<div>Merci Anne-Rachel pour toutes ces intéressantes informations qui élargissent nos horizons dans ce secteur des TIC en constante évolution.</div>
<div> </div>
<div>Gratien<br><br></div>
<div class="gmail_quote">2009/4/3 Anne-Rachel Inné <span dir="ltr"><<a href="mailto:annerachel@gmail.com">annerachel@gmail.com</a>></span><br>
<blockquote class="gmail_quote" style="PADDING-LEFT: 1ex; MARGIN: 0px 0px 0px 0.8ex; BORDER-LEFT: #ccc 1px solid">Pour infos et abonnement si cela vous interesse.<br><br>InternetActu.net<br><a href="http://www.internetactu.net/" target="_blank">http://www.internetactu.net</a><br>
La synthèse hebdomadaire de la recherche et de l'innovation<br>n°223, le 03 avril 2009<br><br>Si vous rencontrez un problème d'affichage à l'ouverture de ce<br>message, écrire à <a href="mailto:iangtechnique@inist.fr">iangtechnique@inist.fr</a><br>
------------------------------ ------------------------------ --------<br>SOMMAIRE<br>------------------------------ ------------------------------ --------<br><br> * Bonnes feuilles : Les trois web<br> * Le papier contre l'électronique (3/4) : Vers de nouvelles manières de lire<br>
* Revue de web : Avons-nous de "vrais amis" sur les sites sociaux ?<br> * Note de travail : Le nouveau paysage des données personnelles :<br>quelles conséquences sur les droits des individus ?<br> * A lire ailleurs : Envoyer des jeux vidéos dans les nuages - La<br>
théorie du crapaud fou appliquée à l'internet - Les vraies ruptures de<br>Wikipédia - Big data : les technologies et les techniques pour de gros<br>volumes d'information - 100 enseignants tissent le réseau de<br>l'innovation - La tendance au DIY génère des HackerSpaces à travers le<br>
monde - Les ados français accros aux séries américaines améliorent<br>leur anglais - Le défi du 1 % participatif - Les blogs perdent-ils de<br>leur autorité au profit de la statusphère ? - Les enseignes gourmandes<br>de mobiles<br>
* Agenda : 4 avril : eReputationCamp - 4-9 avril : CHI 2009 - 6<br>avril : une histoire des interfaces mobiles on-line - 16 avril : 59e<br>Carrefour des Possibles en Picardie - 17 avril : BarCamp Marseille -<br>...<br>
* Partenariats<br><br>----------------------------- -----------------------------------------<br>BONNES FEUILLES<br>----------------------------------------------------------------------<br><br>. Les trois web<br>Dans Archivage/stockage, Communication interpersonnelle, Médias,<br>
Tribune, Usages, web 2.0, par Invité extérieur, le 30/03/09, 6<br>commentaires, Page vue 2,047 fois.<br><br> “A l’occasion de la parution de De la démocratie numérique au<br>éditions du Seuil (Amazon, Fnac, Place des libraires), Nicolas<br>
Vanbremeersch, fondateur de l’agence de communication Spintank, plus<br>connu sous son pseudonyme de blogueur politique, Versac - qui vient<br>d’ailleurs d’ouvrir un nouvel espace de débat sur Meilcour.fr -, nous<br>a confié les bonnes feuilles de son livre. Dans ce court essai, Versac<br>
ne propose pas un guide concret sur la démocratie électronique, mais<br>plutôt une réflexion sur le web et son fonctionnement, sur ce que<br>l’expérience du réseau transforme dans l&r! squo;espace démocratique.<br>Une réflexion qui aff! irme la complexité et la puissance du web et<br>
explique comment les médiations traditionnelles qui structuraient<br>notre société sont en train de se redéfinir via le numérique. Pour<br>étayer son propos, Nicolas développe la théorie “des trois web”. C’est<br>sur cette intéressante explication du fonctionnement du web que nous<br>
avons choisit de nous arrêter. Extrait.<br><br>Comment comprendre cet espace public que forme le Web, dans ses<br>grandes fonctions ? À quelles logiques répondent les lieux qui<br>composent ce territoire ? (…) Ce qui structure cette représentation,<br>
c’est la vocation dominante de chaque espace, et deux axes de<br>dynamique qui l’animent. (…) Ce schéma n’intègre pas (mais on pourrait<br>l’adapter) d’autres fonctions que l’on remplit sur le Web (le<br>commerce, la pédagogie, les applications et logiciels qu’on y trouve).<br>
Il s’intéresse à la parole, à la connaissance, à l’information.<br><br>Deux axes structurent cet espace. Le premier (l’ordonnée) est assez<br>simple : il va du froid au chaud. Du statique, permanent, au<br>dynamique, à l’actuel. Tout en haut se trouve la nouvelle, celle de la<br>
naissance du bébé transmise à des proches sur un blog, ou l’humeur du<br>moment sur son profil Facebook, comme l’annonce, quelques minutes<br>après son avènement, du record du monde d’Usain Bolt aux Jeux<br>olympiques. Tout en bas, on est dans une logique de données : bases de<br>
données de tous types, informations encyclopédiques, pages de<br>présentation statiques et articles quasi invariants (on pense à ces<br>présentations d’entreprises inchangées depuis des années ou aux<br>articles universitaires).<br>
<br>Bien entendu, il n’y a pas de séparation nette entre l’actualité et le<br>fonds de données. C’est d’ailleurs un des immenses bénéfices du Web<br>que de permettre cette connexion entre la logique d’archive et celle<br>
de l’immédiateté. Une encyclopédie n’est pas morte, sur le Web : elle<br>vit d’ajouts et modifications incessants, Wikipédia nous le rappelle<br>tous les jours, en subissant des milliers de corrections et d’ajouts.<br>Il y a néanmoins deux types extrêmes, deux approches, deux moteurs qui<br>
animent différemment les logiques de publication, de don au public de<br>l’information : l’immédiateté et l’archivage.<br><br>Le deuxième axe est plus complexe, et sans doute aussi plus<br>structurant. À l’extrême droite, on est dans l’ancien monde, issu de<br>
l’espace public traditionnel, celui des autorités instituées et des<br>émetteurs d’information professionnels : universitaires, journalistes,<br>entreprises. Peu surprenant, ces mondes ont adopté, à leur démarrage,<br>une approche de communication et de publication identique à celle<br>
qu’ils pratiquaient hors ligne. L’information y est organisée,<br>descendante, et suit un modèle hiérarchique. L’essentiel est la<br>publication : l’interaction n’y est pas présente ; l’individu non<br>plus, et à peu près aucun processus n’existe effectivement, en ligne,<br>
autour de cette information. Je suis universitaire : je poste sur ma<br>page ou sur un! e banque de données un article téléchargeable. Le Web<br>indexe cette donnée. Point. Je suis journaliste : je publie un article<br>écrit par mes soins. Je suis un parti politique : je mets sur mon site<br>
une page expliquant mon programme. Le contenu n’est souvent, sur ces<br>sites, pas propre au Web : le Web sert ici de lieu d’archivage de<br>contenus numérisés. On est dans une logique médiatique : le Web est<br>utilisé comme un moyen de diffusion.<br>
<br>À l’opposé, la logique sociale domine. Je suis un individu, et<br>j’échange avec d’autres pour concocter une recette de cuisine,<br>j’apprends les résultats du bac du neveu, je monte un procès avec<br>d’autres clients mécontents de ma banque, je poste des photos,<br>
espérant recevoir des encouragements d’autres amateurs, je discute,<br>simplement, du temps qui passe avec d’autres inconnus ou amis, sur mon<br>réseau social. La publication correspond à une publicité des échanges<br>sociaux. On n’est pas dans une logique de médiation, mais de<br>
sociabilité directe. C’est la rue, le café, le dîner chez des copains,<br>le dialogue, mis sur la toile.<br><br>L’espace entre ces deux opposés est évidemment ce qui constitue le<br>cœur du Web. Et c’est de la rencontre de ces logiques et de ces<br>
acteurs, individus, institutions, entreprises, professionnels du<br>savoir et de l’information, que naît l’espace public en ligne. Leurs<br>logiques ne sont pas les mêmes, et leurs connexions pas nécessairement<br>naturelles. Chacun ne cherche pas à aller vers l’autre, mais c’est<br>
dans cette rencontre que réside l’immense nouveauté du Web : la<br>confrontation d’une logique sociale et d’une logique d’information.<br>L’opposition ou la rencontre entre une logique descendante, de<br>l’auteur au lecteur, de l’émetteur au récepteur, sans voix ni voie de<br>
retour, et celle d’une relation entre individus de plain-pied.<br><br>Le Web documentaire<br>Ce que j’appelle le Web documentaire, ce sont ces millions de pages<br>statiques, froides, ayant essentiellement une vocation d’information<br>
de référence. Ici, le contenu domine, seul, non malléable, définitif,<br>sur lequel l’internaute qui le visite n’a pas de prise. Logique<br>documentaire, encyclopédique, donc, principalement, pour ce qui<br>constitue le fonds du Web. On est ici dans un espace qui rappelle le<br>
monde hors ligne : domination du contenu, pas d’interaction, si ce<br>n’est celle de la consultation, du choix d’accès. Souvent, ce qui se<br>trouve dans le Web documentaire ne vient pas de cet espace : c’est<br>juste une mise à disposition d’une connaissance ou de contenus venus<br>
d’ailleurs.<br><br>En volume, ce Web est immense, et apporte déjà la nouveauté de<br>l’abondance de l’information. L’autre nouveauté, c’est l’égal accès de<br>tous à cette information. À une portée de main, articles<br>universitaires, archives de journaux, présentations de sociétés,<br>
rapports de syndicats, tracts, images, vidéos de patrimoine visuel<br>sont ici.<br><br>Les bénéfices de cette mise à disposition sont immenses pour celui qui<br>les cherche, mais l’accès est évidemment complexe. Le projet de<br>
numérisation Google Scholar et son pendant européen Europeana<br>répondent à cette ambition de mise à disposition des contenus. Leur<br>enjeu est non seulement de les numériser, et de les publier, mais<br>aussi de les rendre accessibles, qu’on puisse s’y déplacer comme on<br>
cherche dans le Web. Ces contenus ne sont pas propres au Web. Ils<br>dérivent de l’espace public traditionnel, tout en y retrouvant une<br>nouvelle forme de publicité.<br><br>(…) Il y a peu, la Revue des Deux Mondes, plus vieille revue<br>
intellectuelle d’Europe, a rendu accessible son fonds en ligne. (…)<br>Pour autant, pas de changement d’approche : on se contente de mettre à<br>disposition (…) : on se met à disposition, mais on n’agit pas,<br>proprement, sur cet espace. On crée un pont, voilà l’essentiel, du<br>
monde ancien, pour exister dans l’espace de la connaissance.<br><br>Le Web documentaire est le règne de l’expert, qui délivre son savoir,<br>sans se soucier de sa préhension par autrui. Depuis sa chaire, il met<br>ce qu’il sait et dit, a su, a dit. Mais il ne descend pas. C’est le<br>
lieu de l’artiste, qui, bon gré mal gré, sait qu’il lui faut rendre<br>disponible sa création en ligne, faute de quoi il mourra, mais ne<br>participe pas à des échanges. (…) Beaucoup d’experts, artistes,<br>producteurs d’idées des espaces traditionnels se cantonnent à cette<br>
logique. Produire ailleurs, et mettre à disposition. Pour autant, ce<br>n’est pas l’unique vocation du Web. Il est aussi, pour ces producteurs<br>de connaissance, un espace qui a vocation à accueillir cette<br>connaissance se faisant, à côté de celle produite dans des schémas<br>
issus d’! ;un monde où il n’existait pas.<br><br>La mise à disposition des contenus documentaires, souvent, ne s’adapte<br>pas encore au Web. On publie des articles aux formats imposés par des<br>décennies de contraintes issues du papier. Les richesses du Web sont<br>
peu exploitées, et les instances productrices d’information, de<br>connaissance, peinent à adapter leurs modes et formats de production,<br>et leurs logiques de diffusion. L’article de revue de 4 000 signes<br>est-il une règle inviolable ? L’insertion de liens html dans un<br>
article est-il un signe de détérioration du travail de l’auteur ? La<br>chanson doit-elle se penser en albums de dix titres, chacun de trois<br>minutes, données issues de la contrainte physique du CD et de la radio<br>?<br>
<br>Progressivement, sous l’impact du développement du Web, cet espace<br>documentaire va s’élargir, devenir l’espace de référence. La manière<br>de formuler les idées va s’adapter à l’économie propre à cet espace.<br>Une revue, un article universitaire, un rapport annuel d’entreprise<br>
devront s’ajuster à cet univers, qui sera celui de référence, comme<br>l’univers du papier l’est aujourd’hui. Les revues universitaires et<br>intellectuelles seront numériques, les textes y seront hyperliés, et<br>les travaux seront menés sans doute directement sur cet espace, en y<br>
intégrant une dimension collaborative, un échange public en ligne,<br>entre contributeurs. Wikipédia, autant dans son processus que dans ses<br>formes, préfigure, expérimente ce que peut ! être le réservoir de<br>connaissance de demain, le Web documentaire.<br>
<br>Le Web documentaire constitue ainsi un fonds, accessible, disponible,<br>mais n’ayant – aujourd’hui – largement pas de vie propre en ligne,<br>faute d’interaction et de circulation. Ce qui lui donne vie et grâce,<br>ce sont les autres espaces du Web, le Web de l’information, et le Web<br>
social. Celui qui ne participe pas directement aux logiques<br>interactives du Web n’est pas mort : il laisse simplement à d’autres<br>le soin d’opérer les mécanismes de tri, de hiérarchisation, d’accès.<br><br>Le Web de l’information<br>
Le Web de l’information partage avec le Web documentaire cette<br>approche non interactive, mais se situe dans l’actualité et le chaud.<br>C’est ici le règne du journaliste. (…) Sur le Web de l’information, on<br>trouve donc des sources, qui ne participent pas pleinement à la<br>
logique d’interaction et de collaboration du Web, qui émettent des<br>contenus chauds. Encore une fois, on est dans la transcription de<br>contenus issus de l’espace public traditionnel, essentiellement<br>médiatique, vers le Web.<br>
<br>L’évolution s’accélère, néanmoins. Peu à peu, sous l’impact d’une<br>concurrence accrue, les journalistes comprennent la nécessité<br>d’adapter leur approche aux spécificités de ce média. Il y a trois<br>ans, le site Internet du New York Times était en grande partie composé<br>
d’articles issus du journal papier. Les liens proposés ne renvoyaient<br>qu’à d’autres pages internes du site lui-même, jamais vers<br>l’extérieur, vers d’autres contenus. Aujourd’hui, le site du New York<br>Times est devenu pluri-médias. Il intègre des formats multiples, du<br>
texte, de la vidéo, mais aussi des données, consultables en ligne, des<br>cartes, des graphiques, des compilations de données. Le journaliste,<br>également, change d! e posture.<br><br>De source unique, le journaliste, en ligne, se retrouve en concurrence<br>
permanente. Son contenu est apposé, mis à disposition des internautes<br>à côté de milliers d’autres. On n’y accède pas uniquement à travers la<br>Une de son média, mais par les liens de blogs, de sites multiples, par<br>
des moteurs de recherche et des e-mails envoyés. L’article (ou la<br>vidéo), définitif dans le monde des médias de diffusion, se retrouve,<br>par nature, plus malléable, évolutif. Et, surtout, l’internaute, qui a<br>déjà du pouvoir sur l’information, puisqu’il se déplace librement<br>
entre les sources et effectue ses propres recoupements, de simple<br>spectateur de celle-ci, devient pleinement acteur. Il ne fait pas que<br>lire, mais vote, commente, relie, passe à ses amis, ou veut exercer<br>une co! rrection, un commentaire, un complément. Il peut le faire avec<br>
le journaliste, ou, plus souvent, sans son consentement.<br><br>Le Web de l’information subit une rupture profonde. L’information ne<br>s’émet plus de manière définitive. Les médias perdent des fonctions<br>essentielles, qui fondaient leurs organisations et leurs modèles<br>
économiques. L’hyperconcurrence est là. Les médias perdent peu à peu<br>le monopole de médiation de l’information au profit de l’internaute<br>lui-même. Ils perdent, également, le monopole de l’origine de<br>l’information au profit de nouveaux acteurs, tous émetteurs, en des<br>
endroits multiples, sur leurs blogs, leurs sites.<br><br>(…) Enfin, le journaliste n’est plus seul à hiérarchiser et<br>sélectionner l’information. D’une économie de rareté, celle des médias<br>contraints par le temps ou l’espace, l’information est plongée à<br>
présent dans un monde d’abondance, où quelques journalistes d’une<br>rédaction ne peuvent pas disposer du poids nécessaire pour décider,<br>seuls, de ce qui mérite couverture, de ce qui est important. Les<br>internautes le font avec eux.<br>
<br>La chaîne de production de l’information éclate, et chaque média doit<br>trouver des solutions pour garder une attractivité sur ces fonctions.<br>Collecte ou émission de l’information originale, traitement,<br>sélection, qualification, hiérarchisation ne sont plus le monopole de<br>
professionnels, mais sont partagés avec les internautes. Cela appelle<br>des réinventions, une intégration de nouvelles formes de<br>collaboration. Depuis environ trois ans, elles sont clairement à<br>l’œuvre dans le monde du Web. L’adaptation n’est pas simple : des<br>
années d’équilibres économiques, de savoir-faire, sont remis en<br>question. L’absence de barrières à l’entrée sur le marché de<br>l’information facilite une concurrence vive, l’arrivée permanente de<br>nouveau! x acteurs, avec lesquels les médias doivent composer,<br>
contraints d’évoluer. Des frottements existent, entre journalistes et<br>blogueurs, entre médias et nouveaux intermédiaires de l’information<br>(moteurs de recherche, portails, outils d’agrégation…). La concurrence<br>ne se limite pas à l’intérieur de l’espace public numérique : lui-même<br>
entre en concurrence avec la radio, la télévision, la presse écrite,<br>en offrant une alternative plus riche, plus fonctionnelle, plus rapide<br>dans sa mise à jour, plus personnalisée.<br><br>La révolution ne fait que commencer. On a cependant dépassé un premier<br>
stade, celui de l’irruption inattendue d’un espace nouveau. Le Web se<br>normalise, entre dans le quotidien de professionnels qui ont souvent<br>eu du mal à l’appréhender. Les jeunes générations de journalistes, qui<br>travaillent avec cet espace en arrière-plan depuis leurs débuts,<br>
apprennent à leurs anciens à travailler avec. Évidemment, la mutation<br>s’accompagne d’un discours souvent dur des anciens contre le Web. Sous<br>les discours prophétiques, sous les bénéfices incroyables du Web pour<br>l’information se cache une mise en péril des intermédiaires plus si<br>
nécessaires que sont les médias.<br><br>Le netbashing, la condamnation du Web ou sa désignation comme tête de<br>turc, responsable de toutes les dérives des médias, reste à la mode.<br>On entend souvent dans la bouche de patrons de presse ce discours, qui<br>
veut que le Web serait un lieu de moindre contrôle, de diffusion<br>d’informations fausses, d’excès, de violations de déontologie, de<br>maljournalisme. C’est l’inverse que j’observe : le Web agit souvent<br>comme un moyen formidable d’approfondissement, de plus grand détail<br>
sur l’information, de correction plus rapide des erreurs, comme un<br>accès approfondi, plus riche, à l’actualité. Les quelques grands cas<br>récents d’erreurs journalistiques françaises ne sont d’ailleurs pas le<br>fait d’internautes, ni spécifiques au Web. Elles relèvent ! d’une<br>
difficulté nouvelle, mais d’un travers ancien : le journaliste doit<br>composer avec une concurrence folle. Pour y survivre, on peut miser<br>sur la qualité, la déontologie, l’insertion dans un écosystème<br>d’information ; ou bien préférer le scoop ou l’absence de<br>
vérification, et la fuite en avant.<br><br>Le Web de l’information, c’est ce monde vaste, où chacun accède à ce<br>qui se passe. Le bouleversement qu’il provoque est grand, et ce<br>d’autant plus qu’il doit également composer avec le formidable<br>
développement de la troisième sphère : le Web social.<br><br>Le Web social<br>Une sphère immense de cet espace public qui se forme en ligne n’est<br>pas faite de matériaux bruts, anciens ou récents, mis à disposition<br>par des experts ou journalistes, transmis de l’autre monde. Cette<br>
sphère-là est celle qui relie directement les internautes. Elle répond<br>à une logique d’échange, de partage, de conversation, de rencontre. Le<br>Web social, c’est cet immense espace où nous, internautes, sommes<br>producteurs de multiples informations et contenus, rendus publics en<br>
ligne, où la motivation essentielle est celle du partage. Je blogue,<br>je partage mes favoris avec d’autres internautes, je poste des photos<br>en ligne sur Flickr dans un groupe de passionnés des mêmes sujets que<br>moi, je mets à jour mon profil sur Facebook en signalant une actualité<br>
ou un lien, je corrige une notice s! ur Wikipédia, je commente la<br>vidéo qu’un ami a postée sur Youtube ou Dailymotion, je vote pour une<br>information sur Digg.com. Tout cela, je le fais dans une logique<br>relationnelle, en réseau avec mes pairs.<br>
<br>Le Web social est devenu un sujet d’intérêt, de discours intense<br>depuis quelques années, à tel point qu’on ne considère presque plus<br>que lui. On parle ainsi de « Web 2.0 » pour caractériser cette<br>évolution du Web qui joue la carte de la mise en réseau des<br>
internautes producteurs de contenus, de liens, d’interactions de tous<br>types. Le terme de « Web 2.0 » me semble faux : il induirait une<br>rupture avec une première étape dans l’histoire de l’Internet. Or, dès<br>ses débuts, le Web contenait cette logique : les premières pages<br>
publiées sur le Web l’ont été par des internautes, acteurs de domaines<br>dont ils n’avaient pas la charge professionnelle. Les premières<br>applications du Web ont été des fonctions sociales : la discussion, !<br>le commentaire en commun, la prise de nouvelles, le partage<br>
d’information, directement entre individus. Les toutes premières pages<br>Web publiées ressemblaient, à vrai dire, à un blog ou à un Facebook,<br>en moins élaborées. Deux éléments, outre les aspects technologiques,<br>me semblent justifier une évolution. La première tient à la<br>
concentration sur l’individu, plus que sur le collectif : les<br>premières applications de partage social en ligne (les listes de<br>discussion, les newsgroups, les forums de discussion) étaient<br>collectives. Les nouveaux services (blogs, réseaux sociaux) replacent<br>
l’individu au cœur de l’action, en lui permettant de se mettre en<br>réseau avec d’autres. La nouveauté tient également à l’adoption de<br>standards d’échange et de partage de la relation. Un blog, un r&eacu!<br>te;seau social, Twitter, Flickr, ce sont avant tout des logiq! ues de<br>
n ormes d’information, de flux standardisés, de codes qui se sont<br>imposés rapidement comme des usages appréhensibles par un grand<br>nombre. Sans ces standards, cette homogénéité des formats et de<br>l’information, sans cette qualification (encore rudimentaire<br>
aujourd’hui), il n’y aurait pas de « blogosphère », mais des millions<br>de sites ne pouvant pas dialoguer, se mettre en réseaux. Pour former<br>société, il faut adopter des codes, des règles, se conformer à des<br>pratiques communes. Le Web dispose de ses propres pratiques, de ses<br>
standards d’information : le billet de blog, le commentaire, le tag<br>(l’étiquette textuelle que l’on appose pour qualifier une<br>information).<br><br>La figure emblématique de cet espace est le blogueur. C’est une<br>réduction ; des millions d’individus ne tiennent pas un blog, mais<br>
contribuent, par les petites choses qu’ils font en ligne, à alimenter<br>le Web d’un discours et d’une multiplicité de contenus : photos,<br>vidéos, liens, commentaires, messages de tous types, construction<br>d’articles à plusieurs sur des wikis, ces pages modifiables par tous<br>
(et dont l’application sur l’encyclopédie Wikipédia est la<br>manifestation la plus emblématique), rencontres, profils personnels et<br>tartes à la crème (virtuelles) envoyées à la figure d’amis sur<br>Facebook constituent cet espace, immense et formidablement divers. (…)<br>
<br>Ce qui relie cette diversité, néanmoins, tient à trois logiques<br>essentielles, qui distinguent cet espace des deux autres (le Web<br>documentaire et le Web de l’information).<br><br>D’une part, chacun peut participer, pourvu qu’il soit connecté. Chacun<br>
participe, d’ailleurs, à son niveau. La participation à ces espaces<br>n’est pas uniforme, et se vêt d’habits multiples, qui correspondent à<br>autant de fonctions distinctes. On publie des articles, des photos,<br>des vidéos, on commente, on note, on transmet, on relie. Les moyens<br>
d’expression sont aussi variés que les personnes qui souhaitent le<br>faire.<br><br>D’autre part, la sociabilité est au cœur de ces logiques. J’ai<br>remarqué que nombre de personnes sous-estiment la part de rencontres<br>
et de relation qui sous-tend ces échanges. Souvent, quand on me<br>questionne sur ma pratique du blog, on me prend pour une sorte<br>d’écrivain virtuel, seul devant sa feuille de papier numérique. Or,<br>dans toutes ces pratiques, c’est l’échange qui nourrit et qui fait<br>
vivre. Un blog, ce sont des rencontres et des échanges, qui ont un<br>caractère très social. Les skyblogs d’adolescents – Skyblog est la<br>plateforme de blogs créée par la radio Skyrock – sont des pratiques de<br>groupe qui sont des prolongations des logiques tribales propres à<br>
l’adolescence ; les forums de discussion thématiques entretiennent une<br>hiérarchie et des relations inter! personnelles fortes ; les blogueurs<br>d’une ville aiment à se rencontrer autour d’un verre ; les<br>commentateurs d’un blog forment une microsociété, avec des rites et<br>
des reconnaissances propres à un groupe constitué de manière lâche.<br><br>La relation est au cœur de la motivation. Sans elle, ces productions<br>ne sont rien.<br><br>Enfin, la publicité devient un principe dominant. Ce qui est<br>
véritablement nouveau, finalement, c’est le principe de publicité des<br>échanges et des productions de soi. C’est un peu un mystère, que des<br>sociologues explorent, mais qui reste partiellement insoluble :<br>comment se fait-il que ces millions de gens laissent ainsi accessible<br>
au tout-venant une part d’eux-mêmes ? La réponse tient souvent aux<br>bénéfices associés à cette publicité. Ils sont immenses. Se rendre<br>disponible en ligne, bloguer sur ses sujets, poster des photos dans la<br>toile, c’est permettre la rencontre, l’échange. Découvrir un blogueur<br>
talentueux et avoir la possibilité de se mettre en relation directe<br>avec lui est un plaisir difficile à décrire, jubilatoire, tant l’accès<br>est aisé. C! e principe de publicité de soi est extrêmement varié,<br>dans ses modes d’expression, mais contient en germe un fait nouveau :<br>
un volume immense de personnes se édiatise en ligne, rendant<br>accessible à tout le monde, de manière anonyme ou affichée, des bouts<br>de soi, des productions personnelles. C’est un fait majeur que cette<br>médiatisation de soi, qu’elle soit sur un blog, sur Youtube ou sur un<br>
réseau social comme Myspace ou Facebook.<br><br>Nicolas Vanbremeersch<br><br>Extrait de De la Démocratie Numérique, Le Seuil, 2009 (Amazon, Fnac,<br>Place des libraires)! .<br><br>Lien permanent et réaction en ligne :<br>
<a href="http://www.internetactu.net/2009/03/30/les-trois-web/" target="_blank">http://www.internetactu.net/2009/03/30/les-trois-web/</a><br><br>----------------------------- -----------------------------------------<br>LE PAPIER CONTRE L'ELECTRONIQUE<br>
----------------------------------------------------------------------<br><br>. Le papier contre l’électronique (3/4) : Vers de nouvelles manières de lire<br>Dans Articles, Débats, Médias, par Hubert Guillaud, le 31/03/09, 6<br>
commentaires, Page vue 1,422 fois.<br><br>Comme le résume bien le philosophe Larry Sanger - en réponse à<br>l’inquiétude de Nicolas Carr se plaignant d’être devenu incapable de<br>lire des documents longs à force de parcourir des formes courtes sur<br>
le web -, si nous ne sommes plus capables de lire des livres, ce n’est<br>pas à cause d’un déterminisme technologique, mais uniquement à cause<br>d’un manque de! volonté personnelle. La question est alors de savoir :<br>le média a-t-il un impact sur notre capacité de concentration ?<br>
<br>Quel est l’impact du média sur notre capacité de concentration ?<br>Pour l’écrivain Jeremy Hatch, qui pour seul bagage avance avoir lu les<br>Confessions de Thomas De Quincey ou les mémoires de Tolstoy sur son<br>PDA :<br>
<br> “Notre capacité à nous concentrer sur un long texte ne dépend pas<br>du média qui le délivre, mais de notre discipline personnelle et de<br>l’objectif que nous avons quand nous lisons. Si vous vous asseyez pour<br>
lire Guerre et Paix avec le but de vous faire plaisir, que vous ayez<br>du papier ou du plastique entre vos mains, vous vous attendez à être<br>attentifs à votre lecture, pendant des heures entières, peut-être un<br>jour complet. Quand vous vous asseyez pour lire vos fils RSS, vous<br>
focalisez votre attention sur de courtes rafales, cinq minutes là,<br>vingt ici, peut-être une heure sur un long article qui va<br>particulièrement vous intéresser.<br><br> A en croire mon expérience, il suffit de le vouloir pour ignorer<br>
les distractions qu’offre le web, et le web permet aussi de faire des<br>recherches profondes ou contemplatives à un degré qui s’étend bien<br>au-delà des amas de livres des bibliothèques publiques. Il y a des<br>inconvénients à chaque époque, mais je ne pense pas que les<br>
inconvénients de la nôtre se concrétisent par la disparition de la<br>pensée profonde et de la méditation, ou du bonheur de se perdre dans<br>de très bonnes oeuvres littéraires. Les gens continueront d’avoir<br>besoin de toutes ces choses, à la fois pour le travail et le<br>
développement personnel, ce besoin ne restera pas négligé très<br>longtemps.”<br><br>“L’expérience de Jeremy est plutôt proche de la mienne”, poursuit Kevin Kelly :<br><br> “Je pense que l’espace de la littérature est orthogonal au<br>
cyberspace et à l’espace de la lecture. Vous pouvez vous plonger dans<br>un livre en ligne aussi bien que dans un livre papier, et vous pouvez<br>passez d’une idée l’autre sur le papier aussi bien qu’avec un livre au<br>format électronique. Il est vrai que le média est lui-même un message<br>
(comme l’expliquait Mac Luhan), mais nous habitons maintenant un<br>Intermedia, le média des médias, où chaque média coule dans un autre<br>ce qui rend difficile de tracer des frontières entre eux. Le livre est<br>à la fois dans le cyberspace et dans l’espace de la littérature. Qu’il<br>
soit plus grand ou plus petit que nous le pensons, il est certain que<br>nous sommes en train de le redéfinir.&r! dquo;<br><br>D’un point de vue neuroscientifique, nous explique le professeur<br>Laurent Cohen de l’Unité de neuroimagerie cognitive de l’Inserm,<br>
auteur de L’homme thermomètre et de Pourquoi les chimpanzés ne parlent<br>pas, “le support ne créé pas beaucoup de différences au niveau<br>visuel”. Techniquement parlant, c’est-à-dire du point de vue des<br>capacités de lecture, l’écran ou le papier ne changent rien au<br>
processus de la lecture, si l’on prend le même texte proposé d’une<br>manière brute sur l’un ou l’autre support. Les caractéristiques<br>physiques du livre génèrent certaines habitudes de lecture, mais rien<br>que l’évolution des supports ne puisse demain faire évoluer, nous<br>
confie le collègue du professeur Stanislas Dehaene, l’auteur des<br>Neurones de la lecture. Bien sûr, l’écran de nos ordinateurs a<br>tendance à générer des “distractions exogènes” qui demandent un effort<br>cognitif plus important pour rester focalisé sur un sujet ou un texte.<br>
Mais ce n’est pas le support en tant que tel qui est en cause, mais<br>bien les distractions qu’il génère. Ce n’est pas lire à l’écran qui<br>nous perturbe : c’est lire connecté, lire en réseau.<br>C’est le réseau qui nous distrait !<br>
L’écrivain de Science-Fiction Cory Doctorow, pourtant blogueur prolixe<br>sur l’un des blogs américains les plus lus, BoingBoing, l’a bien<br>compris, quand il donne ses conseils pour écrire à l’ère de la<br>connexion permanente : c’est la connectivité qui nous distrait ! Ce<br>
sont les distractions que le réseau et les outils numériques<br>facilitent, parce qu’elles favorisent des micro-interactions<br>constantes, des mises à jour continues… L’ordinateur nous conduit à<br>être multitâches, comme on l’entend souvent, désignant par là même non<br>
pas la capacité à faire tout en même temps, mais à accomplir de<br>multiples tâches qui cognitivement demandent peu d’attention comme<br>l’explique clairement Christine Rosen. Appuyer sur un bouton ! pour<br>relever ses mails, consulter son agrégateur d&rsq! uo;infor mation, sa<br>
messagerie instantanée en même temps et avoir plusieurs pages web<br>ouvertes est devenu courant. Avec tous les outils qui nous entourent,<br>les sollicitations sont constantes, et il faut reconnaître qu’il est<br>facile de se perdre en surfant, alors qu’on avait commencé par vouloir<br>
lire un texte un peu long et qu’une recherche pour éclaircir un point<br>nous a fait oublier notre objectif initial.<br><br>Faut-il imaginer des outils qui nous déconnectent selon ce qu’on lit<br>pour favoriser notre concentration ? Ou capables de mieux hiérarchiser<br>
nos priorités (favorisant les distractions selon la qualité des<br>expéditeurs ou les empêchant selon le type d’outils qu’on est en train<br>d’utiliser par exemple…) ? Les études commencent à s’accumuler sur les<br>méfaits de cette distraction permanente (comme celle-ci relevée<br>
récemment par l’Atelier, qui montre que la conne! xion continue sur<br>son logiciel de réception de mail n’est pas bonne pour la productivité<br>des salariés). Elles soulignent le besoin d’une véritable écologie<br>informationnelle. Mais il semble bien qu’il y ait là encore beaucoup à<br>
faire pour que les outils soient aussi fluides que nos pratiques.<br><br>Pour autant, il est probable qu’on puisse de moins en moins lire en<br>n’étant pas connecté. La solution de couper notre lecture du réseau ne<br>semble pas devoir être à terme une solution pour retrouver le calme<br>
qui sied à une lecture profonde. Au contraire ! Comme le prédit Bob<br>Stein, de l’Institut pour le futur du livre, à la conférence Tools of<br>Change for Publishing 2009 (vidéo - voir le compte rendu de Marin<br>Dacos du Centre pour l’édition électronique ouverte), pour nos petits<br>
enfants, la lecture sera une expérience éminemment socialisée.<br>C’est-à-dire que la lecture à l’avenir ne sera plus une expérience<br>isolée, close, fermée sur elle-même - pour autant qu’elle ne l’ait<br>jamais été -, mais une expérience ouverte aux autres lecteurs et aux<br>
textes en réseaux, qui prendra du sens en s’intégrant dans<br>l’écosystème des livres et des lecteurs. Pourrons-nous lire demain des<br>livres sans accéder à leurs commentaires, au système documentaire qui<br>va naître de cette mise en réseau des contenu! s permettant d’accéder<br>
aux livres et blogs qui c! itent ce livre, aux passages les plus<br>importants signalés par l’analyse de toutes les citations faites d’un<br>livre ? L’interface de Google Books préfigure peut-être ces nouvelles<br>formes de lecture (voir par exemple, la page de références, de<br>
citations, de meilleurs passages et de recommandation d’un livre<br>référencé dans Google Books comme We The Media de Dan Gillmor). La<br>lecture ne sera plus une expérience solitaire, car en accédant au<br>livre, à un article, on accédera aussi aux lectures d’autres lecteurs<br>
et surtout à son importance culturelle, au système qui le référence…<br><br>Notre mode de lecture change parce que le numérique favorise de<br>“nouvelles manières” de lire<br>Les premières études sur les usages des livres électroniques montrent<br>
bien qu’on ne les utilise pas de la même façon que les livres papier.<br>On pioche plus facilement des passages ou des chapitres plutôt que<br>d’avoir une lecture linéaire. Sans compter qu’on n’a pas les mêmes<br>usages selon les types de contenus qu’on consulte : on a plutôt<br>
tendance à télécharger certaines formes littéraires et à accéder en<br>ligne à d’autres, comme l’expliquaient certains des spécialistes du<br>secteur à la conférence TOC 2009.<br><br>Sous forme électronique, la lecture linéaire n’est plus le seul mode<br>
d’accès aux contenus. Au contraire, le passage à l’électronique<br>“augmente” le livre. On peut interroger les contenus, aller chercher<br>ce qu’ils renferment, établir des interactions documentaires en<br>croisant des contenus de natures différentes… L’électronique favorise<br>
des accès partiels certes, mais il ne faut peut-être pas les entendre<br>comme une régression, mais bien comme le développement d’un autre mode<br>de lecture. Le changement de paradigme que suppose le livre<br>électronique ne signifie peut-être pas un accès partout, en tous lieu,<br>
à tout moment, sur un mode plutôt linéaire (comme le propose le livre<br>papier), mais ouvre ! de nouveaux contrats de lectures, de nouveaux<br>modes d’accès aux contenus, dont la recherche documentaire et donc<br>l’accès partiel est certainement le mode appelé le plus à progresser.<br>
<br>Assurément, à l’heure de l’électronique, le rapport à l’information, à<br>ce que nous lisons est différent, parce que la posture de lecture est<br>différente. Avec le livre, je lis, je suis dans un moment à part,<br>j’absorbe l’information. Avec les écrans, ou avec un livre<br>
électronique, bien souvent, je lis et écris, ou je lis et communique.<br>La posture de lecture n’est pas exactement la même. Nous accédons à de<br>nouvelles manières de lire, qui brouillent les questions de lecture,<br>nos façon de les mesurer et de les comptabiliser.<br>
<br>Hubert Guillaud<br><br>Pour ceux qui souhaiteraient plus loin sur les transformations du<br>livre par le numérique, je vous invite à consulter le blog que je<br>dédie au sujet depuis plusieurs années, LaFeuille, et notamment la<br>
récente présentation “Qu’est-ce qu’un livre à l’heure du numérique ?“.<br><br>Lien permanent et réaction en ligne :<br><a href="http://www.internetactu.net/2009/03/31/le-papier-contre-l%E2%80%99electronique-34-vers-de-nouvelles-manieres-de-lire/" target="_blank">http://www.internetactu.net/2009/03/31/le-papier-contre-l%E2%80%99electronique-34-vers-de-nouvelles-manieres-de-lire/</a><br>
<br><br><br>----------------------------- --------------------------------- --------<br>REVUE DE WEB<br>----------------------------------------------------------------------<br>. Avons-nous de “vrais amis” sur les sites sociaux ?<br>
Dans Communautés, Usages, réseaux sociaux, web 2.0, par Hubert<br>Guillaud, le 02/04/09, 2 commentaires, Page vue 760 fois.<br><br>On le sait, les sites sociaux prennent de plus en plus d’importances<br>dans nos usages quotidien. La dernière étude de Nielsen (.pdf) sur le<br>
sujet, souligne d’ailleurs que les sites sociaux sont devenus le 4e<br>usage des internautes (passant devant l’e-mail, mais demeurant<br>derrière la recherche ou l’accès aux portails d’information).<br><br>Parmi tous les chiffres disponibles sur Facebook, Cameron Marlow,<br>
sociologue chez Facebook, en a récemment publié quelques-uns<br>d’intéressants qui précisent la teneur du graphe social qui nous relie<br>à nos relations sur Facebook. La question à laquelle a cherché à<br>répondre le chercheur est de savoir si Facebook permet d’augmenter la<br>
taille de nos réseaux personnels. Selon une étude des ann! ées 90,<br>menées par plusieurs chercheurs, visant à estimer la taille des<br>réseaux personnels de chacun, celle-ci avait estimé que le nombre de<br>personnes que nous connaissons dans la vie variait entre 300 et 3000.<br>
Sur Facebook, le nombre moyen d’amis tourne autour de 120, rappelle le<br>sociologue, pour un réseau qui n’a que 5 ans d’existence et qui,<br>malgré sa forte croissance, ne recense pas encore toute la population<br>du globe. Parmi nos relations, il y a toujours un petit groupe de<br>
personnes avec lesquelles nous communiquons de manière continue et<br>régulière. Dans les années 90, le sociologue Peter Mardsen, avec des<br>méthodes d’enquêtes traditionnelles, avait estimé que le nombre de<br>personnes avec lesquelles un Américain peut discuter de questions<br>
importantes tournait autour de 3. Selon les travaux menés par Gueorgi<br>Kossinets et Dunca! n Watts, qui ont analysé nos relations par e-mail,<br>le ! nombre d e contacts avec qui nous entretenons des relations<br>soutenues tournerait plutôt entre 10 et 20 personnes. Mais on voit<br>
bien dans ces deux résultats qu’il y a là un biais selon le support<br>qu’on utilise pour essayer de mesurer nos amitiés. L’étude Cameron<br>Marlow n’évite pas cet écueil et ses résultats ne semblent pas<br>généralisables au-delà des effets de la plateforme.<br>
<br>Cameron Marlow et ses collègues ont identifié 4 types de relations différentes :<br><br> * notre réseau : c’est-à-dire l’ensemble des personnes qui ont<br>accepté d’être notre “ami”, ou plutôt d’entrer dans le cercle de nos<br>
relations affichées (voire la critique de danah boyd sur la notion<br>“d’ami”).<br> * ceux avec qui on a des communications réciproques : c’est-à-dire<br>les “amis” auxquels on répond et qui nous répondent dans cet ensemble<br>
de relation socio-technique.<br> * ceux avec qui il n’y a qu’une voie de communication :<br>c’est-à-dire les “amis” où il n’y a qu’une des deux personnes qui<br>communique, et jamais l’autre.<br> * ceux avec qui il y a des relations soutenues : c’est-à-dire ceux<br>
avec lesquels les échanges bidirectionnels sont soutenus et dont on<br>regarde le profil “au moins 2 fois en 30 jours” !<br><br>Si l’on en croit les résultats obtenus par Cameron Marlow et son<br>équipe, nos relations soutenues sont plutôt rares sur ce type de<br>
plateforme. Pour un utilisateur moyen qui compte 150 “amis”, nous<br>établissons des relations soutenues seulement avec 5 personnes (7 si<br>vous êtes une femme). Si votre réseau relationnel est plus petit (50<br>personnes), le nombre de personnes avec lesquelles vous aurez des<br>
relations soutenues sera plus faible (3 personnes pour les hommes, 4<br>pour les femmes). Si au contraire votre réseau relationnel est plus<br>grand (500 personnes), le nombre de personnes avec lesquelles vous<br>aurez des relations soutenues sera plus fort (10 pour les hommes, 16<br>
pour les femmes). Nos relations soutenues seraient donc<br>proportionnelles à la taille de notre réseau de relation : diminua! nt<br>très très légèrement à mesure que celui-ci augmente (on passe de 0,06<br>% de relations soutenues sur un réseau de 50 amis à 0,02 % sur un<br>
réseau de 500 amis), à se demander, comme l’exprimait Bernard Lunh sur<br>le ReadWriteWeb, s’il n’y a pas un effet inverse à l’échelle du<br>réseau. Si mon réseau social est composé de trop de gens, je ne peux<br>pas porter assez d’attention à chacun et les relations ont tendance à<br>
s’estomper.<br><br>Reste qu’en nombre relatif, l’étude vient contredire l’idée que les<br>“réseaux sociaux en ligne ne savent pas vraiment augmenter le nombre<br>de nos relations sociales” que nous évoquions il y a quelque temps.<br>
Visiblement, si l’on investit la plateforme (en temps, en compétences…<br>en attention), le nombre de nos relations soutenues peut y augmenter<br>sensiblement. Il y a là certainement un effet technique : en passant<br>du temps et en acquérant des compétences et des savoir-faire sur<br>
Facebook, on parvient à développer nos réseaux relationnels<br>réciproques, unidirectionnels et soutenus, comme si on arrivait à<br>inviter le coeur de nos relat! ions à s’y investir à mesure qu’on s’y<br>investit soi-même. Reste à savoir si les relations soutenues<br>
correspondent à des relations fortes ou avec des proches, ou au<br>contraire à des relations avec des gens qui maîtrisent les techniques<br>qui sous-tendent ces systèmes sociotechniques.<br><br>L’étude de Marlow montre également qu’à mesure qu’on s’y investit,<br>
Facebook permet d’augmenter “l’empan relationnel des individus”, nous<br>explique le sociologue Dominique Cardon. Il n’agit pas vraiment sur<br>les liens les plus forts (famille, amant(e)s et confidents), mais sur<br>tous les autres : “ceux avec qui on travaille, on fait du sport, ceux<br>
qu’on connaît bien, qu’on connaît peu, qu’on aimerait connaitre mieux,<br>ceux qui s’intéressent à nous, ceux qu’on intéresse, ceux qui nous<br>font rires, ceux qui connaissent des trucs. Facebook montre qu’il y a<br>une très grande élasticité de ce nombre d’amis là. Comme on le voit<br>
dans l’enquête, le sexe joue un rôle impor! tant, mais également<br>l’âge, le niveau social et culturel… Ce qui serait intéressant, c’est<br>de décomposer les chiffres auxquels accède Marlow par variable<br>sociologique pour montrer que notre nombre d’amis ne repose pas sur<br>
une limite naturelle, mais sur des inégalités sociales et<br>culturelles.”<br><br>“S’il y a un effet performatif des réseaux sociaux, c’est peut-être<br>que derrière cette prescription à exhiber et compter ses friends, on<br>
produit et on accentue des inégalités”, conclut Dominique Cardon.<br><br>Via The Economist, danah boyd et Thibaut Thomas.<br><br>Lien permanent et réaction en ligne :<br><a href="http://www.internetactu.net/2009/04/02/avons-nous-de-vrais-amis-sur-les-sites-sociaux/" target="_blank">http://www.internetactu.net/2009/04/02/avons-nous-de-vrais-amis-sur-les-sites-sociaux/</a><br>
<br><br>----------------------------- --------------------------------- --------<br>NOTE DE TRAVAIL<br>----------------------------------------------------------------------<br><br>. Le nouveau paysage des données personnelles: quelles conséquences<br>
sur les droits des individus ?<br>Dans Comptes rendus, Droits numériques, Gouvernance, Gouvernance de<br>l'internet, Identité numérique, identités actives, par Daniel Kaplan,<br>le 03/04/09, Aucun commentaire,| Page vue 42 fois.<br>
<br>À propos de ce document : pourquoi, pour quoi faire, comment contribuer ?<br>Le travail "Informatique & Libertés 2.0 ?" (notez le point<br>d’interrogation) est né au sein du programme "Identités actives" de la<br>
Fing. Ce programme s’intéresse aux manières dont les individus, se<br>servent de leur(s) identité(s) numérique(s) pour devenir stratèges de<br>leur propre existence.<br><br>De manière transverse aux différents thèmes abordés par le programme,<br>
nous avons pressenti que l’émergence de ces pratiques, au travers par<br>exemple des sites sociaux, des blogs ou encore des pseudonymes et<br>avatars qui fleurissent sur les réseaux, questionnait aussi l’édifice<br>juridique actuel autour de la protection de la vie privée.<br>
<br>Un groupe de travail s’est réuni pour approfondir cette intuition. La<br>note de travail qui vous est soumise rend compte de ses travaux.<br><br>Nous en sommes à la fois satisfaits et insatisfaits.<br><br>Nous pensons qu’elle souligne quelques transformations importantes qui<br>
doivent être prises en compte à un niveau politique autant<br>qu’économique ou technique. Nous avons le sentiment de proposer<br>quelques pistes nouvelles.<br><br>Mais il reste du travail pour en faire une plate-forme partagée à<br>
partir de laquelle des recommandations peuvent émerger, des projets<br>peuvent naître. Pour certains lecteurs, le document devrait<br>s’intéresser plus précisément aux risques autant qu’aux opportunités.<br>Pour d’autres, il ne fait pas assez le tri entre de vraies nouveautés<br>
et des tendances bien connues et traitées depuis longtemps par les<br>acteurs du monde "informatique & libertés". Enfin, les pistes de<br>réponse demeurent sommaires et certainement incomplètes.<br><br>Nous avons donc choisi de mettre le document de travail en ligne, en<br>
l’état, pour le soumettre à discussion.<br><br>Vous pouvez le lire sur le web ou le télécharger. Vous pouvez publier<br>vos commentaires ou nous les envoyer par retour d’e-mail à<br><a href="mailto:charles.nepote@fing.org">charles.nepote@fing.org</a>, <a href="mailto:rfrancou@fing.org">rfrancou@fing.org</a> et <a href="mailto:dkaplan@fing.org">dkaplan@fing.org</a>.<br>
<br>Ces commentaires peuvent proposer des corrections, des rectifications,<br>des idées nouvelles, ou faire état de projets ou de réalisations qui<br>vous paraitraient pertinents.<br><br>A partir de vos contributions, nous produirons une ou plusieurs<br>
autre(s) version(s) de ce document, dans l’objectif d’une publication<br>au plus tard mi-2009. Avant d’y parvenir, nous vous proposerons<br>plusieurs manières d’interagir, en ligne et hors ligne. Même après<br>publication, le contenu du document restera librement accessible et<br>
utilisable, et soumis à discussion. Les contributeurs seront enfin<br>tous cités dans la publication, à supposer bien sûr qu’ils<br>l’acceptent.<br><br>Nous vous remercions par avance de votre contribution à ce travail collectif.<br>
<br>Daniel Kaplan, Charles Nepote, Renaud Francou<br><br>Sommaire<br>À propos de ce document : pourquoi, pour quoi faire, comment contribuer ?<br>Introduction : “Informatique et libertés 2.0″ ?<br>Première partie : Le nouveau paysage des données personnelles<br>
Partout, tout le temps, de toutes parts : le nouveau régime des<br>“données à caractère personnel”<br>De nouveaux moteurs comportementaux et économiques<br>Le nouveau contexte de l’action publique<br>Seconde partie : De la protection à la maîtrise : nouveaux droits,<br>
nouveaux outils<br>De nouvelles marges de manœuvre pour les individus<br>De nouvelles réponses collectives<br>Retracer des “lignes rouges”<br>Conclusion provisoire<br><br>Introduction : “Informatique et libertés 2.0″ ?<br>
<br>Les 30 ans de la loi Informatique & Libertés offrent l’occasion de<br>réfléchir à l’avenir de la vie privée dans nos sociétés numérisées, en<br>tenant compte des évolutions intervenues depuis dans les pratiques<br>
sociales, l’économie, les politiques publiques, la technologie et son<br>emploi.<br><br>Certains des défis auxquels la loi de 1978 fait face sont déjà<br>amplement documentés : le passage d’une informatique lourde et<br>centralisée à une informatique en réseau et décentralisée ; une loi<br>
conçue pour faire face à des menaces venant des acteurs publics dans<br>un monde où la grande majorité des fichiers sont privés ; une loi<br>nationale face à des acteurs mondiaux et des réseaux sans vraie<br>frontière, etc.<br>
<br>Mais d’autres nous paraissent de nature à déplacer le terrain même sur<br>lequel s’est constitué l’édifice juridique actuel en matière<br>d’informatique et de libertés – qui ne se limite d’ailleurs pas à la<br>loi du même nom. Le droit d’expression, le droit de propriété, le<br>
droit à l’image, sont également concernés.<br><br>Du village fortifié à la tête de pont<br>Il ne s’agit pas non plus d’envisager le (ou les) droit(s) sous un<br>angle uniquement protecteur. Les individus ne se préoccupent pas<br>
seulement (quand ils s’en préoccupent) de défendre leur vie privée, il<br>est tout aussi important pour eux de constituer, d’affirmer,<br>d’exploiter leur identité publique dans un monde en réseau.<br><br>Autrement dit, nous devons passer d’une approche de la vie privée et<br>
de l’identité publique perçues comme une sorte de village fortifié –<br>entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de<br>déborder de ses propres frontières – à la tête de pont, que l’on<br>défend certes, mais qui sert d’abord à se projeter vers l’avant.<br>
<br>Des pistes à discuter<br>Dans le cadre du programme “Identités actives” de la Fing, un groupe<br>de travail pluridisciplinaire et resserré s’est fixé pour but<br>d’explorer, parmi les nouveaux défis auxquels la démarche<br>
“informatique et libertés” fait face aujourd’hui et pour l’avenir,<br>ceux qui peuvent être considérés comme de “nouveaux paradigmes”. Par<br>“nouveaux paradigmes”, nous entendons des transformations profondes du<br>contexte même dans lequel les questions se posent et les réponses se<br>
proposent.<br><br>Cette note propose une première synthèse, intermédiaire, des<br>réflexions et des propositions de ce groupe.<br><br>Elle doit être considérée comme une plate-forme de discussion, plutôt<br>que comme une production finie. Les pistes qu’elle esquisse doivent<br>
être affinées, critiquées, retravaillées. Nous assumons ces limites.<br>Notre espoir est que cette note contribue à ouvrir le débat, à<br>l’orienter sur des voies nouvelles qui nous paraissent encore peu<br>explorées.<br>
<br>Première partie : Le nouveau paysage des données personnelles<br><br>Nous avons l’habitude d’aborder le lien entre informatique et vie<br>privée sous l’angle de la protection des individus face à des<br>entreprises ou un État avides de données, dans un contexte où les<br>
“fichiers” sont des bases de données structurées, issues de<br>formulaires.<br><br>Tout cela change profondément.<br><br>D’une part, toute information, toute image, toute contribution en<br>ligne, peut acquérir un jour un caractère personnel et circuler, se<br>
répliquer au point de devenir difficilement effaçable. D’autre part,<br>les individus se préoccupent au moins autant de s’exposer, de<br>valoriser leur image, d’étendre leur réseau de relations, que de se<br>protéger. Enfin, tant en ce qui concerne les entreprises que l’Etat,<br>
les informations personnelles constituent la matière première<br>essentielle d’une “économie de la connaissance” qui s’appuie sur la<br>personnalisation, la réactivité, l’agrégation de services autour de<br>l’individu, la mobilité et la continuité.<br>
<br>Partout, tout le temps, de toutes parts : le nouveau régime des<br>“données à caractère personnel”<br>Le changement d’échelle, en termes de nombre de fichiers, d’acteurs<br>ainsi que de sources de collecte, capture et traitement d’informations<br>
à caractère personnel, constitue la première évolution majeure du<br>contexte.<br><br>Ce sujet paraît a priori bien connu, mais en réalité, plusieurs<br>phénomènes récents demeurent assez mal pris en compte.<br><br>Des données structurées aux grains d’information<br>
Au-delà des données classiquement répertoriées dans les champs de<br>bases de données, et dont la signification est en général assez<br>explicité, on assiste à la multiplication de données à caractère<br>personnel d’une nature beaucoup plus informelle : productions et<br>
expressions diverses d’un individu, messages, contacts, relations et<br>liens, jugements de ou à propos de la personne, commentaires, images,<br>rumeurs, traces de passage ou d’usage… autant de “grains”<br>d’information, jusqu’ici difficilement exploitables à grande échelle,<br>
mais dont la forme numérique permet désormais de faire plus aisément<br>usage.<br><br>Ces informations peuvent avoir été fournies par l’individu concerné,<br>ou par des tiers. Elles sont souvent informes, incluses de fait et<br>
sans indication particulière dans un texte ou une image. Mais elles<br>deviennent de plus en plus aisément exploitables grâce aux moteurs de<br>recherche, aux systèmes de datamining ou d’analyse sémantique, aux<br>logiciels de reconnaissance des formes, aux graphes de réseaux<br>
sociaux, etc.<br><br>Une multitude de sources nouvelles<br>Les sources de données à caractère personnel susceptibles d’être<br>exploitées se multiplient, tant en nombre (ce qui ne constituerait pas<br>nécessairement une évolution majeure) que dans leurs natures.<br>
<br>Au-delà des sources classiques, entreprises et administrations, on<br>constate que :<br><br> * Les individus eux-mêmes transmettent, publient, externalisent…<br>des volumes croissants d’information qui peuvent avoir un caractère<br>
personnel, voire intime.<br> * Des tiers peuvent également produire des informations concernant<br>un individu : en parlant de lui sur un blog, en étiquetant une photo<br>de lui, en commentant une de ses productions, en se liant à lui, en<br>
évaluant sa qualité de rédacteur sur un site collaboratif ou de<br>vendeur sur un site d’enchères…<br> * Les machines captent, produisent, stockent et analysent des<br>myriades de traces, certaines d’une manière assez explicité quand il<br>
s’agit de mémoriser une interaction avec l’individu, d’autres moins,<br>voire à l’insu de l’individu (cas de la vidéosurveillance avec<br>reconnaissance de visage ou de plaque minéralogique).<br><br>La démocratisation des moyens de “surveillance” est un fait acquis et<br>
intégré. Ainsi, de très nombreuses personnes “googlent” les individus<br>qu’elles connaissent ou rencontrent, ou avec lesquels elles ont<br>rendez-vous, ou qu’elles envisagent de recruter.<br><br>Des données personnelles “par destination”<br>
Les deux points qui précèdent ont une conséquence commune : beaucoup<br>d’informations ne sont pas a priori des “informations personnelles”,<br>construites et collectées comme telles, mais elles peuvent acquérir un<br>caractère personnel a posteriori : par analyse, recoupement,<br>
traitement sémantique, commentaire d’un tiers, etc. Et les dispositifs<br>susceptibles d’effectuer cette transformation, intentionnellement ou<br>non, se multiplient.<br><br>L’effacement, cible mouvante<br>Enfin, il devient extrêmement difficile d’effacer de manière sûre une<br>
donnée une fois que celle-ci a commencé sa vie dans les systèmes et<br>les réseaux :<br><br> * Parce que beaucoup de données susceptibles d’avoir un caractère<br>personnel ne sont pas nécessairement considérées comme telles a<br>
priori, mais seulement au hasard (plus ou moins provoqué) de divers<br>recoupements ;<br> * Parce que les informations se répliquent très rapidement dans<br>une multitude de copies, caches, sauvegardes, republications, etc., le<br>
plus souvent sans le moindre contrôle de la part du premier site<br>d’enregistrement ;<br> * Parce que les entités juridiques qui enregistrent les<br>informations originelles sous-traitent souvent le stockage physique à<br>
d’autres, etc.<br><br>En conséquence, il devient de plus en plus difficile :<br><br> * De savoir a priori si une information est ou pourrait avoir un<br>“caractère personnel” ;<br> * De savoir quand, comment, auprès de qui faire jouer un éventuel<br>
droit d’accès ;<br> * De s’assurer qu’une information est bien corrigée, ou oubliée,<br>même si l’on en a obtenu le rectification ou l’effacement dans<br>certaines bases.<br><br>De nouveaux moteurs comportementaux et économiques<br>
L’édifice “informatique et libertés” considère que les individus sont<br>en situation défensive face à des organisations qui cherchent à<br>collecter des informations dans un but, soit de contrôle, soit de<br>vente, soit de recrutement. Or les pratiques des uns comme des autres,<br>
et les motivations associées, ressemblent de moins en moins à cette<br>description.<br><br>La puissance de la commodité<br>Le premier constat, suffisamment documenté pour avoir reçu le nom de<br>privacy paradox (”paradoxe de la vie privée”) est que les individus<br>
expriment régulièrement leur inquiétude d’être “fichés”, tout en<br>donnant d’une manière très libérale des informations de tous ordres<br>quand on les leur demande.<br><br>Ce paradoxe ne s’explique pas par un manque d’information de la part<br>
des consommateurs. Les études menées par Caroline Miltgen (1), par<br>exemple, montrent que les individus arbitrent en fonction d’une<br>véritable analyse de risque – mais que les bénéfices attendus de la<br>fourniture d’information, en termes de commodité notamment (obtenir<br>
plus aisément un service, bénéficier d’avantages, être reconnu la<br>prochaine fois…) l’emportent généralement sur les craintes.<br><br>L’exposition volontaire<br>Le second constat est moins habituel : les individus, en ligne,<br>
exposent délibérément un très grand nombre d’informations sur<br>eux-mêmes, afin de se forger une identité sociale, de se montrer aux<br>autres, d’enrichir leur réseau de relation, etc. :<br><br> * Publication (blogs, photos, vidéos…) : s’exprimer, s’exposer,<br>
gérer son image…<br> * Socialisation (réseaux sociaux) : se présenter pour élargir et<br>entretenir son réseau, se présenter au travers de son réseau (”dis-moi<br>qui tu connais, je te dirai qui tu es”)<br> * Réputation : visibilité, échanges de liens, notation, réputation<br>
de vendeur ou d’acheteur… exposer et influencer le jugement que les<br>autres portent sur soi<br><br>Ainsi, bien loin de songer à se protéger, un très grand nombre<br>d’individus sont au contraire engagés dans de véritables stratégies de<br>
visibilité. Leur objectif devient de maîtriser leur image, et non de<br>la dissimuler.<br><br>Les données “sensibles” en tension<br>Pour entrer en relation avec d’autres, les données considérées comme<br>“sensibles” par la loi, parce qu’elles peuvent donner lieu à des<br>
discriminations, sont souvent, précisément, les plus pertinentes :<br>l’orientation sexuelle, les opinions politiques et religieuses,<br>l’origine ou le sentiment d’appartenance ethnique ou communautaire…<br><br>Le formulaire de “profil” de Facebook demande ainsi, dès la première<br>
page, quelles sont nos orientations politiques et religieuses. Il<br>s’enquiert du statut amoureux et, si l’utilisateur cherche un<br>partenaire, du sexe de l’âme sœur recherchée. Tout ceci apparaît<br>ensuite dans le profil public. De telles questions, surtout les<br>
premières, sont probablement contraires à la loi française, mais si<br>Facebook ne les posait pas, sa valeur en tant que site de réseautage<br>en serait nettement réduite. On notera toutefois que les sites de<br>réseautage à vocation purement professionnelle, tels l’Américain<br>
Linkedin ou le Français Viadeo, ne posent pas de telles questions.<br><br>Les données personnelles, matière première de l’économie numérique<br>Les services de l’économie numérique sont personnalisés,<br>contextualisés, fédératifs, relationnels. Les données personnelles en<br>
constituent une matière première essentielle. Comme le relève un<br>récent rapport du think tank britannique Demos (2), on ne peut guère<br>dissocier les avantages de l’économie numérique de l’usage croissant<br>des données à caractère personnel.<br>
<br> * Les consommateurs s’attendent à ce que les entreprises les<br>reconnaissent et adaptent leurs propositions à leur situation et leurs<br>besoins (voire au contexte du moment : le moment, le lieu, le canal,<br>etc.), ainsi qu’à l’historique de leur relation ;<br>
* Les services se structurent souvent par agrégation de “briques”<br>produites par plusieurs acteurs. La pertinence de cette agrégation<br>dépend avant tout de la compréhension de qui est l’utilisateur et dans<br>quel contexte il se situe ;<br>
* De nombreux services fondent leur proposition de valeur sur la<br>qualité du matching, de la mise en relation qu’ils proposent entre<br>offre et demande, personnes, informations, goûts – ce qui suppose une<br>connaissance fine de chaque individu ;<br>
* Enfin, les entreprises personnalisent leurs offres – et plus<br>encore, leurs prix – à partir de modèles d’optimisation de plus en<br>plus élaborés. C’est ainsi qu’elles parviennent à fidéliser leurs<br>clients tout en en attirant de nouveaux, à minimiser leurs stocks et<br>
maximiser leurs taux d’occupation, à réagir plus vite aux évolutions<br>du marché.<br><br>L’attention, nouveau bien rare<br>La fameuse phrase sur le “temps de cerveau disponible” résume bien la<br>situation de l’économie contemporaine de l’information :<br>
l’information, les contenus, les messages surabondent, et le bien rare<br>devient l’attention du consommateur.<br><br>Capter et exploiter les “marques d’attention” du consommateur (ses<br>traces, notamment) est l’une des seules manières durables de générer<br>
des revenus pour les médias, les supports numériques, mais aussi les<br>contenus et services en ligne. Ceci explique l’importance prise par<br>les acteurs qui parviennent à occuper une place centrale, au carrefour<br>des échanges entre les utilisateurs et les services (moteurs de<br>
recherche par exemple) ou entre les utilisateurs eux-mêmes (réseaux<br>sociaux, webmails…).<br><br>En se focalisant sur la seule protection des informations à caractère<br>personnel, on ne rend pas compte du caractère central de la<br>
dissémination, la captation, l’exploitation et l’échange de ces<br>informations dans notre société et notre économie numériques.<br><br>En revanche, comme le relève Demos, “le champ de bataille de<br>l’information personnelle est désormais le lieu où les distinctions<br>
rationnelles entre différentes catégories de personnes, fondées sur<br>leurs données, produit des différences dans ce qu’ils vivent et ce à<br>quoi ils ont accès.” Autrement dit, le problème réside plutôt dans<br>l’influence que les individus peuvent, ou non, avoir sur les décisions<br>
qui sont prises à partir de l’information qu’on possède sur eux : ce à<br>quoi ils ont droit ou non, ce qu’on leur propose ou non, quels tarifs<br>leur sont appliqués, etc.<br><br>Le nouveau contexte de l’action publique<br>
Du côté des acteurs publics, le contexte a également changé depuis<br>1978. L’équilibre complexe entre l’État protecteur des individus,<br>l’État défenseur de l’ordre public et l’État fournisseur de services,<br>s’est nettement déplacé en faveur des deux dernières missions.<br>
<br>L’État défenseur de l’ordre public : une tendance sécuritaire<br>accentuée, et dans une large mesure consentie<br>Issue des attentats du 11 septembre 2001, ou bien facilitée par<br>l’émotion qu’ils ont provoquée, une vague sécuritaire a recouvert la<br>
plupart des pays développés. Ce sujet a été amplement évoqué par<br>ailleurs.<br><br>Cette tendance suscite des réactions, mais elle est globalement<br>tolérée par la société civile, dont la tolérance face aux risques de<br>
tous ordres est également devenue plus faible. Des initiatives qui<br>n’auraient vraisemblablement pas été admises auparavant voient<br>aujourd’hui le jour :<br><br> * Pour protéger les personnes vulnérables, par exemple en équipant<br>
de bracelets électroniques des malades d’Alzheimer ;<br> * Pour protéger la société contre des personnes dangereuses<br>(délinquants sexuels libérés) ou considérées comme potentiellement<br>dangereuses (le fichier ADN sans cesse étendu à de nouvelles<br>
personnes, le projet de dépistage précoce des prédispositions<br>asociales chez les enfants) ;<br> * Pour surveiller par défaut les lieux publics (explosion de la<br>vidéosurveillance)…<br><br>Ces tendances sont renforcées par l’amélioration et la maturation des<br>
technologies sécuritaires : biométrie, identification sans contact<br>(Rfid notamment), reconnaissance de formes (associée par exemple à la<br>vidéosurveillance), datamining… La tentation d’en exploiter toutes les<br>possibilités est difficilement résistible.<br>
<br>L’État fournisseur de services : une recherche d’amélioration et de<br>personnalisation des services publics<br>Dans le but de mieux servir les usagers et/ou de gagner en<br>productivité, les administrations font de plus en plus usage des<br>
méthodes issues du privé. Le pré-remplissage des feuilles d’impôt, ou<br>le changement d’adresse en “un clic”, relèvent de cette démarche et<br>simplifient clairement la vie des usagers. Ils nécessitent cependant<br>une exploitation, un partage et un stockage d’informations<br>
personnelles qui vont plus loin qu’auparavant.<br><br>Pour gagner en productivité, en souplesse et en réactivité, ou tout<br>simplement pour réduire ses budgets, les acteurs publics sont par<br>ailleurs amenés à collaborer étroitement avec des entreprises, parfois<br>
en sous-traitance, parfois en partenariat :<br><br> * Comme les autres entreprises, les services de l’État<br>sous-traitent un nombre croissant d’activités informatiques, mais<br>aussi de relation avec les usagers (centres d’appels, etc.) auprès<br>
d’entreprises spécialisées. Dans d’autres cas, des entreprises privées<br>gèrent intégralement un service public (transports, prisons…). Ceci<br>peut peut-être se justifier, mais il est néanmoins clair que des<br>quantités massives de données relatives aux usagers circulent hors des<br>
murs de l’administration ;<br> * Des personnels assermentés, tels que les postiers, sont<br>également chargés de collecter des informations afin de renseigner des<br>bases de données de géomarketing, qui seront ensuite exploitées et<br>
commercialisées auprès d’entreprises ;<br> * Des dispositifs d’identification issus du secteur public sont de<br>plus en plus exploités à d’autres fins. C’est le cas du passe Navigo,<br>créé pour les transports en Ile de France, utilisé aujourd’hui pour<br>
Velib’ et demain pour d’autres services urbains. L’État envisage<br>également de profiter de la sécurité qu’offre la future Carte<br>d’identité électronique pour en faire le support d’authentification de<br>transactions privées.<br>
<br>En tant que fournisseur de services, l’État partage désormais, dans<br>une large mesure, les préoccupations, les pratiques, les outils et les<br>indicateurs du secteur privé. Comme pour les entreprises, les données<br>
à caractère personnel sont pour lui la matière première à partir de<br>laquelle il étend et personnalise ses services, il réduit ses coûts,<br>il mesure sa performance.<br><br>L’État garant des libertés individuelles : une baisse du niveau de<br>
contrôle sur les propres actions de l’État<br>La révision de la loi de 1978 intervenue en 2004 a significativement<br>réduit le niveau de contrôle de la Cnil sur les activités de<br>l’administration, comme l’illustre l’épisode récent du passeport<br>
biométrique. Ce point a également fait l’objet d’une abondante<br>littérature.<br><br>L’avocat Alain Bensoussan parle aujourd’hui d’un “sur-encadrement de<br>l’activité des entreprises” et d’un “sous-encadrement de l’activité de<br>
l’État”. Il s’agit là d’un retournement par rapport à la situation de<br>1978, a loi “Informatique et libertés” ayant été votée en réaction à<br>un vaste projet d’interconnexion des fichiers de l’État et de la<br>Sécurité sociale, nommé SAFARI. Il est vrai que depuis, la plupart des<br>
regroupements du projet SAFARI ont été effectués, les uns après les<br>autres, dans des situations certes mieux définies.<br><br>Ce “sous-encadrement de l’activité de l’État” ne fait pas de notre<br>démocratie un pays totalitaire. La plupart des évolutions décrites ici<br>
sont pour l’instant bien acceptées, ou du moins ne suscitent-elles<br>guère d’opposition au-delà d’un petit cercle de spécialistes et de<br>militants. Dans de nombreux cas, elles contribuent réellement à<br>améliorer la qualité du service rendu aux usagers.<br>
<br>Le niveau global de vigilance vis-à-vis des actions de l’État connaît<br>une baisse sensible : bien des projets contre lesquels la loi de 1978<br>avait été conçue ont été réalisés, et au-delà. La loi est la même, ou<br>
presque, mais les limites de l’acceptable ont clairement reculé.<br><br>L’absence de réaction des citoyens ne traduit pas non plus une grande<br>confiance. Sondage après sondage, les Français se disent gênés par le<br>fait que de nombreuses informations les concernant soient stockées<br>
dans des fichiers et s’estiment insuffisamment informés sur leurs<br>droits. L’État suscite aujourd’hui moins de méfiance que les<br>entreprises, mais plus ses pratiques se rapprocheront de celles des<br>entreprises, et plus les fonctions d’ordre public et de service se<br>
mêleront (à des fins, par exemple, de contrôle fiscal), plus son image<br>se banalisera. Alors que la désaffection des citoyens vis-à-vis de la<br>vie démocratique préoccupe tous les élus, il est temps d’y réfléchir.<br><br>
Seconde partie : De la protection à la maîtrise : nouveaux droits,<br>nouveaux outils<br><br>Le contexte d’application des principes relatifs à la protection des<br>libertés et de la vie privée dans la société numérisée a donc<br>
profondément changé. Des problèmes nouveaux sont apparus ; d’autres<br>ont changé d’échelle à un point tel qu’on ne peut plus du tout les<br>aborder comme auparavant.<br><br>Cela ne signifie pas que l’édifice conçu en 1978 et réformé en 2004<br>
(3) soit devenu obsolète. Certains droits, certaines protections<br>doivent être réaffirmés et appliqués. Des “lignes rouges” doivent être<br>redessinées.<br><br>Mais il faut aussi repenser les manières d’atteindre ces objectifs. Il<br>
faut passer d’une protection passive qui serait garantie à l’individu<br>de l’extérieur, à une forme de maîtrise qui tient compte des<br>arbitrages, des choix, des désirs et des capacités de chacun. Il faut<br>passer des protections fixes aux défenses mobiles, du village fortifié<br>
à la tête de pont. Sinon, les objectifs que vise l’édifice<br>“Informatique et libertés” deviendront impossibles à atteindre et<br>certains des droits, purement formels.<br><br>Nous proposons ici une première réflexion sur ces nouveaux droits et<br>
ces nouveaux outils – les deux étant indissolublement liés. Nous<br>focaliserons notre attention, d’abord sur les individus, ensuite sur<br>les acteurs et les réponses collectives.<br><br>Ces propositions doivent être reçues comme un appel au débat, et non<br>
comme un produit fini, ni une plate-forme programmatique.<br><br>De nouvelles marges de manœuvre pour les individus<br>Les protections érigées par les lois actuelles s’assimilent pour la<br>plupart à des défenses “fixes” : elles définissent ce que les<br>
entreprises ou les administrations n’ont pas le droit de faire. Dans<br>un monde en réseau, leur efficacité ne peut que décroître. Une<br>première évolution pourrait donc consister à concevoir des défenses<br>“mobiles”, destinées à redonner aux individus des marges de manœuvre<br>
alors même que des informations personnelles de toutes natures sont<br>collectées, exploitées et échangées.<br><br>Des défenses fixes aux défenses mobiles<br>Le droit d’accès et de rectification entre dans cette catégorie, mais<br>
il est peu utilisé et peu efficace lorsqu’on ignore ce qui est<br>collecté par qui, lorsque les données sont répliquées en de multiples<br>endroit ou encore, lorsque des informations acquièrent a posteriori un<br>caractère personnel.<br>
<br>D’autres droits pourraient alors être explorés :<br><br> * Un droit à l’anonymat, qui pourrait par exemple exiger un niveau<br>de service minimal sans identification. Ce droit concernerait au<br>premier chef les individus, mais il aurait aussi des conséquences pour<br>
les organisations, telles que l’obligation (déjà présente dans<br>certains cas) d’anonymiser des données après quelque temps, ou bien<br>avant de les croiser en vue de traitement statistiques.<br><br> Du côté des individus, il existe aussi des moyens de rendre<br>
anonyme la navigation sur l’internet. Si certains projets privés ou<br>militants sont connus depuis longtemps (4), des entités publiques s’y<br>engagent également : l’autorité indépendante de protection des données<br>du Land allemand du Schleswig-Holstein soutient ainsi le projet JAP<br>
[<a href="http://anon.inf.tu-dresden.de/" target="_blank">http://anon.inf.tu-dresden.de/</a>], qui fait transiter les connexions de<br>ses utilisateurs par plusieurs serveurs intermédiaires qui les<br>“mixent” de telle manière que personne, pas même ces intermédiaires,<br>
ne puisse retracer qui s’est connecté à quoi.<br> * Un droit au “mensonge légitime”, dès lors qu’on estime excessif<br>que ce qui est demandé pour accéder à un service, mais que l’on<br>souhaite quand même y accéder ;<br>
* Un droit à l’”hétéronymat”, autrement dit à la construction de<br>pseudonymes “riches”, à de véritables personnalités alternatives<br>séparées de manière étanche de la personnalité civile qui les exploite<br>– sur le modèle, non pas des “pseudos” utilisés sur les forums en<br>
ligne, mais des identités alternatives que choisissent certains<br>écrivains pour explorer d’autres genres ou d’autres styles (5) ;<br> * Un droit à récupérer ses données, c’est à dire à obtenir sous<br>une forme exploitable tout ce qu’un acteur détient sur la personne.<br>
Une première étape pourrait consister à exiger que l’exercice du<br>droit d’accès et de rectification puisse se faire sus forme<br>électronique, dans des délais resserrés, voire en temps réel. Mais ce<br>droit a une vocation plus large. Il s’agit de permettre à l’individu<br>
d’exploiter lui-même, à ses propres fins, les données qu’il a confiées<br>à d’autres. La “portabilité” des profils ou des listes de contacts<br>entre les sites de réseaux sociaux sur l’internet, soit pour migrer de<br>l’un à l’autre, soit pour les rendre plus ou moins interopérables, en<br>
serait par exemple une application.<br> * Enfin, un droit opposable de recours face aux décisions prises<br>par une entreprise ou une administration à partir du profil d’un<br>individu : dans quel segment il se trouve classé, quels tarifs lui<br>
sont appliqués, quels droits lui sont reconnus ou déniés, quelles<br>offres lui sont proposées ou masquées…<br><br>Ces différents droits convergent peut-être vers une sorte de droit<br>patrimonial, de propriété et de valorisation de ses données<br>
personnelles et de son image. Il appartient cependant à des juristes<br>d’en tirer ou non de telles conséquences.<br><br>Des outils, eux-mêmes protégés, pour négocier ses données<br>Ces “défenses mobiles” ne peuvent attendre le passage devant un<br>
tribunal ou une autorité quelconque pour s’appliquer. La première<br>étape consiste à les traduire dans des outils mis entre les mains des<br>utilisateurs.<br><br>Les “technologies de protection de la vie privée” (PETs, pour<br>
privacy-enhancing technologies) regroupent un très grand nombre<br>d’outils, mais ceux-ci demeurent complexes, peu standardisés et au<br>final, très peu utilisés. Pour qu’ils le deviennent, il leur faut<br>répondre aux attentes de commodité qu’expriment les utilisateurs, se<br>
standardiser et se répandre très largement.<br><br>Quelques exemples permettent d’illustrer les possibilités de ces outils :<br><br> * Des systèmes d’”i-carte” visent à permettre à l’utilisateur de<br>stocker chez lui (ou chez des tiers de confiance) toutes ses données,<br>
et à organiser un dialogue explicite, homogène et intelligible, entre<br>l’individu et l’organisation qui lui demande des informations.<br>CardSpace de Microsoft, ou le projet Higgins piloté par IBM, sont deux<br>représentants de ce type de système ;<br>
* Des dispositifs permettent de “griller” les puces Rfid insérées<br>dans des produits ou des emballages. Ils peuvent être possédés par des<br>individus (ce qui est rarement le cas) ou mis en œuvre par des<br>entreprises : GS1, l’association qui gère les standards de<br>
communication entre industrie et commerce, a ainsi recommandé aux<br>distributeurs français de désactiver les puces Rfid lors du passage en<br>caisse ;<br> * Il est possible de créer des cartes électroniques sécurisées et<br>
anonymes qui permettent de prouver une caractéristique (par exemple la<br>nationalité, ou le droit de conduire) sans avoir besoin d’indiquer<br>l’identité de leur porteur ;<br> * L’”obfuscation” (ou “assombrissement”) consiste à occulter<br>
délibérément le sens d’une information et, par extension, à noyer<br>l’information pertinente dans un “bruit” sans signification. Ainsi,<br>TrackMeNot ou Squiggle SR, des extensions du navigateur Firefox,<br>multiplient les requêtes aléatoires aux moteurs de recherche afin que<br>
les vraies requêtes de l’utilisateur ne renseignent en rien sur ses<br>centres d’intérêt.<br><br>Un effort public de R&D, d’expérimentation et de déploiement pourrait<br>soutenir le développement, la standardisation (internationale) et la<br>
diffusion de ces outils.<br><br>Enfin, il pourrait être envisagé de protéger ces outils en interdisant<br>aux entreprises de les court-circuiter ou de les désactiver, un peu<br>sur le modèle de la protection des “mesures techniques de protection”<br>
des œuvres, prévue par les directives européennes sur les droits<br>d’auteur dans la société de l’information…<br><br>De nouvelles réponses collectives<br>Les outils de protection de la vie privée sont une condition<br>nécessaire, mais non suffisante, pour retrouver une maîtrise sur la<br>
circulation et l’exploitation des données des individus. Ils<br>présentent l’inconvénient de faire reposer cette maîtrise sur<br>l’individu, dont la relation avec les entreprises et les institutions<br>est pour le moins inégale.<br>
<br>D’autres dispositifs doivent donc “collectiviser” le contrôle.<br>Certains sont d’ordre politique et juridique, tandis que d’autres<br>visent plus à organiser une pression citoyenne et économique sur les<br>acteurs, afin de favoriser des comportements vertueux.<br>
<br>Surveiller les surveillants<br>La première piste consisterait à exiger de ceux qui obtiennent des<br>informations des individus, de donner en retour des informations sur<br>eux-mêmes et sur leurs pratiques – et le cas échéant, de favoriser<br>
l’échange d’informations entre les individus au sujet de ces<br>organisations. Une sorte de donnant-donnant, régulé par les autorités<br>publiques et/ou par l’intelligence collective des<br>citoyens-consommateurs.<br><br>
* Il s’agirait d’abord d’organiser la transparence des classements<br>et des décisions individuelles fondés sur l’usage des données<br>personnelles : comment et pourquoi on classe tel individu dans quel<br>segment, on lui applique tel tarif ou telle décision, on lui propose<br>
telle offre plutôt qu’une autre, il accède ou non à tel droit…<br><br> Cette piste présente l’inconvénient majeur, du point de vue des<br>entreprises, que le fonctionnement même d’un système de discrimination<br>tarifaire ou de personnalisation poussée repose souvent sur son<br>
opacité : si les clients savaient comment marche le système, ils<br>pourraient tricher avec lui, ce qui irait à l’encontre de<br>l’optimisation recherchée. Une solution pourrait consister à réserver<br>la connaissance du mécanisme lui-même à une autorité tenue à des<br>
règles strictes de confidentialité.<br> * L’autre transparence obligatoire pourrait consister à dévoiler à<br>quelles autres entités les données concernant un individu ont été<br>transmises, louées, vendues…<br> * Les acteurs pourraient, comme c’est déjà le cas de facto aux<br>
Etats-Unis, avoir l’obligation d’informer le public si la<br>confidentialité de leurs données a été compromise par une erreur ou un<br>acte de piratage ;<br> * Les pouvoirs publics et/ou les associations de consommateurs<br>
pourraient créer des sites web d’échange et de remonter d’information<br>sur les problèmes rencontrés par les individus et sur les pratiques<br>douteuses des entreprises : “NoteTonMarchand”, “NoteTonGuichet”…<br> * Enfin, le dispositif attendu des “class actions” devrait être<br>
étendu à l’usage abusif de données à caractère personnel.<br><br>Focaliser l’action sur les grands intermédiaires<br>Certains grands acteurs de l’internet jouent, de par leur position, un<br>rôle central dans la collecte et l’exploitation des données<br>
personnelles. Ils forment une sorte d’infrastructure critique de<br>l’économie numérique et de ce fait, ils ont sans doute vocation à être<br>régulés comme tels.<br><br> * Les grands moteurs de recherche peuvent et doivent se faire<br>
imposer des règles strictes en matière de traçage, d’effacement,<br>d’exploitation des donnés que leurs utilisateurs leur fournissent ou<br>déposent chez eux. Des négociations en ce sens sont déjà en cours.<br>Même si le contexte européen est heureusement différent, l’exemple de<br>
ce que le gouvernement chinois a obtenu de Google et de Yahoo!<br>démontre que ces acteurs ne sont pas inaccessibles aux volontés<br>publiques.<br><br> On peut aussi imaginer, en suivant le chercheur Emmanuel Kessous<br>
(6), que les moteurs mettent à disposition des utilisateurs des outils<br>qui leur permettraient, même d’une manière imparfaite, de “nettoyer<br>leur passé” en coupant certains liens issus du référencement, rendant<br>ainsi plus difficile (mais pas impossible, car les contenus originels<br>
demeurent) la reconstitution d’un profil complet.<br> * Les réseaux sociaux et au-delà, d’autres acteurs qui jouent un<br>rôle clé dans la mise en relation des individus, pourraient se voir<br>imposer la portabilité des identités, des profils et des carnets<br>
d’adresse. Aujourd’hui, un client de Facebook qui choisirait de migrer<br>sur une plate-forme concurrente perdrait tout l’investissement qu’il y<br>a consenti. De même, un utilisateur de MSN Messenger ne peut pas<br>basculer sur une autre messagerie instantanée sans perdre sa liste<br>
d’amis. Les pouvoirs publics ont su imposer la portabilité des numéros<br>de téléphone mobile, ces cas sont du même ordre.<br><br>Personnaliser sans identifier<br>Il est communément admis que pour personnaliser un service, il faut<br>
connaître l’utilisateur. Certes, mais cela ne nécessite pas toujours –<br>et même, sans doute, pas si souvent que ça – de savoir comment il<br>s’appelle. Le garçon de café qui reconnaît ses habitués leur servira<br>leur boisson favorite sans connaître leur nom, ni bien d’autres choses<br>
qui les concernent. Peut-on proposer aux entreprises et aux<br>administrations des formes de personnalisation efficaces et<br>productives (qui répondent donc à leurs besoins économiques) qui<br>n’exigent pas d’identification ?<br>
<br>C’est l’objet d’un autre groupe de travail du programme “identités<br>actives” de la Fing. Plusieurs pistes peuvent d’ores et déjà être<br>évoquées :<br><br> * Différentes formes de “filtrage” historique et “collaboratif”,<br>
qui consistent à déduire les attentes d’un consommateur de ses<br>comportements passés et de leur comparaison avec les comportements<br>d’autres utilisateurs, n’ont pas nécessairement besoin<br>d’identification. L’usage des “cookies”, petits fichiers qui<br>
permettent à des sites de “tracer” leurs utilisateurs sans<br>nécessairement savoir qui ils sont, fournit une bonne base à ces<br>pratiques. Des cartes de fidélisation “blanches”, qui savent ce qu’a<br>acheté un client mais ne connaissent pas son identité, font également<br>
partie des pistes réalistes.<br> * La personnalisation sur le poste client (”client-side<br>personalization“), qui se fonde sur les données d’un utilisateur, sans<br>pour autant capturer ces données : seul le résultat (une proposition<br>
personnalisée, par exemple) est connu de l’entreprise.<br> * Le recours à des pseudonymes “riches” (ou “hétéronymes”), de<br>véritables personnalités numériques qui exprimeront les aspirations de<br>ceux qui les portent (et donc devenir les sujets d’un dialogue<br>
commercial), sans nécessairement se recouper avec une identité civile…<br><br>Retracer des “lignes rouges”<br>Le fait d’identifier de nouveaux outils pour l’action des individus,<br>ou de nouveaux leviers techniques et économiques d’intervention sur<br>
les décisions des acteurs, ne dispense pas de s’interroger également<br>sur la nécessité, ou non, de tracer de nouvelles “lignes rouges”, de<br>redéfinir quelles pratiques sont dans tous les cas considérés comme<br>graves et illicites.<br>
<br>La tâche est moins facile qu’il n’y paraît et nous ne pouvons ici<br>qu’appeler à rouvrir la discussion sur ce thème, sans prétendre la<br>clore par des recommandations formelles.<br><br>Les lignes ont bougé<br>L’exemple des questions relatives aux orientations sexuelles,<br>
politiques et religieuses des utilisateurs de Facebook illustre la<br>difficulté. Ces questions, donnant lieu à enregistrement dans un<br>fichier et affichage sur une page de profil, sont clairement<br>interdites par la loi française. Pourtant, elles constituent sans<br>
doute des critères essentiels pour les utilisateurs de Facebook à la<br>recherche de nouvelles relations. Faut-il donc interdire à Facebook de<br>poser ces questions qui font partie (aux États-Unis du moins) de son<br>essence même ? Et par ailleurs, les données sensibles de 1978 et<br>
celles de 2008 sont-elles les mêmes ?<br><br>Une clé : l’asymétrie d’information et de pouvoir<br>L’arbitrage effectué en 1978 se fonde sur le constat, peu contestable,<br>d’une asymétrie d’information et de pouvoir entre l’individu isolé<br>
d’un côté, l’entreprise (fournisseur ou employeur) ou l’administration<br>de l’autre. Dans certains cas, cette asymétrie conduit l’État à<br>protéger l’individu contre lui-même, en fait contre ce qu’il pourrait<br>être amené à faire sous la pression de ses interlocuteurs plus<br>
puissants. On ne peut pas lui poser certaines questions, même s’il est<br>prêt à y répondre. Il ne peut pas vendre ses données, il n’en est pas<br>propriétaire.<br><br>Faut-il remettre en question l’arbitrage de 1978, ou le revisiter ?<br>
Comment continuer de protéger les plus faibles contre les conséquences<br>de leurs propres actes ? Y a-t-il de nouveaux risques de<br>discrimination, de nouvelles données “sensibles” et d’autres qui ne le<br>sont plus autant ? Faut-il abandonner certains champs naguère soumis à<br>
autorisation pour peut-être en investir d’autres, tels que ceux qui<br>ont trait à la sécurité ou la santé “préventives” ?<br><br>Il semble difficile, au regard des changements que nous avons décrits<br>plus haut, d’éluder ces questions, proprement politiques.<br>
<br>Conclusion provisoire<br><br>Les principes d’”Informatique et libertés” demeurent valides après 30<br>ans. Ses modalités d’application ont déjà beaucoup changé. Mais<br>aujourd’hui, le changement nécessaire paraît plus profond encore. Dans<br>
son étude citée plus haut, l’institut Demos exprime assez brutalement<br>que “la question n’est pas de savoir si nous entrons dans une société<br>dominée par la surveillance, mais s’il en résulte davantage, ou moins,<br>de contrôle des individus sur leur propre vie, ainsi que sur les<br>
décisions d’intérêt collectif.”<br><br>C’est dans cet esprit que nous avons tenté de dégager les nouveaux<br>défis de la protection et de la négociation des données personnelles,<br>en tenant compte des aspirations et des pratiques réelles de la<br>
société et des organisations, et en ouvrant des pistes nouvelles.<br><br>La tâche des humains est à la fois de créer les systèmes techniques<br>qui soutiennent leurs civilisations, et d’en borner le champ, d’en<br>réguler le fonctionnement. Ils le font lors de leur conception, en<br>
définissant leur architecture, et plus tard, en imposant des règles et<br>des contrôles. Mais ils le font aussi tous les jours, quand ils<br>changent d’avis, trichent, bricolent, se trompent, renégocient,<br>mentent…<br><br>
Ces deux plans, général et politique d’une part, quotidien et<br>économique de l’autre, doivent aujourd’hui s’agencer d’une manière qui<br>demeurait inconcevable en 1978, lorsque l’usage des outils numériques<br>était réservé à quelques professionnels.<br>
<br>Au fond, c’est ce qu’il nous semble ressortir de plus fort dans les<br>réflexions du groupe de travail : l’idée que la protection de la vie<br>privée, conçue comme un édifice juridique fonctionnant par défaut et<br>pour tous, doit désormais se compléter de dispositifs de “maîtrise”,<br>
plus complexes et mouvants, qui permettent aux individus – dans des<br>limites à mieux définir – d’organiser à leur manière ce qu’ils veulent<br>défendre, ce qu’ils veulent exposer et ce qu’ils sont prêts à<br>négocier. Et aussi, de dispositifs collectifs mais non étatiques,<br>
capables d’exercer des formes de pression que l’État ne parvient pas<br>(ou plus) à exercer.<br><br>Cette nouvelle architecture de protection et de maîtrise n’émergera<br>pas toute seule. Il y a des recherches à entreprendre, des idées à<br>
explorer, des innovations à tester ou promouvoir, des services et des<br>médiations à créer, des débats à mener. Certains sujets seront presque<br>consensuels, d’autres carrément conflictuels.<br><br>Il faut choisir de s’engager sur ce chemin. L’immobilisme n’est pas une option.<br>
<br>Et il faut s’y engager ensemble. De ce point de vue, notre message ne<br>s’adresse pas uniquement aux institutions ou aux activistes. Les<br>entreprises seraient bien inspirées d’explorer elles aussi les pistes<br>que nous avons tenté de défricher, et d’autres, pour éviter à terme<br>
une rupture grave de la confiance.<br><br>Membres du groupe de travail : Arnaud Belleil, Yves Deswarte, Renaud<br>Francou, Daniel Kaplan, Emmanuel Kessous, Olivier Iteanu, Jean-Marc<br>Manach, Thierry Marcou, Charles Nepote, Sylvie Rozenfeld, Vincent<br>
Toubiana.<br><br>Note de travail à commenter - avril 2009<br><br>__________________<br>1 Caroline Miltgen, “L’internaute et ses données : ce qu’on dit, ce<br>qu’on fait”, Internet Actu, 2006 :<br><a href="http://www.internetactu.net/2006/02/08/linternaute" target="_blank">http://www.internetactu.net/2006/02/08/linternaute</a> - et sa thèse<br>
ultérieure.<br>2 FYI – The new politics of personal information”, 2007 :<br><a href="http://www.demos.co.uk/publications/fyi" target="_blank">http://www.demos.co.uk/publications/fyi</a><br>3 En transposition, fort tardive, d’une directive européenne de 1995.<br>
4 Liste non exhaustive : <a href="http://www.livinginternet.com/i/is_anon_sites.htm" target="_blank">http://www.livinginternet.com/i/is_anon_sites.htm</a><br>5 Pour une définition de l’”hétéronymat” :<br><a href="http://www.identitesactives.net/?q=lexique-terme10-heteronyme" target="_blank">http://www.identitesactives.net/?q=lexique-terme10-heteronyme</a><br>
6 “Les figures politiques de la Privacy : Quels droits à la vie privée<br>dans l’économie numérique?”, à paraître.<br><br><br><br>Lien permanent et réaction en ligne :<br><a href="http://www.internetactu.net/2009/04/03/le-nouveau-paysage-des-donnees-personnelles-quelles-consequences-sur-les-droits-des-individus/" target="_blank">http://www.internetactu.net/2009/04/03/le-nouveau-paysage-des-donnees-personnelles-quelles-consequences-sur-les-droits-des-individus/</a><br>
<br>----------------------------- ------------------------------ -----------<br>A LIRE AILLEURS - RSS<br>------------------------------------------------------------ ----------<br><br>Ce fil d'information, accessible sur notre site, est aussi disponible<br>
au format RSS. Vous êtes invités à nous aider à réaliser cette<br>sélection en nous signalant des articles qui vous semblent importants<br>et qui interrogent notre réflexion et notre futur en utilisant le tag<br>“internetactu” dans <a href="http://del.icio.us/" target="_blank">Del.icio.us</a>.<br>
<br>Open source<br>. Framablog : Pouvons-nous construire un monde avec l'Open Source ?<br>Le Framablog reprend un édito de Victor Keegan pour le Guardian qui<br>s'interroge de savoir si tout notre modèle économique pourrait se<br>
bâtir en Open Source. Des logiciels, aux maison à 200 dollars dont les<br>plans sont accessibles gratuitement... L'Open Source se propage de<br>l'immatériel au matériel : téléphone (openmoko), voiture<br>(theoscarproject), écovillages (<a href="http://openfarmtech.org/" target="_blank">openfarmtech.org</a>)...<br>
<br>. NT2 - The Free Market Game : illustrer la philosophie du copyleft<br>par le ludisme<br>Molleindustria, un regroupement d’artistes qui créent des jeux vidéos<br>engagés, a lancé un jeu dont la thématique est le partage de la<br>
culture, la notion de marché libre des idées et la menace commerciale<br>du copyright.<br><br>Jeux vidéo<br>. Playtime : Hadopi, le piratage, un défi pour l'industrie du jeu<br>Intéressant billet de Laurent Checola sur le piratage des jeux vidéo,<br>
qui se concentre sur les gros succès et sur les jeux qui ne sont pas<br>multijoueurs en ligne (il faut le jeu original et l'abonnement pour<br>jouer en réseau) et qui concerne surtout les jeux sur PC (moins bien<br>protégés que les jeux sur console non portables). Malgré le<br>
téléchargement massif, l'industrie du jeu reste en croissance<br>permanente.<br><br>. Technology Review : Envoyer les jeux vidéos dans les nuages (angl.)<br>La startup Onlive - <a href="http://www.onlive.com/" target="_blank">http://www.onlive.com</a> - a annoncé la mise en place<br>
d'un service permettant à n'importe quel ordinateur de jouer à<br>n'importe quel jeu... Mais également de les jouer depuis une<br>télévision... Tout cela via l'internet bien sûr. L'idée est de séparer<br>
les jeux des supports, explique le fondateur d'OnLive, en utilisant<br>des fermes d'ordinateurs pour faire tourner les jeux à la place des<br>ordinateurs clients. Selon OnLive, leur technologie de compression<br>permettrait de résoudre le problème principal de ce type de techno :<br>
la latence liée à la distance.<br><br>. O'Reilly Radar : Will Wright, Sims et simulation (angl.)<br>A l'occasion de l'expo Web 2.0, Kurt Cagle pour O'Reilly a rencontré<br>Will Wright, l'inventeur des Sims et de Spore et l'interroge sur la<br>
portée des jeux de simulation, comme révélateurs de nos complexités.<br>"Transformons les sujets ennuyeux en jouets", explique-t-il, afin que<br>nos enfants comprennent l'économie ou la biologie de manière à ce<br>
qu'ils soient des participants actifs à leur compréhension.<br><br>essources<br>. DEPS : Statistiques de la culture, chiffres clés 2009 (.pdf)<br>Le département des études, de la prospective et des statistiques du<br>
ministère de la Culture publie ses chiffres clés 2009 pour faire le<br>point sur l'édition, la presse ou les technologies de l'information.<br>Une ressource toujours riche.<br><br>Concept<br>. Club de l'Hyper-République : La théorie du crapaud fou appliquée à Internet<br>
Pierre de La Coste a publié en juin 2008 cette théorie du Crapaud Fou<br>appliquée à l'internet qu'on voit beaucoup circuler actuellement sur<br>le net. "Le crapaud fou, c’est ce batracien déboussolé qui ne suit pas<br>
ses congénères lors de la migration reproductive. Il s’en va se<br>perdre, souvent ne revient jamais à sa mare d’origine, ne trouve pas<br>de conjoint, meurt… Mais quand tous ses congénères, dans leur<br>migration stéréotypée, se heurtent à un obstacle et succombent, la<br>
survie de l’espèce ne tient qu’à quelques crapauds fous qui<br>réussissent à trouver de nouveaux chemins", explique Thierry Crouzet<br>enthousiaste : <a href="http://blog.tcrouzet.com/2009/04/02/les-crapauds-fous/" target="_blank">http://blog.tcrouzet.com/2009/04/02/les-crapauds-fous/</a><br>
<br>Science<br>. MasterWebScience : Comprendre l'impact du web sur la littérature scientifique<br>A l'occasion de WebScience 09 qui se tenait à Athènes, Claire Filou<br>dresse une intéressante perspective sur ce que le web change à la<br>
production scientifique. Le premier effet, est un effet réseau : "le<br>web rend lisible le réseau des publications scientifiques, les liens<br>entre elles, et ce à partir de données fondées sur le sens, sur la<br>connaissance produite". Mais les relations entre les publications<br>
scientifiques sont aussi, d'abord, des relations entre humaines. Le<br>risque, c'est que le web contribue à décontextualiser la production<br>scientifique. Comment articuler les deux contextes, se demande Leslie<br>
Carr de l'université de Southampton en s'interrogeant sur le cas des<br>pages personnelles des chercheurs qui pourraient être le lieu<br>privilégié où articuler les deux contextes, réels et sémantiques.<br>Dommage qu'elles soient si souvent! délaissées !<br>
<br>. Soudoplatoff : Les vraies ruptures de Wikipedia<br>Serge Soudoplatoff disingue les ruptures qu'introduit Wikipédia :<br>rupture pédagogique, rupture de savoirs, rupture de désignation et<br>rupture de langues. "Toute innovation technologique a un impact<br>
sociétal qui se passe en deux phases: la première phase consiste à<br>faire ce que l’on faisait avant, mais avec un outil nouveau. La<br>deuxième phase consiste à inventer ou développer de nouvelles formes,<br>rendues possibles par l’outil. C’est sous cet angle qu’il faut<br>
regarder wikipedia."<br><br>. O'Reilly Radar : Big Data, les technologies et les techniques pour<br>de gros volumes d'information (angl.)<br>O'Reilly vient de publier un rapport sur les technologies pour traiter<br>
de gros volumes de données. Ben Lorica et Roger Magoulas, directeur de<br>la recherche chez O'Reilly, expliqent dans plusieurs vidéos<br>l'importance de la gestion et de l'analyse de données, donnent les<br>clefs pour évaluer les performances des solutions existantes et<br>
regardent comment elles vont évoluer.<br><br>Education<br>. La 27e Région : 100 enseignants tissent le réseau de l'innovation<br>Entousiaste compte rendu du Forum des enseignants innovation et de<br>l'innovation éducative - <a href="http://www.forum-roubaix2009.net/" target="_blank">http://www.forum-roubaix2009.net</a> - qui se<br>
tenait à Roubaix les 27 et 28 mars 2009. Les profs innovent et les<br>profs innovants se mettent en réseau, comme le constate quelques-uns<br>des projets mis en avant sur le blog dédié au Forum par le Café<br>Pédagogique : <a href="http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2009/default.aspx" target="_blank">http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2009/default.aspx</a><br>
<br>. LeMonde.fr : Les ados français accros aux séries américaines<br>améliorent leur anglais<br>Télécharger compulsivement leurs séries préférées en version originale<br>peut avoir quelques avantages dans la maitrise des langues : "A<br>
l'oral, ces élèves se révèlent bien meilleurs, l'accent et les<br>intonations sont plus justes, les syllabes sont accentuées<br>convenablement. La musicalité de la langue est maîtrisée plus<br>spontanément", relève une professeur d'anglais.<br>
<br>Coworking Space<br>. Wired : La tendance au DIY génère des HackerSpaces à travers le monde (angl.)<br>Noisebridge - <a href="https://www.noisebridge.net/" target="_blank">https://www.noisebridge.net</a> - est un espace collectif<br>
pour hacker installé à San Francisco. On y apprend à programmer, à<br>construire des objets électroniques fais de capteurs et de leds. On<br>dénombre 96 lieux pour hackers à travers le monde, selon HackerSpaces<br>- <a href="http://hackerspaces.org/" target="_blank">http://hackerspaces.org</a>. Surfant sur la mode du DoItYourself (faites<br>
le vous-mêmes) popularisé par Make Magazine, ces espaces de cohacking<br>(à l'image des espaces de coworking comme la Cantine à Paris), tentent<br>de nous faire vivre les technologies par la pratique de leur<br>détournement et de leur personnalisation. La France en recense un à<br>
Vitry-sur-Seine : le TMPLab : <a href="http://dev.tmplab.org/" target="_blank">http://dev.tmplab.org</a><br><br>Web social<br>. Rue89 : L'amour en ligne (1/3), géolocaliser pour mieux emballer<br>La géolocalisation va-t-elle transformer la rencontre amoureuse ? Pas<br>
encore évident de rencontrer quelqu'un en utilisant un programme de<br>rencontre via son mobile, constate Tristan Mendes-France : les<br>utilisateurs ne sont pas encore massivement là.<br><br>. Election-presidentielle.fr : Internet et la participation au débat<br>
public, le défi du 1% participatif<br>Intéressant compte rendu du séminaire "Internet et la participation au<br>débat public" organisé par la Fondation pour l'innovation politique -<br><a href="http://www.fondapol.org/" target="_blank">http://www.fondapol.org</a>. Pierre Chriqui rappelle que l'information<br>
politique n'est pas la première préoccupation des internautes, loin<br>s'en faut. Il distingue également les usages des natifs du numérique,<br>qui partagent et diffusent l'information, de celle des immigrants qui<br>
se contentent d'aller la chercher, sans la partager. Parmis les<br>immigrants, seuls ceux qui ont un niveau socioculturel élevé ont<br>tendance à partager l'information. Et de conclure sur le fait que les<br>pratiques sont cumulatives, c'est-à-dire que la participation au débat<br>
public en ligne est l'aboutissement d'un apprentissage et d'une<br>appropriation de la toile complexe qui fait que la participation<br>n'excède jamais! les 1 % des internautes, autant que dans la vie<br>réelle... (via aaaliens).<br>
<br>. O'Reilly Radar : Crowdsourcer l'évolution des sites web du Congrès<br>américain (angl.)<br>Le député républicain Mike Honda s'est servi de la tribune d'O'Reilly<br>Radar pour inviter les internautes à lui faire des suggestions pour<br>
faire évoluer les sites du Congrès américain. "Comment le congrès<br>pourrait-il utiliser les technologies du web 2.0 pour transformer la<br>relation entre les citoyens et les élus ?" Un site pour recueillir les<br>
idées et voir les idées soumises a été mis en place. Mais seulement 56<br>réponses ont été postées en 10 jours.<br><br>. Social Media Today : Les blogs perdent-t-ils de leur autorité au<br>bénéfice de la statusphère ? (angl.)<br>
Alors que les blogs deviennent mainstream, la montée de la statusphère<br>(le microbloging et le dialogue par statuts interposés) est en train<br>de remettre en cause leur autorité et leur influence. Pourquoi ? Parce<br>que nous disposons d'un nouveau canal pour interagir, réponde et<br>
promouvoir les contenus éloignés de la source même des blogs. Cela ne<br>rend pas leurs contenus moins valables, mais leur autorité ne prend<br>pas en compte ces nouvelles sources de liens. Et Brian Solis<br>d'énumérer de nombreux outils permettant de mesurer l'influence sur la<br>
statusphère et surtout de refonder la mesure de l'influence de la<br>blogosphère, qui n'est pas moins forte, mais qui risque de devenir<br>moins visible.<br>. Netpolitique : Liste et conseils pour gazouiller sans fausses notes<br>
8 conseils aux politiques, illustrés d'exemples parlant, pour twitter<br>sans faire d'erreur.<br><br>. Nouvo.ch : Les actionnaires du web<br>Les internautes investissent ensemble sur des artistes, des projets<br>(comme celui d'un château à transformer en boite de nuit), et<br>
désormais des films. Le Crowdsourcing dans toutes ses formes.<br><br>. Washington Post : Dans les rues de Washington, le téléphone mobile<br>est une ligne de vie (angl.)<br>Les SDF de Washington sont de plus en plus nombreux à avoir des<br>
téléphones mobiles pour leur apporter une assistance et des<br>opportunités. On peut encore être pauvre, mais on ne peut plus ne pas<br>être connecté !<br><br>Energie<br>. FuturaSciences : Ordinateurs et téléviseurs, des énergivores qui<br>
pourraient faire mieux<br>Selon l'étude d'impact environnementale des TIC remise au gouvernement<br>- <a href="http://www.telecom.gouv.fr/fonds_documentaire/rapports/09/090311rapport-ticdd.pdf" target="_blank">http://www.telecom.gouv.fr/fonds_documentaire/rapports/09/090311rapport-ticdd.pdf</a><br>
-, nos appareils électroniques seraient responsables de 13 % de<br>l'énergie consommée en France. Malgré les difficultés à établir une<br>estimation fiable, l'étude souligne que cette consommation énergivore<br>ne cesse de progresser d'années en années (écrans HD, boitiers TNT,<br>
box ADSL...) même si d'un autre côté elle participe à réduire les<br>activités de transports. Certaines évolutions (le développement de<br>l'ordinateur portable plutôt que de l'ordinateur de bureau) et<br>certaines mesures (décourager la mise en place de systèmes de veille,<br>
déveloper de! s labels énergétiques...) pourraient aider à contenir<br>cette évolution.<br><br>Economie numérique<br>. Nos Futurs : Quand la France n'est que 23e mondiale...<br>5e puissance mondiale, mais seulement 23e en terme de degré<br>
d'équipement et de compétence technologique selon le classement de<br>l'Union internationale des télécommunications... La raison ? La France<br>n'a pas su faire émerger de nouveaux leaders, malgré des start-up à la<br>
croissance fulgurante : mais elle n'arrive pas à trouver des solutions<br>de financement et de soutien aux entreprises technologiques<br>suffisantes. Autre raison, avance Guillaume Grallet : la<br>dévalorisation de la fabrication et de la production. Car la mainmise<br>
su</blockquote></div><br>