dispositifs d’identification issus du secteur public sont de
plus en plus exploités à d’autres fins. C’est le cas du passe Navigo,
créé pour les transports en Ile de France, utilisé aujourd’hui pour
Velib’ et demain pour d’autres services urbains. L’État envisage
également de profiter de la sécurité qu’offre la future Carte
d’identité électronique pour en faire le support d’authentification de
transactions privées.

En tant que fournisseur de services, l’État partage désormais, dans
une large mesure, les préoccupations, les pratiques, les outils et les
indicateurs du secteur privé. Comme pour les entreprises, les données
à caractère personnel sont pour lui la matière première à partir de
laquelle il étend et personnalise ses services, il réduit ses coûts,
il mesure sa performance.

L’État garant des libertés individuelles : une baisse du niveau de
contrôle sur les propres actions de l’État
La révision de la loi de 1978 intervenue en 2004 a significativement
réduit le niveau de contrôle de la Cnil sur les activités de
l’administration, comme l’illustre l’épisode récent du passeport
biométrique. Ce point a également fait l’objet d’une abondante
littérature.

L’avocat Alain Bensoussan parle aujourd’hui d’un “sur-encadrement de
l’activité des entreprises” et d’un “sous-encadrement de l’activité de
l’État”. Il s’agit là d’un retournement par rapport à la situation de
1978, a loi “Informatique et libertés” ayant été votée en réaction à
un vaste projet d’interconnexion des fichiers de l’État et de la
Sécurité sociale, nommé SAFARI. Il est vrai que depuis, la plupart des
regroupements du projet SAFARI ont été effectués, les uns après les
autres, dans des situations certes mieux définies.

Ce “sous-encadrement de l’activité de l’État” ne fait pas de notre
démocratie un pays totalitaire. La plupart des évolutions décrites ici
sont pour l’instant bien acceptées, ou du moins ne suscitent-elles
guère d’opposition au-delà d’un petit cercle de spécialistes et de
militants. Dans de nombreux cas, elles contribuent réellement à
améliorer la qualité du service rendu aux usagers.

Le niveau global de vigilance vis-à-vis des actions de l’État connaît
une baisse sensible : bien des projets contre lesquels la loi de 1978
avait été conçue ont été réalisés, et au-delà. La loi est la même, ou
presque, mais les limites de l’acceptable ont clairement reculé.

L’absence de réaction des citoyens ne traduit pas non plus une grande
confiance. Sondage après sondage, les Français se disent gênés par le
fait que de nombreuses informations les concernant soient stockées
dans des fichiers et s’estiment insuffisamment informés sur leurs
droits. L’État suscite aujourd’hui moins de méfiance que les
entreprises, mais plus ses pratiques se rapprocheront de celles des
entreprises, et plus les fonctions d’ordre public et de service se
mêleront (à des fins, par exemple, de contrôle fiscal), plus son image
se banalisera. Alors que la désaffection des citoyens vis-à-vis de la
vie démocratique préoccupe tous les élus, il est temps d’y réfléchir.

Seconde partie : De la protection à la maîtrise : nouveaux droits,
nouveaux outils

Le contexte d’application des principes relatifs à la protection des
libertés et de la vie privée dans la société numérisée a donc
profondément changé. Des problèmes nouveaux sont apparus ; d’autres
ont changé d’échelle à un point tel qu’on ne peut plus du tout les
aborder comme auparavant.

Cela ne signifie pas que l’édifice conçu en 1978 et réformé en 2004
(3) soit devenu obsolète. Certains droits, certaines protections
doivent être réaffirmés et appliqués. Des “lignes rouges” doivent être
redessinées.

Mais il faut aussi repenser les manières d’atteindre ces objectifs. Il
faut passer d’une protection passive qui serait garantie à l’individu
de l’extérieur, à une forme de maîtrise qui tient compte des
arbitrages, des choix, des désirs et des capacités de chacun. Il faut
passer des protections fixes aux défenses mobiles, du village fortifié
à la tête de pont. Sinon, les objectifs que vise l’édifice
“Informatique et libertés” deviendront impossibles à atteindre et
certains des droits, purement formels.

Nous proposons ici une première réflexion sur ces nouveaux droits et
ces nouveaux outils – les deux étant indissolublement liés. Nous
focaliserons notre attention, d’abord sur les individus, ensuite sur
les acteurs et les réponses collectives.

Ces propositions doivent être reçues comme un appel au débat, et non
comme un produit fini, ni une plate-forme programmatique.

De nouvelles marges de manœuvre pour les individus
Les protections érigées par les lois actuelles s’assimilent pour la
plupart à des défenses “fixes” : elles définissent ce que les
entreprises ou les administrations n’ont pas le droit de faire. Dans
un monde en réseau, leur efficacité ne peut que décroître. Une
première évolution pourrait donc consister à concevoir des défenses
“mobiles”, destinées à redonner aux individus des marges de manœuvre
alors même que des informations personnelles de toutes natures sont
collectées, exploitées et échangées.

Des défenses fixes aux défenses mobiles
Le droit d’accès et de rectification entre dans cette catégorie, mais
il est peu utilisé et peu efficace lorsqu’on ignore ce qui est
collecté par qui, lorsque les données sont répliquées en de multiples
endroit ou encore, lorsque des informations acquièrent a posteriori un
caractère personnel.

D’autres droits pourraient alors être explorés :

    * Un droit à l’anonymat, qui pourrait par exemple exiger un niveau
de service minimal sans identification. Ce droit concernerait au
premier chef les individus, mais il aurait aussi des conséquences pour
les organisations, telles que l’obligation (déjà présente dans
certains cas) d’anonymiser des données après quelque temps, ou bien
avant de les croiser en vue de traitement statistiques.

      Du côté des individus, il existe aussi des moyens de rendre
anonyme la navigation sur l’internet. Si certains projets privés ou
militants sont connus depuis longtemps (4), des entités publiques s’y
engagent également : l’autorité indépendante de protection des données
du Land allemand du Schleswig-Holstein soutient ainsi le projet JAP
[http://anon.inf.tu-dresden.de/], qui fait transiter les connexions de
ses utilisateurs par plusieurs serveurs intermédiaires qui les
“mixent” de telle manière que personne, pas même ces intermédiaires,
ne puisse retracer qui s’est connecté à quoi.
    * Un droit au “mensonge légitime”, dès lors qu’on estime excessif
que ce qui est demandé pour accéder à un service, mais que l’on
souhaite quand même y accéder ;
    * Un droit à l’”hétéronymat”, autrement dit à la construction de
pseudonymes “riches”, à de véritables personnalités alternatives
séparées de manière étanche de la personnalité civile qui les exploite
– sur le modèle, non pas des “pseudos” utilisés sur les forums en
ligne, mais des identités alternatives que choisissent certains
écrivains pour explorer d’autres genres ou d’autres styles (5) ;
    * Un droit à récupérer ses données, c’est à dire à obtenir sous
une forme exploitable tout ce qu’un acteur détient sur la personne.
      Une première étape pourrait consister à exiger que l’exercice du
droit d’accès et de rectification puisse se faire sus forme
électronique, dans des délais resserrés, voire en temps réel. Mais ce
droit a une vocation plus large. Il s’agit de permettre à l’individu
d’exploiter lui-même, à ses propres fins, les données qu’il a confiées
à d’autres. La “portabilité” des profils ou des listes de contacts
entre les sites de réseaux sociaux sur l’internet, soit pour migrer de
l’un à l’autre, soit pour les rendre plus ou moins interopérables, en
serait par exemple une application.
    * Enfin, un droit opposable de recours face aux décisions prises
par une entreprise ou une administration à partir du profil d’un
individu : dans quel segment il se trouve classé, quels tarifs lui
sont appliqués, quels droits lui sont reconnus ou déniés, quelles
offres lui sont proposées ou masquées…

Ces différents droits convergent peut-être vers une sorte de droit
patrimonial, de propriété et de valorisation de ses données
personnelles et de son image. Il appartient cependant à des juristes
d’en tirer ou non de telles conséquences.

Des outils, eux-mêmes protégés, pour négocier ses données
Ces “défenses mobiles” ne peuvent attendre le passage devant un
tribunal ou une autorité quelconque pour s’appliquer. La première
étape consiste à les traduire dans des outils mis entre les mains des
utilisateurs.

Les “technologies de protection de la vie privée” (PETs, pour
privacy-enhancing technologies) regroupent un très grand nombre
d’outils, mais ceux-ci demeurent complexes, peu standardisés et au
final, très peu utilisés. Pour qu’ils le deviennent, il leur faut
répondre aux attentes de commodité qu’expriment les utilisateurs, se
standardiser et se répandre très largement.

Quelques exemples permettent d’illustrer les possibilités de ces outils :

    * Des systèmes d’”i-carte” visent à permettre à l’utilisateur de
stocker chez lui (ou chez des tiers de confiance) toutes ses données,
et à organiser un dialogue explicite, homogène et intelligible, entre
l’individu et l’organisation qui lui demande des informations.
CardSpace de Microsoft, ou le projet Higgins piloté par IBM, sont deux
représentants de ce type de système ;
    * Des dispositifs permettent de “griller” les puces Rfid insérées
dans des produits ou des emballages. Ils peuvent être possédés par des
individus (ce qui est rarement le cas) ou mis en œuvre par des
entreprises : GS1, l’association qui gère les standards de
communication entre industrie et commerce, a ainsi recommandé aux
distributeurs français de désactiver les puces Rfid lors du passage en
caisse ;
    * Il est possible de créer des cartes électroniques sécurisées et
anonymes qui permettent de prouver une caractéristique (par exemple la
nationalité, ou le droit de conduire) sans avoir besoin d’indiquer
l’identité de leur porteur ;
    * L’”obfuscation” (ou “assombrissement”) consiste à occulter
délibérément le sens d’une information et, par extension, à noyer
l’information pertinente dans un “bruit” sans signification. Ainsi,
TrackMeNot ou Squiggle SR, des extensions du navigateur Firefox,
multiplient les requêtes aléatoires aux moteurs de recherche afin que
les vraies requêtes de l’utilisateur ne renseignent en rien sur ses
centres d’intérêt.

Un effort public de R&D, d’expérimentation et de déploiement pourrait
soutenir le développement, la standardisation (internationale) et la
diffusion de ces outils.

Enfin, il pourrait être envisagé de protéger ces outils en interdisant
aux entreprises de les court-circuiter ou de les désactiver, un peu
sur le modèle de la protection des “mesures techniques de protection”
des œuvres, prévue par les directives européennes sur les droits
d’auteur dans la société de l’information…

De nouvelles réponses collectives
Les outils de protection de la vie privée sont une condition
nécessaire, mais non suffisante, pour retrouver une maîtrise sur la
circulation et l’exploitation des données des individus. Ils
présentent l’inconvénient de faire reposer cette maîtrise sur
l’individu, dont la relation avec les entreprises et les institutions
est pour le moins inégale.

D’autres dispositifs doivent donc “collectiviser” le contrôle.
Certains sont d’ordre politique et juridique, tandis que d’autres
visent plus à organiser une pression citoyenne et économique sur les
acteurs, afin de favoriser des comportements vertueux.

Surveiller les surveillants
La première piste consisterait à exiger de ceux qui obtiennent des
informations des individus, de donner en retour des informations sur
eux-mêmes et sur leurs pratiques – et le cas échéant, de favoriser
l’échange d’informations entre les individus au sujet de ces
organisations. Une sorte de donnant-donnant, régulé par les autorités
publiques et/ou par l’intelligence collective des
citoyens-consommateurs.

    * Il s’agirait d’abord d’organiser la transparence des classements
et des décisions individuelles fondés sur l’usage des données
personnelles : comment et pourquoi on classe tel individu dans quel
segment, on lui applique tel tarif ou telle décision, on lui propose
telle offre plutôt qu’une autre, il accède ou non à tel droit…

      Cette piste présente l’inconvénient majeur, du point de vue des
entreprises, que le fonctionnement même d’un système de discrimination
tarifaire ou de personnalisation poussée repose souvent sur son
opacité : si les clients savaient comment marche le système, ils
pourraient tricher avec lui, ce qui irait à l’encontre de
l’optimisation recherchée. Une solution pourrait consister à réserver
la connaissance du mécanisme lui-même à une autorité tenue à des
règles strictes de confidentialité.
    * L’autre transparence obligatoire pourrait consister à dévoiler à
quelles autres entités les données concernant un individu ont été
transmises, louées, vendues…
    * Les acteurs pourraient, comme c’est déjà le cas de facto aux
Etats-Unis, avoir l’obligation d’informer le public si la
confidentialité de leurs données a été compromise par une erreur ou un
acte de piratage ;
    * Les pouvoirs publics et/ou les associations de consommateurs
pourraient créer des sites web d’échange et de remonter d’information
sur les problèmes rencontrés par les individus et sur les pratiques
douteuses des entreprises : “NoteTonMarchand”, “NoteTonGuichet”…
    * Enfin, le dispositif attendu des “class actions” devrait être
étendu à l’usage abusif de données à caractère personnel.

Focaliser l’action sur les grands intermédiaires
Certains grands acteurs de l’internet jouent, de par leur position, un
rôle central dans la collecte et l’exploitation des données
personnelles. Ils forment une sorte d’infrastructure critique de
l’économie numérique et de ce fait, ils ont sans doute vocation à être
régulés comme tels.

    * Les grands moteurs de recherche peuvent et doivent se faire
imposer des règles strictes en matière de traçage, d’effacement,
d’exploitation des donnés que leurs utilisateurs leur fournissent ou
déposent chez eux. Des négociations en ce sens sont déjà en cours.
Même si le contexte européen est heureusement différent, l’exemple de
ce que le gouvernement chinois a obtenu de Google et de Yahoo!
démontre que ces acteurs ne sont pas inaccessibles aux volontés
publiques.

      On peut aussi imaginer, en suivant le chercheur Emmanuel Kessous
(6), que les moteurs mettent à disposition des utilisateurs des outils
qui leur permettraient, même d’une manière imparfaite, de “nettoyer
leur passé” en coupant certains liens issus du référencement, rendant
ainsi plus difficile (mais pas impossible, car les contenus originels
demeurent) la reconstitution d’un profil complet.
    * Les réseaux sociaux et au-delà, d’autres acteurs qui jouent un
rôle clé dans la mise en relation des individus, pourraient se voir
imposer la portabilité des identités, des profils et des carnets
d’adresse. Aujourd’hui, un client de Facebook qui choisirait de migrer
sur une plate-forme concurrente perdrait tout l’investissement qu’il y
a consenti. De même, un utilisateur de MSN Messenger ne peut pas
basculer sur une autre messagerie instantanée sans perdre sa liste
d’amis. Les pouvoirs publics ont su imposer la portabilité des numéros
de téléphone mobile, ces cas sont du même ordre.

Personnaliser sans identifier
Il est communément admis que pour personnaliser un service, il faut
connaître l’utilisateur. Certes, mais cela ne nécessite pas toujours –
et même, sans doute, pas si souvent que ça – de savoir comment il
s’appelle. Le garçon de café qui reconnaît ses habitués leur servira
leur boisson favorite sans connaître leur nom, ni bien d’autres choses
qui les concernent. Peut-on proposer aux entreprises et aux
administrations des formes de personnalisation efficaces et
productives (qui répondent donc à leurs besoins économiques) qui
n’exigent pas d’identification ?

C’est l’objet d’un autre groupe de travail du programme “identités
actives” de la Fing. Plusieurs pistes peuvent d’ores et déjà être
évoquées :

    * Différentes formes de “filtrage” historique et “collaboratif”,
qui consistent à déduire les attentes d’un consommateur de ses
comportements passés et de leur comparaison avec les comportements
d’autres utilisateurs, n’ont pas nécessairement besoin
d’identification. L’usage des “cookies”, petits fichiers qui
permettent à des sites de “tracer” leurs utilisateurs sans
nécessairement savoir qui ils sont, fournit une bonne base à ces
pratiques. Des cartes de fidélisation “blanches”, qui savent ce qu’a
acheté un client mais ne connaissent pas son identité, font également
partie des pistes réalistes.
    * La personnalisation sur le poste client (”client-side
personalization“), qui se fonde sur les données d’un utilisateur, sans
pour autant capturer ces données : seul le résultat (une proposition
personnalisée, par exemple) est connu de l’entreprise.
    * Le recours à des pseudonymes “riches” (ou “hétéronymes”), de
véritables personnalités numériques qui exprimeront les aspirations de
ceux qui les portent (et donc devenir les sujets d’un dialogue
commercial), sans nécessairement se recouper avec une identité civile…

Retracer des “lignes rouges”
Le fait d’identifier de nouveaux outils pour l’action des individus,
ou de nouveaux leviers techniques et économiques d’intervention sur
les décisions des acteurs, ne dispense pas de s’interroger également
sur la nécessité, ou non, de tracer de nouvelles “lignes rouges”, de
redéfinir quelles pratiques sont dans tous les cas considérés comme
graves et illicites.

La tâche est moins facile qu’il n’y paraît et nous ne pouvons ici
qu’appeler à rouvrir la discussion sur ce thème, sans prétendre la
clore par des recommandations formelles.

Les lignes ont bougé
L’exemple des questions relatives aux orientations sexuelles,
politiques et religieuses des utilisateurs de Facebook illustre la
difficulté. Ces questions, donnant lieu à enregistrement dans un
fichier et affichage sur une page de profil, sont clairement
interdites par la loi française. Pourtant, elles constituent sans
doute des critères essentiels pour les utilisateurs de Facebook à la
recherche de nouvelles relations. Faut-il donc interdire à Facebook de
poser ces questions qui font partie (aux États-Unis du moins) de son
essence même ? Et par ailleurs, les données sensibles de 1978 et
celles de 2008 sont-elles les mêmes ?

Une clé : l’asymétrie d’information et de pouvoir
L’arbitrage effectué en 1978 se fonde sur le constat, peu contestable,
d’une asymétrie d’information et de pouvoir entre l’individu isolé
d’un côté, l’entreprise (fournisseur ou employeur) ou l’administration
de l’autre. Dans certains cas, cette asymétrie conduit l’État à
protéger l’individu contre lui-même, en fait contre ce qu’il pourrait
être amené à faire sous la pression de ses interlocuteurs plus
puissants. On ne peut pas lui poser certaines questions, même s’il est
prêt à y répondre. Il ne peut pas vendre ses données, il n’en est pas
propriétaire.

Faut-il remettre en question l’arbitrage de 1978, ou le revisiter ?
Comment continuer de protéger les plus faibles contre les conséquences
de leurs propres actes ? Y a-t-il de nouveaux risques de
discrimination, de nouvelles données “sensibles” et d’autres qui ne le
sont plus autant ? Faut-il abandonner certains champs naguère soumis à
autorisation pour peut-être en investir d’autres, tels que ceux qui
ont trait à la sécurité ou la santé “préventives” ?

Il semble difficile, au regard des changements que nous avons décrits
plus haut, d’éluder ces questions, proprement politiques.

Conclusion provisoire

Les principes d’”Informatique et libertés” demeurent valides après 30
ans. Ses modalités d’application ont déjà beaucoup changé. Mais
aujourd’hui, le changement nécessaire paraît plus profond encore. Dans
son étude citée plus haut, l’institut Demos exprime assez brutalement
que “la question n’est pas de savoir si nous entrons dans une société
dominée par la surveillance, mais s’il en résulte davantage, ou moins,
de contrôle des individus sur leur propre vie, ainsi que sur les
décisions d’intérêt collectif.”

C’est dans cet esprit que nous avons tenté de dégager les nouveaux
défis de la protection et de la négociation des données personnelles,
en tenant compte des aspirations et des pratiques réelles de la
société et des organisations, et en ouvrant des pistes nouvelles.

La tâche des humains est à la fois de créer les systèmes techniques
qui soutiennent leurs civilisations, et d’en borner le champ, d’en
réguler le fonctionnement. Ils le font lors de leur conception, en
définissant leur architecture, et plus tard, en imposant des règles et
des contrôles. Mais ils le font aussi tous les jours, quand ils
changent d’avis, trichent, bricolent, se trompent, renégocient,
mentent…

Ces deux plans, général et politique d’une part, quotidien et
économique de l’autre, doivent aujourd’hui s’agencer d’une manière qui
demeurait inconcevable en 1978, lorsque l’usage des outils numériques
était réservé à quelques professionnels.

Au fond, c’est ce qu’il nous semble ressortir de plus fort dans les
réflexions du groupe de travail : l’idée que la protection de la vie
privée, conçue comme un édifice juridique fonctionnant par défaut et
pour tous, doit désormais se compléter de dispositifs de “maîtrise”,
plus complexes et mouvants, qui permettent aux individus – dans des
limites à mieux définir – d’organiser à leur manière ce qu’ils veulent
défendre, ce qu’ils veulent exposer et ce qu’ils sont prêts à
négocier. Et aussi, de dispositifs collectifs mais non étatiques,
capables d’exercer des formes de pression que l’État ne parvient pas
(ou plus) à exercer.

Cette nouvelle architecture de protection et de maîtrise n’émergera
pas toute seule. Il y a des recherches à entreprendre, des idées à
explorer, des innovations à tester ou promouvoir, des services et des
médiations à créer, des débats à mener. Certains sujets seront presque
consensuels, d’autres carrément conflictuels.

Il faut choisir de s’engager sur ce chemin. L’immobilisme n’est pas une option.

Et il faut s’y engager ensemble. De ce point de vue, notre message ne
s’adresse pas uniquement aux institutions ou aux activistes. Les
entreprises seraient bien inspirées d’explorer elles aussi les pistes
que nous avons tenté de défricher, et d’autres, pour éviter à terme
une rupture grave de la confiance.

Membres du groupe de travail : Arnaud Belleil, Yves Deswarte, Renaud
Francou, Daniel Kaplan, Emmanuel Kessous, Olivier Iteanu, Jean-Marc
Manach, Thierry Marcou, Charles Nepote, Sylvie Rozenfeld, Vincent
Toubiana.

Note de travail à commenter - avril 2009

__________________
1 Caroline Miltgen, “L’internaute et ses données : ce qu’on dit, ce
qu’on fait”, Internet Actu, 2006 :
http://www.internetactu.net/2006/02/08/linternaute - et sa thèse
ultérieure.
2 FYI – The new politics of personal information”, 2007 :
http://www.demos.co.uk/publications/fyi
3 En transposition, fort tardive, d’une directive européenne de 1995.
4 Liste non exhaustive : http://www.livinginternet.com/i/is_anon_sites.htm
5 Pour une définition de l’”hétéronymat” :
http://www.identitesactives.net/?q=lexique-terme10-heteronyme
6 “Les figures politiques de la Privacy : Quels droits à la vie privée
dans l’économie numérique?”, à paraître.



Lien permanent et réaction en ligne :
http://www.internetactu.net/2009/04/03/le-nouveau-paysage-des-donnees-personnelles-quelles-consequences-sur-les-droits-des-individus/

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Open source
. Framablog : Pouvons-nous construire un monde avec l'Open Source ?
Le Framablog reprend un édito de Victor Keegan pour le Guardian qui
s'interroge de savoir si tout notre modèle économique pourrait se
bâtir en Open Source. Des logiciels, aux maison à 200 dollars dont les
plans sont accessibles gratuitement... L'Open Source se propage de
l'immatériel au matériel : téléphone (openmoko), voiture
(theoscarproject), écovillages (openfarmtech.org)...

. NT2 - The Free Market Game : illustrer la philosophie du copyleft
par le ludisme
Molleindustria, un regroupement d’artistes qui créent des jeux vidéos
engagés, a lancé un jeu dont la thématique est le partage de la
culture, la notion de marché libre des idées et la menace commerciale
du copyright.

Jeux vidéo
. Playtime : Hadopi, le piratage, un défi pour l'industrie du jeu
Intéressant billet de Laurent Checola sur le piratage des jeux vidéo,
qui se concentre sur les gros succès et sur les jeux qui ne sont pas
multijoueurs en ligne (il faut le jeu original et l'abonnement pour
jouer en réseau) et qui concerne surtout les jeux sur PC (moins bien
protégés que les jeux sur console non portables). Malgré le
téléchargement massif, l'industrie du jeu reste en croissance
permanente.

. Technology Review : Envoyer les jeux vidéos dans les nuages (angl.)
La startup Onlive - http://www.onlive.com - a annoncé la mise en place
d'un service permettant à n'importe quel ordinateur de jouer à
n'importe quel jeu... Mais également de les jouer depuis une
télévision... Tout cela via l'internet bien sûr. L'idée est de séparer
les jeux des supports, explique le fondateur d'OnLive, en utilisant
des fermes d'ordinateurs pour faire tourner les jeux à la place des
ordinateurs clients. Selon OnLive, leur technologie de compression
permettrait de résoudre le problème principal de ce type de techno :
la latence liée à la distance.

. O'Reilly Radar : Will Wright, Sims et simulation (angl.)
A l'occasion de l'expo Web 2.0, Kurt Cagle pour O'Reilly a rencontré
Will Wright, l'inventeur des Sims et de Spore et l'interroge sur la
portée des jeux de simulation, comme révélateurs de nos complexités.
"Transformons les sujets ennuyeux en jouets", explique-t-il, afin que
nos enfants comprennent l'économie ou la biologie de manière à ce
qu'ils soient des participants actifs à leur compréhension.

essources
. DEPS : Statistiques de la culture, chiffres clés 2009 (.pdf)
Le département des études, de la prospective et des statistiques du
ministère de la Culture publie ses chiffres clés 2009 pour faire le
point sur l'édition, la presse ou les technologies de l'information.
Une ressource toujours riche.

Concept
. Club de l'Hyper-République : La théorie du crapaud fou appliquée à Internet
Pierre de La Coste a publié en juin 2008 cette théorie du Crapaud Fou
appliquée à l'internet qu'on voit beaucoup circuler actuellement sur
le net. "Le crapaud fou, c’est ce batracien déboussolé qui ne suit pas
ses congénères lors de la migration reproductive. Il s’en va se
perdre, souvent ne revient jamais à sa mare d’origine, ne trouve pas
de conjoint, meurt… Mais quand tous ses congénères, dans leur
migration stéréotypée, se heurtent à un obstacle et succombent, la
survie de l’espèce ne tient qu’à quelques crapauds fous qui
réussissent à trouver de nouveaux chemins", explique Thierry Crouzet
enthousiaste : http://blog.tcrouzet.com/2009/04/02/les-crapauds-fous/

Science
. MasterWebScience : Comprendre l'impact du web sur la littérature scientifique
A l'occasion de WebScience 09 qui se tenait à Athènes, Claire Filou
dresse une intéressante perspective sur ce que le web change à la
production scientifique. Le premier effet, est un effet réseau : "le
web rend lisible le réseau des publications scientifiques, les liens
entre elles, et ce à partir de données fondées sur le sens, sur la
connaissance produite". Mais les relations entre les publications
scientifiques sont aussi, d'abord, des relations entre humaines. Le
risque, c'est que le web contribue à décontextualiser la production
scientifique. Comment articuler les deux contextes, se demande Leslie
Carr de l'université de Southampton en s'interrogeant sur le cas des
pages personnelles des chercheurs qui pourraient être le lieu
privilégié où articuler les deux contextes, réels et sémantiques.
Dommage qu'elles soient si souvent! délaissées !

. Soudoplatoff : Les vraies ruptures de Wikipedia
Serge Soudoplatoff disingue les ruptures qu'introduit Wikipédia :
rupture pédagogique, rupture de savoirs, rupture de désignation et
rupture de langues. "Toute innovation technologique a un impact
sociétal qui se passe en deux phases: la première phase consiste à
faire ce que l’on faisait avant, mais avec un outil nouveau. La
deuxième phase consiste à inventer ou développer de nouvelles formes,
rendues possibles par l’outil. C’est sous cet angle qu’il faut
regarder wikipedia."

. O'Reilly Radar : Big Data, les technologies et les techniques pour
de gros volumes d'information (angl.)
O'Reilly vient de publier un rapport sur les technologies pour traiter
de gros volumes de données. Ben Lorica et Roger Magoulas, directeur de
la recherche chez O'Reilly, expliqent dans plusieurs vidéos
l'importance de la gestion et de l'analyse de données, donnent les
clefs pour évaluer les performances des solutions existantes et
regardent comment elles vont évoluer.

Education
. La 27e Région : 100 enseignants tissent le réseau de l'innovation
Entousiaste compte rendu du Forum des enseignants innovation et de
l'innovation éducative - http://www.forum-roubaix2009.net - qui se
tenait à Roubaix les 27 et 28 mars 2009. Les profs innovent et les
profs innovants se mettent en réseau, comme le constate quelques-uns
des projets mis en avant sur le blog dédié au Forum par le Café
Pédagogique : http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2009/default.aspx

. LeMonde.fr : Les ados français accros aux séries américaines
améliorent leur anglais
Télécharger compulsivement leurs séries préférées en version originale
peut avoir quelques avantages dans la maitrise des langues : "A
l'oral, ces élèves se révèlent bien meilleurs, l'accent et les
intonations sont plus justes, les syllabes sont accentuées
convenablement. La musicalité de la langue est maîtrisée plus
spontanément", relève une professeur d'anglais.

Coworking Space
. Wired : La tendance au DIY génère des HackerSpaces à travers le monde (angl.)
Noisebridge - https://www.noisebridge.net - est un espace collectif
pour hacker installé à San Francisco. On y apprend à programmer, à
construire des objets électroniques fais de capteurs et de leds. On
dénombre 96 lieux pour hackers à travers le monde, selon HackerSpaces
- http://hackerspaces.org. Surfant sur la mode du DoItYourself (faites
le vous-mêmes) popularisé par Make Magazine, ces espaces de cohacking
(à l'image des espaces de coworking comme la Cantine à Paris), tentent
de nous faire vivre les technologies par la pratique de leur
détournement et de leur personnalisation. La France en recense un à
Vitry-sur-Seine : le TMPLab : http://dev.tmplab.org

Web social
. Rue89 : L'amour en ligne (1/3), géolocaliser pour mieux emballer
La géolocalisation va-t-elle transformer la rencontre amoureuse ? Pas
encore évident de rencontrer quelqu'un en utilisant un programme de
rencontre via son mobile, constate Tristan Mendes-France : les
utilisateurs ne sont pas encore massivement là.

. Election-presidentielle.fr : Internet et la participation au débat
public, le défi du 1% participatif
Intéressant compte rendu du séminaire "Internet et la participation au
débat public" organisé par la Fondation pour l'innovation politique -
http://www.fondapol.org. Pierre Chriqui rappelle que l'information
politique n'est pas la première préoccupation des internautes, loin
s'en faut. Il distingue également les usages des natifs du numérique,
qui partagent et diffusent l'information, de celle des immigrants qui
se contentent d'aller la chercher, sans la partager. Parmis les
immigrants, seuls ceux qui ont un niveau socioculturel élevé ont
tendance à partager l'information. Et de conclure sur le fait que les
pratiques sont cumulatives, c'est-à-dire que la participation au débat
public en ligne est l'aboutissement d'un apprentissage et d'une
appropriation de la toile complexe qui fait que la participation
n'excède jamais! les 1 % des internautes, autant que dans la vie
réelle... (via aaaliens).

. O'Reilly Radar : Crowdsourcer l'évolution des sites web du Congrès
américain (angl.)
Le député républicain Mike Honda s'est servi de la tribune d'O'Reilly
Radar pour inviter les internautes à lui faire des suggestions pour
faire évoluer les sites du Congrès américain. "Comment le congrès
pourrait-il utiliser les technologies du web 2.0 pour transformer la
relation entre les citoyens et les élus ?" Un site pour recueillir les
idées et voir les idées soumises a été mis en place. Mais seulement 56
réponses ont été postées en 10 jours.

. Social Media Today : Les blogs perdent-t-ils de leur autorité au
bénéfice de la statusphère ? (angl.)
Alors que les blogs deviennent mainstream, la montée de la statusphère
(le microbloging et le dialogue par statuts interposés) est en train
de remettre en cause leur autorité et leur influence. Pourquoi ? Parce
que nous disposons d'un nouveau canal pour interagir, réponde et
promouvoir les contenus éloignés de la source même des blogs. Cela ne
rend pas leurs contenus moins valables, mais leur autorité ne prend
pas en compte ces nouvelles sources de liens. Et Brian Solis
d'énumérer de nombreux outils permettant de mesurer l'influence sur la
statusphère et surtout de refonder la mesure de l'influence de la
blogosphère, qui n'est pas moins forte, mais qui risque de devenir
moins visible.
. Netpolitique : Liste et conseils pour gazouiller sans fausses notes
8 conseils aux politiques, illustrés d'exemples parlant, pour twitter
sans faire d'erreur.

. Nouvo.ch : Les actionnaires du web
Les internautes investissent ensemble sur des artistes, des projets
(comme celui d'un château à transformer en boite de nuit), et
désormais des films. Le Crowdsourcing dans toutes ses formes.

. Washington Post : Dans les rues de Washington, le téléphone mobile
est une ligne de vie (angl.)
Les SDF de Washington sont de plus en plus nombreux à avoir des
téléphones mobiles pour leur apporter une assistance et des
opportunités. On peut encore être pauvre, mais on ne peut plus ne pas
être connecté !

Energie
. FuturaSciences : Ordinateurs et téléviseurs, des énergivores qui
pourraient faire mieux
Selon l'étude d'impact environnementale des TIC remise au gouvernement
- http://www.telecom.gouv.fr/fonds_documentaire/rapports/09/090311rapport-ticdd.pdf
-, nos appareils électroniques seraient responsables de 13 % de
l'énergie consommée en France. Malgré les difficultés à établir une
estimation fiable, l'étude souligne que cette consommation énergivore
ne cesse de progresser d'années en années (écrans HD, boitiers TNT,
box ADSL...) même si d'un autre côté elle participe à réduire les
activités de transports. Certaines évolutions (le développement de
l'ordinateur portable plutôt que de l'ordinateur de bureau) et
certaines mesures (décourager la mise en place de systèmes de veille,
déveloper de! s labels énergétiques...) pourraient aider à contenir
cette évolution.

Economie numérique
. Nos Futurs : Quand la France n'est que 23e mondiale...
5e puissance mondiale, mais seulement 23e en terme de degré
d'équipement et de compétence technologique selon le classement de
l'Union internationale des télécommunications... La raison ? La France
n'a pas su faire émerger de nouveaux leaders, malgré des start-up à la
croissance fulgurante : mais elle n'arrive pas à trouver des solutions
de financement et de soutien aux entreprises technologiques
suffisantes. Autre raison, avance Guillaume Grallet : la
dévalorisation de la fabrication et de la production. Car la mainmise
sur la production permet d'enrichir l'offre logicielle.

Entreprises
. Zdnet : La virtualisation du poste de travail va contraindre les
constructeurs à développer une offre de services
15 % des ordinateurs en entreprise seront virtualisés et hébergés
d'ici 2014, promet le Gartner. Une situation qui va pénaliser les
ventes de matériel neuf et devrait pousser les constructeurs à
développer aussi une offre de services.

eCommerce
. Income DIary : Le top des sites qui rapportent
Un classement de ce que rapportent les applications et services phares
du web en dollars à la seconde.

. Groupe Chronos : Les enseignes gourmandes de mobiles
Comment le commerce et la grande distribution trouvent de nouvelles
solutions pour s'adapter à la mobilité des clients et se préparer à
l'après voiture ? Le Groupe Chronos passe en revue réflexions et
expérimentations pour mieux s'adapter aux mobilités quotidiennes des
gens.

Innovation
. ReadWriteWeb : HSTP, le protocole de transfert Hyperspeech (angl.)
Connaissez-vous le protocole hstp ? Selon des scientifiques d'IBM, ce
protocole devrait nous permettre de créer des sites web vocaux via nos
mobiles en navigant sur des contenus liés à des applications vocales
via des liens vocaux (hyperspeech). La voix est-elle l'avenir du web
mobile ?

. ReadWriteWeb.com : La reconnaissance faciale arrive sur Facebook (angl.)
On se souvient il y a 2 ans du lancement des premiers services de
reconnaissance faciale d'images. Les voilà qui deviennent grands
publics, en s'intégrant dans Facebook ou Picasa...

. ReadWriteWeb.com : 23 applications que nous utilisons toujours un
mois après (angl.)
L'équipe du ReadWriteWeb anglophone a produit une liste de 23
applications que l'équipe utilise toujours avec assiduité, un mois au
moins après leur lancement. La durée d'utilisation est certainement un
bon indicateur pour tester l'utilité de certaines applications dans
une économie où notre attention est sans cesse sollicitée.

Télécommunications
. Media & Tech : 30 millions de téléphones mobiles gratuits
Avec l'annonce de Skype pour iPhone, c'est 30 millions d'iPhone et
d'IPodTouch qui deviennent des téléphones mobiles gratuits potentiels.
Comment la secousse du téléphone via Wi-Fi est en train d'atteindre
les opérateurs téléphoniques. "Cette érosion des revenus est certes
minimale à ce jour car pratiquée seulement par une population
initiée", mais projetons-nous dans 5 ans, avec des systèmes plus
simples et plus accessibles...

. iPhone : 50% du trafic web mobile aux US
L'iPhone, qui ne représente que 10,7 % du marché des smartphone,
concentre 50 % du trafic web mobile ! Comme quoi, le web mobile, s'il
est plus facile, plus agréable, plus plaisant... devient possible,
explique Francis Pisani.

Hadopi
. ReadWriteWeb France - Les hackers contre Hadopi : chronique d'une
guerilla à venir
Campagne de spam/phishing simulant les envois (bien réels) de mails
d'avertissement de l'Hadopi, piratage de bornes WiFi, usurpations
d'adresses IP... RWW liste différents projets de "hacking" de
l'Hadopi.

Web sémantique
. MasterWebScience : Folksonomy et web sémantique : convergence ?
Le sociologue Dominique Cardon, depuis la conférence WebScience09 qui
se tenait à Athènes, revient sur la table ronde sur les "tags et la
recherche". Et d'expliquer qu'aujourd'hui, les recherches vont dans
plusieurs direction, voire s'opposent entre le désordre assumé des
utilisateurs de folksonomies et les soucis d'amélioration et de
rationalisation du web sémantique. Et d'évoquer deux projets de
recherches divergents justement : un algorithme qui permet de
déterminer les experts et les spammeurs pour les sites de signets
sociaux et un système qui ajoute une couche sémantique aux contenus
des sites sociaux.

Journalisme
. Wired.com : Le technicien du New York Times donne sa vision de
l'avenir de la presse (angl.)
Nick Bilton, rédacteur en chef du laboratoire de R&D du New York Times
a expliqué comment il voyait l'avenir de l'information lors de la
dernière conférence ETech. "Remplacer le papier par des pixels offre
une meilleure expérience", explique le designer qui évoque des
contenus intelligents et des interfaces personnalisées, capables de
connaitre vos activités de lecture quelque soit le support ou de
connaître la vitesse de votre déplacement pour ajuster la taille du
texte à votre attention. Demain, l'information doit pouvoir s'adapter
aux caractéristiques techniques des écrans et aux interactions des
lecteurs...

. Mediachroniques : Combien d'infos locales dans votre quotidien local ?
En observant la faible part d'information locale dans les quotidiens
américains, Jeff Mignon pose la question "quand on s'en tient aux
chiffres, est-ce que c'est du journalisme que font le mieux les médias
ou est-ce que c'est vendre de la pub ?" Reste que la presse est en
train de perdre son monopole de la diffusion des messages
publicitaires. Que la rareté de l'espace publicitaire est remis en
cause sur le net (d'où le fait que la publicité n'y soit pas chère),
mais à son avantage, le numérique offre des outils pour améliorer
l'efficacité des messages publicitaires. Mais il n'est pas sûr que
cela profite au web des médias... Car la publicité va trouver de
nouveaux supports en ligne pour toucher des publics plus variés et
plus ciblés.

Identités actives
. Ecrans.fr : Vol d'identité sur Internet : la France en retard ?
L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a
publié un rapport complet sur le vol d'identité en ligne qui détaille
les outils de vol d'identité et leurs impacts et revient sur les
efforts publics et privés dans la lutte contre l'usurpation
d'identité. Et de souligner d'ailleurs que la législation française
est en retard dans le domaine de la protection de l'identité d'un
internaute.
. L'Atelier.fr : Capteurs, Coeur et cerveau protègent notre identité
Des capteurs biométriques pour sécuriser les données des entreprises !
C'est le projet du programme européen Humabio :
http://www.humabio-eu.org L'idée, démultiplier les systèmes
biométriques pour renforcer la sécurité...

Vieillissement
. PlusLongueLaVie.net : Le BarCamp Design & Vieillissement
Il est rare que les compte rendus de réunions informelles valent le
déplacement. Ici, vous trouverez des pistes sur le grey-hacking (le
hacking par les seniors), une construction sur les problématiques de
la ville comme lieu social pour les plus âgés, une réflexion critique
sur la téléassistance, des élucubrations sur la mort et le souvenir,
et d'étonnants projets d'étudiants destinés aux seniors...


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AGENDA
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Abonnez-vous à l'Agenda des TIC via Google Agenda (format ical, RSS,
HTML) : http://www.internetactu.net/agenda
Et si vous souhaitez nous aider à le mettre à jour, n'hésitez pas à
nous contacter !

. eReputationCamp
Date : 4 avril 2009, dès 12h30
Lieu : La Cantine, 151 rue Montmartre, 12 galerie des Panoramas, 75002 Paris

Le but de cette journée est de mélanger des experts, des entreprises,
des juristes et passionnés d’e-reputation afin de synthétiser sur
espace de travail l’ensemble des informations et réflexions collectées
en fin de journée. Cela se déroulera sous un format BarCamp à savoir :
une non-conférence ouverte à tous où tout le monde est participant et
contributeur à la fois. Quelques thèmes qui seront abordés (liste non
exhaustive) :
1. E-reputation : débat public ou privé ?
2. Certification d’identité virtuelle : qui s’en occupe ?
3. Gère t’on de manière différente l’e-réputation d’une personne et
d’une entreprise?
4. Interopérabilité des plateformes pour transfert de données
associées à son profil (Techno Open Social, API, Widget Facebook…) où
en est t’on ?
5. Arrivée des digital natives = métamorphose d’un profil amical en
profil professionnel. Comment gérer la zone tampon d’une e-reputation
en cours de certification ?
6. Comment l’e-reputation va transformer l’entreprise de demain ?
7. Ressources Humaines / Communication RH : Qu’est ce qu’une
marque-employeur ? Comment mesure t-on une marque employeur ? Les
moyens/outils pour gérer sa réputation ?

Inscription : http://barcamp.org/EreputationCamp

. CHI 2009
Date : 4-9 avril 2009
Lieu : Boston, Etats-Unis

27e édition de la conférence internationale sur les interactions
hommes machines (Computer Human interaction).
http://www.chi2009.org



. Designers interactifs : Une histoire des interfaces mobiles on-line
Date : 6 avril 2009, dès 20h
épublique, 75011 Paris

Le 6 avril prochain, *designers interactifs* organise une soirée
dédiée aux interfaces web mobiles. Fabienne Schouler, responsable de
l’expérience client et du design des applications mobiles chez Orange,
dressera à partir de son expérience une histoire des interfaces
mobiles on-line. Elle balaiera différents aspects du design, du wap
noir et blanc à l’iPhone. La conférence s’articulera autour des
notions de
- réseau
- récepteur et / ou médium / media
- contenu
- architecture

Plusieurs étudiants de Strate Collège Designers et de l’Ecole de
design de Nantes présenteront des projets qui explorerons le devenir
du mobile dont :
- Jean Yves Rigal a développé le projet UMob, service ludique pour les
voyageurs utilisant fréquemment les aéroports à des fins de loisirs,
dans le cadre de son projet de fin d’études. Il est actuellement
designerd’interactivité indépendant après avoir été diplômé en 2008.
Site : http://www.jydesigner.com
- Clément Thiéry, également dans le cadre de son projet de fin
d’études en 2008, a développé le projet “Vibrations Culturelles”,
agenda culturel mobile, connecté, contextuel et mutualisé. Il est
également indépendant. Site web : http://www.antitheses.org

Information, inscription : http://interfacesmobiles.eventbrite.com

. Assises aquitaines du très haut débit
Date : 9 avril 2009
Lieu : Bordeaux

Il aura fallu 10 ans pour que l’Internet devienne un média mondial, et
encore 10 ans pour que les collectivités locales intègrent la
nécessité de traiter zones d’ombres et concurrence dans l’accès aux
réseaux. A une échéance de 10 ans de plus, l’implantation du très haut
débit est désormais un objectif inéluctable. Comment explorer les
solutions technico-économiques, immédiates et à long terme ? Faire du
niveau régional un maillon du mondial ? S’informer, s’organiser,
partager, choisir, décider, financer, contrôler, évaluer. Ici se lance
le débat. Un chantier s’ouvre. Pour longtemps.

Information, inscription : http://inscription.aecom.org/inscription.php?conf=THD

EVENEMENT FING
. Fing : 59e Carrefour des possibles en Picardie
Date : 16 avril 2009, dès 18h30
Lieu : Carré de la République, 17 rue de la République, 80000 Amiens

Les acteurs régionaux sont heureux de vous présenter le 3ème Carrefour
des possibles de la région Picardie. Venez découvrir de nouveaux
usages des TIC en réseau et initier de nouveaux contacts dans une
atmosphère conviviale et entreprenariale ... Et soutenir 10 projets
innovants !
Information, inscription :
http://carrefourdespossibles.org/jsp/fiche_actualite.jsp?STNAV=&RUBNAV=&CODE=1233595648869&LANGUE=0&RH=

. BarCamp Marseille, 2e édition
Date : 17 avril 2009 dès 14h
Lieu : ée place de la Joliette)

Ce BarCamp est à l'initiative d'un groupe d'étudiants de
SupInfoMarseille, avec le soutien de l'association Libertys et de la
Fing. Une LAN terminera la journée.

Inscrivez-vous et proposez des slots sur la page wiki de l'événement :
http://barcamp.org/BarCampMarseille2



. Laval Virtual : les rencontres de la réalité virtuelle
Date : 22-26 avril 2009
Lieu : Laval

11e édition des rencontres internationales de la réalité virtuelle :
http://www.laval-virtual.org

. Etats Généraux de l'identité numérique
Date : 27 avril 2009
Lieu : Palais du Sénat, Paris

Issu des travaux menés dans le cadre d'un projet CNRS, ce colloque est
organisé par l’équipe Prodoper (Protection des données personnelles)
du CNRS et l’Association Française des Correspondants aux Données
Personnelles (AFCDP), en partenariat avec l’Université Paris Ouest
Nanterre la Défense.

Information, inscription : http://prodoper.u-paris10.fr/spip.php?article4



. DocForum : ProspecTIC nouvelles technologies, nouvelles pensées ?
Date : 28 avril 2009, dès 14h
Lieu : Ecole Nationale Supérieure, Lettres Sciences Humaines, 46,
Allée d'Italie, 69007 Lyon

Rencontre autour du livre de Jean-Michel Cornu, ProspecTIC - Nouvelles
technologies, nouvelles pensées ? La convergence des NBIC paru aux
éditions FYP en aout 2008.

Après les NTIC qui ont déformé nos rapports à l’espace et au temps
dans des proportions que nous avons encore du mal à évaluer, les NBIC
(Nanos, Biotechnologies, Informatique et Cognition) émergent lentement
des laboratoires. Elles ressuscitent les phantasmes prométhéens de
l’homme augmenté. Ces grandes transformations, ces nouveaux «
possibles » comment les appréhender et est-il encore temps de
maitriser ces choix technologiques ? De quoi sera fait le monde des
technologies dans les 5 à 10 ans à venir ?

A l’orée de ces innovations on peut imaginer que nos choix et notre
imagination pèseront sur les changements, aujourd’hui tous les
possibles sont donc encore à venir. Jean-Michel Cornu a travaillé pour
son ouvrage avec plus de 60 chercheurs et relecteurs. Son livre permet
d’entrer dans le domaine de la prospective, et présente dans un
langage accessible à tous les fondements des différentes technologies,
leurs convergences, les découvertes les plus récentes et leur impact
sur notre futur. Didactique, il permet à chacun de s’interroger,
constructif il facilite les échanges entre les différents acteurs pour
faire des choix.

Le 28 avril Doc Forum vous propose un éclairage particulier autour du
livre et des questionnements essentiels qui en découlent, avec des
moments d’échanges et de discussions privilégiés ; le débat sera
modéré et animé par Eric Guillot, Doc Forum, CGS Ecole des Mines Paris
et Richard Collin Visiting Professor, Responsable de l'institut de
l'Entreprise 2.0, Grenoble Ecole de Management.
- L’avenir des prochaines révolutions technologiques - Jean-Michel
Cornu, directeur scientifique de la FING
- Convergence et éthique, approche comparative de la prise en compte
des questions d’éthique dans les différents pays - Jean-Gabriel
Ganascia, professeur à l'Université Pierre et Marie Curie
- Modes de pensée et conflit d’intérêt : mieux comprendre les défis -
Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la FING
- L’île Prospectic - Roger Folliard alias Coulaut Mengès, co-fondateur
de la bibliothèque francophone et responsable du projet d’île
Prospectic développé par la bibliothèque francophone et Hugobiwan
Zolnir, fondateur de bibliothèque francophone en direct de l’ile
Prospectic
- Conclusions et perspectives - Jean-Michel Cornu, Eric Guillot et
Richard Collin

Programme complet sur :
http://www.docforum.tm.fr/inpers/28avril09Technologies-et-ethique.htm

. Créatif : Espaces publics numériques 2.0
Date : 29 avril 2009
éuniversitaire de Paris

Alors que les politiques publiques d’accès public à Internet et au
multimédia ont presque 10 ans, voire plus pour certaines, que
l’augmentation de l’équipement des ménages amènent certaines
collectivités à faire le choix de fermer leurs espaces ou de les
transformer, que les besoins des usagers initiés tendent vers de
nouveaux usages alors même que les publics encore exclus de l’accès à
ces services restent difficiles à toucher … il semble urgent de
s’intéresser de près à la nouvelle génération d’Espaces Publics
Numériques (EPN 2.0). Quelles nouvelles missions pour ces espaces ?
Quelles pistes de développement de nouveaux services seraient
susceptibles de les aider à évoluer pour une meilleure réponse aux
beso! ins ?
Information, inscription : http://www.creatif-public.net/article1117.html


. Free Summit
Date : 11 mai 2009
Lieu : San Matteo, Californie

Comment rivaliser avec la gratuité ? Comment peut-on se permettre de
ne pas entrer en concurrence avec la gratuité ?... Le Free Summit
souhaite aborder les défis et les opportunités de la gratuité, non
seulement pour les industrie de l'internet, mais au-delà.
http://www.thefreesummit.com



. eLearning Africa 2009
Date : 27-29 mai 2009
Lieu : Dakar, Sénégal

eLearning Africa 2009, la quatrième conférence internationale
consacrée aux TIC appliquées au développement, à l'enseignement et à
la formation. http://www.elearning-africa.com



. 7e séminaire Marsouin
Date : 28-29 mai 2009
Lieu : ”Rue des Calculots BP 47, 22730 Trégastel-Plages

Le GIS Marsouin, fédération des équipes bretonnes de sciences humaines
et sociales travaillant sur la Société de l’Information, organise son
traditionnel séminaire les 28 et 29 mai prochain, autour des questions
:
- d'apprentissage : comment les TIC contribuent à l’apprentissage,
mais aussi comment se réalise l’apprentissage des TIC.
- d'interactions sociales : dans quelle mesure les TIC permettent de
nouvelles sociabilités, font-elles émerger de nouvelles formes
d’échange, de production de savoir et d’information, mais aussi les
TICs portent elles vraiment de nouveaux messages sociaux qui
contraignent leur propre usage ?
- d'interactions professionnelles : est-ce que les tic changent les
pratiques professionnelles, comment les collectifs professionnels
utilisent les tic ? - d'espaces publics : les TIC sont-elles un outil
servant le débat public, et en même temps font-elles l’objet d’un
débat sur leur usage qui dépasse la question un peu vaine de la
fracture numérique ?

Les projets de communication (article intégral) sont à envoyer à
seminaire at marsouin.infini.fr avant le 26 avril 2008.

Information, inscription : http://recherche.telecom-bretagne.eu/marsouin



EVENEMENT FING
. 60e Carrefour des Possibles
Date : 4 juin 2009, dès 18h
Lieu : Paris

Dans le cadre de Futur en Seine, événement technologique et culturel
organisé par Cap Digital du 29 mai au 7 juin 2009 sur la région
Paris-Ile-de-France, venez assister au 60e Carrefour des Possibles
organisé par la Fing.

Information, inscription :
http://www.fing.org/jsp/fiche_actualite.jsp?CODE=1237204140103&LANGUE=0

. De la société de l’information vers les sociétés du savoir
Date : 8-9 juin 2009
Lieu : Mexico, Mexique

Colloque scientifique international « De la société de l’information
vers les sociétés du savoir : réseaux et communautés de savoir
partagés ». Ce colloque est organisé par l’Université Nationale
Autonome de Mexico et l’Université Robert Schuman de Strasbourg, en
partenariat avec la Société française des sciences de l’information et
de la communication et le Centre de recherche sur l’université et
l’éducation du Mexi que. Information : http://www.tidev.com/savoir/

. IRealize
Date : 9-10 juin 2009
Lieu : Turin, Italie

Deux jours pour identifier des problèmes non résolus, suggérer des
solutions possibles et stimuler la création de start-up pertubatrices.
http://www.irealize.eu/langswitch_lang/en/

. Le jeu vidéo, au croisement du social, de l'art et de la culture
Date : 10-12 juin 2009
Lieu : Limoges

Les jeux vidéo sont un phénomène social, mais en quoi ? Tout d’abord
ils expriment des transformations culturelles qu’ils contribuent
eux-mêmes à modifier. Quelles en sont les manifestations ?
Participent-ils de nouvelles formes culturelles, et par exemple
produisent-ils une homogénéisation culturelle au niveau mondial ? En
quoi les jeux diffèrent-ils les uns des autres ? La pratique massive
des jeux vidéo exprime la place centrale qu’occupe le loisir, voire le
divertissement médiatique dans notre société. Sont-ils différents ou
entretiennent-ils des points communs avec d’autres productions mass
médiatiques comme les reality shows, ou certains jeux interactifs
télévisés, sont-ils des parcs d’attraction électroniques ?

La conférence sera l’occasion de faire le point sur les travaux de
recherche sur le mode organisationnel de l’objet, sa logique
structurelle et ses relations avec les autres médias. Quel type de
liens le jeu vidéo entretient-il avec la simulation ? Comment
s’organisent, par son intermédiaire, les échanges entre consommateur
et producteur ? Comment se définit dans ce domaine l’interactivité et
quel rôle joue-t-elle ? Quelles relations se créent entre narration et
action, quels sont les nouveaux modes d’écriture (game design) et,
plus largement, quelles sont les modalités d’inscription du domaine
dans ce que l'on appelle les industries culturelles ? Les jeux vidéo
apparaissent aussi comme des modes de socialisation aux normes de nos
sociétés industrielles modernes, voire comme des modes de
sociabilité.!

Que nous apprennent les recherches dans ce domaine ? Par ailleurs,
certains chercheurs ont mis en avant l'intérêt de ces jeux comme
source d'apprentissage. Que peuvent apporter les jeux vidéo dans ce
secteur ? La pratique vidéo ludique n'exprime-t-elle pas une
transformation des modes d'engagement propre à notre société ?
Sont-ils simplement un mode d'évasion ou bien dessinent-ils une autre
façon de s'engager, collectivement et individuellement ? Enfin, la
pratique vidéoludique interroge les rapports que nous entretenons avec
la réalité et l'imaginaire, et, bien sûr, avec les mondes virtuels.
Que pouvons-nous en dire à la lumière des travaux menés sur ces
questions ?

http://www.ludologique.com/colloque_limoges.html



EVENEMENT FING
. Lift France by Fing : "Futur : faîtes-le vous même !"
Date : 18-20 juin 2009
Lieu : Palais du Pharo, Marseille

Toute crise est une mutation. On peut la subir et remiser ses projets
d'avenir. Ou en sortir par le haut, durablement, en devenant l'un des
artisans de la mutation. Dans le monde entier, des entrepreneurs,
chercheurs, artistes, designers, activistes, inventent des moyens
radicalement nouveaux d'innover, designer, produire, commercer,
échanger, manager. Ils veulent changer le monde, mais surtout, ils
s'emploient déjà à le faire. La technologie est soit leur outil, soit
le levier dont ils se servent pour aborder autrement les situations et
les problèmes.

Les 19 et 20 juin, ils seront à Lift France, pour vous proposer les
moyens de "faire votre futur vous-même" :
- Changer les objets : vers des objets intelligents, connectés, mais
aussi personnalisables, transformables, évolutifs, recyclables...
fabriqués autrement et ailleurs, pourquoi pas chez soi, ou dans un
atelier de proximité.
- Changer l'innovation : vers une innovation continue et en réseau,
issue tant des utilisateurs que des entrepreneurs, des chercheurs et
des activistes... qui propose à chacun de devenir auteur de son
quotidien et de son avenir.
- Changer la planète : vers un "design vert" qui réconcilie l'enjeu
environnemental avec la croissance, le désir et le plaisir... et qui
relie notre expérience quotidienne avec notre conscience partagée de
l'environnement.

Conférence bilingue, traduction simultanée assurée.

Information, inscription : http://liftconference.com/lift-france-09



. Nedep 2009 : Numérique (s) : Enjeux, Défis et Perspectives
Date : 25-26 juin 2009
Lieu : Montpellier

L’extension des Technologies de l’Information et de la Communication
(TIC) s’accompagne de différents changements importants non seulement
dans la vie sociale mais aussi de nouveaux modes d’organisation,
d’interactions et de coordination. De tels enjeux ont en effet des
répercussions importantes sur nos pratiques sociale, interactionnelle,
éducative, etc.
Dans ce contexte, le support numérique (images, son, textes, vidéo,
outils de communication, dispositif local, dispositif Internet, etc.)
est devenu ainsi une modalité incontournable dans de nombreuses
activités humaines. C’est pourquoi ce colloque, organisé par Praxiling
UMR5267 (Université Montpellier 3 - CNRS) a pour objectif d’interroger
divers domaines pour rendre compte de l’impact des pratiques
numériques. Aussi nous partirons pour cette réflexion de la question
suivante : « Quels sont les enjeux, les défis et les perspectives du
numérique dans nos différentes pratiques ? »

Information : http://i3m.univ-tln.fr/imprimer.php3?id_article=429



. NetSci09
Date : du 29 juin au 3 juillet 2009
Lieu : Venise, Italie

L'atelier international sur la science des réseaux a pour but de
rassembler chercheurs, praticiens et enseignants qui réfléchissent à
l'avenir des réseaux, dans le domaine informatique mais également dans
d'autres disciplines (sciences sociales, finances, environnement...).
http://www.netsci09.net



. Colloque de Cerisy : Comment les techniques transforment la société
Date : du 2 au 9 juillet 2009
Lieu : Cerisy

L’ethnotechnologie est l’étude des interactions entre les techniques
et la société. Au XXe siècle, le train, l’automobile et l’aviation ont
transformé les styles de vie. Au XXIe siècle, les Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC), mais aussi l’écologie,
transforment irrésistiblement l’imaginaire et l’action quotidienne,
construisant une "civilisation cognitive". C’est aux transformations
sociétales induites par ces nouveaux usages des techniques que l’on
s’intéressera plus précisément.

Par exemple, les instruments de mesure sont des techniques
transformatrices. Ils sont le socle de la science comme le miroir de
la société. Ils font évoluer la connaissance, le système de santé, les
comportements économiques et politiques, conditionnés par les mesures
statistiques et comptables que l’on sera donc conduit à examiner. Les
outils de communication, Internet notamment, transforment
l’enseignement, l’art, le design, les solidarités, la conscience des
enjeux planétaires et, peut-être, demain, la géopolitique. C’est aussi
la manière par laquelle ils opèrent ces changements que l’on tentera
de comprendre. On essaiera enfin de considérer les visions de la
technique dans les autres civilisations ainsi que les implications
philosophiques et éthologiques de l’ethnotechnologie.

Information, inscription :
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/ethnotechnologie09.html



. Smart Mobility Conference
Date : 23-29 septembre 2009
Lieu : Sophia Antipolis, France

L'informatique de confiance mobile tient conférence.
http://www.strategiestm.com/conferences/smart-event/09/smart-mobility/program-committee.htm



. 10e rencontre de l'Internet Research
Date : 7-10 octobre 2009
Lieu : Milwaukee, Etats-Unis

La 10e édition de la conférence internationale de l'association des
chercheurs de l'internet (AoIR, Association of Internet Researchers)
aura lieu à Milwaukee aux Etats-Unis. Le thème sera la critique de
l'internet (des pratiques, des théories, des réseaux, des
technologies...).
Information : http://ir10.aoir.org



. 11e Conférence européenne de la créativité et de l'innovation
Date : 28-29 octobre 2009 Wed Oct 28, 2009 to Thu Oct 29, 2009
Lieu : Bruxelles

La 11e édition de la Conférence européenne de la créativité et de
l'innovation viendra conclure l'Année européenne de la créativité et
de l'innovation (AECI) en Europe - voir l'appel à projet :
http://www.creativite-innovation.lu.
Information, inscription : http://www.eccixi.eu

. PicNic 2009
Date : 23-25 septembre 2009
Lieu : Amsterdam

http://www.picnicnetwork.org
. Rencontres internationales du multimédia d'apprentissage :
Génération C, les 12-24 ans, moteurs de transformation des
organisations
Date : 20-21 octobre 2009
Lieu : Centre des congrès, Québec

Le Cefrio vous invite à participer au plus grand événement jamais
organisé au Québec sur la «génération C». La «génération C», c'est
celle du million et demi de Québécois nés entre 1982 et 1996, ces
jeunes qui ont grandi avec les micro-ordinateurs et Internet et qui
s'en servent pour communiquer, collaborer et créer comme jamais
auparavant dans l'histoire. Les «C» ne sont pas des Québécois tout à
fait comme les autres : ils ont grandi avec les technologies de
l'information (TI) et ont souvent des attentes et des comportements
différents de ceux auxquels les organisations ont été habituées.

- Quels sont les perceptions et les comportements des membres de cette
nouvelle génération ?
- Comment les «C» utilisent-ils les technologies de l'information (TI) ?
- Quelles pratiques permettront aux écoles, aux entreprises et aux
organismes québécois de s'adapter efficacement à la montée en force
des «C» en tant qu’étudiants, consommateurs, travailleurs et citoyens
?

Pour répondre à ces questions, le CEFRIO et une douzaine de
partenaires ont entrepris la plus grande étude jamais réalisée au
Québec sur les perceptions, les comportements et les usages des TI par
les membres de la génération C. Découvrez en primeur les résultats de
cette étude en participant au prochain colloque international du
CEFRIO. À cette occasion, des experts réputés se réuniront pour la
première fois au Québec afin de réfléchir avec vous à l'impact de
l'ascension de cette génération sur la société québécoise.

Information, inscription : http://generationc.cefrio.qc.ca/colloque.html



. Frontières du numérique : réseaux numériques et nouvelles frontières
organisationnelles
Date : 3 et 4 décembre 2009
Lieu : Brest

Les technologies de l’information portent plus que jamais des
promesses de changements dans les entreprises. Elles sont aujourd’hui
l’objet de multiples agencements liés à la collaboration à distance et
à la mobilité dans les pratiques de travail. La recherche de la
compétence technologique constitue un enjeu majeur pour les
organisations qui se trouvent confrontées à de nouvelles exigences
d’apprentissage, associées au développement des réseaux sociaux, du
web 2.0, des technologies mobiles, ou des progiciels à la demande.
Lorsque les entreprises prennent conscience de la nature stratégique
de leurs actifs immatériels, elles cherchent à transformer leur
rapport au savoir et à l’information. Ainsi, les frontières
traditionnelles des organisations se transforment.

Information, appel à communication : http://frontieres-numeriques.brest2009.fr





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