[AfrICANN-discuss] .tv, .eh...: les extensions sur internet,
enjeux majeurs pour certains Etats
Anne-Rachel Inné
annerachel at gmail.com
Mon Sep 21 23:07:32 SAST 2009
.tv, .eh...: les extensions sur internet, enjeux majeurs pour certains
Etats
[image: Un netbook Levono connecté sur Internet, en janvier 2009 à Las
Vegas]
© 2009 AFP (Ethan Miller)
A l'image du .eh, revendiqué à la fois par le Sahara occidental et le Maroc,
ou du .tv, très lucratif pour les îles Tuvalu, les extensions sur internet
représentent de vrais enjeux pour certains Etats.
A l'image du .eh, revendiqué à la fois par le Sahara occidental et le Maroc,
ou du .tv, très lucratif pour les îles Tuvalu, les extensions sur internet
représentent de vrais enjeux pour certains Etats.
Aux côtés des extensions "génériques" comme le .net ou le .com, qui domine
le marché avec 82 millions de noms de domaine (afp.com, etc.), quelque 250
extensions géographiques existent aujourd'hui.
Avec le .de, l'Allemagne mène la danse (13 millions), suivi du .cn chinois
(12,5 millions) et du .uk du Royaume-Uni (7,8 millions). Le .fr vient, lui,
d'atteindre les 1,5 million.
"L'extension internet est devenue au fur et à mesure de l'évolution de
l'internet une vraie extension de l'identité nationale", note Stéphane Van
Gelder, directeur général d'Indom, une société spécialisée dans
l'enregistrement des noms de domaine.
Avec la naissance de nouveaux Etats, de nouvelles extensions voient ainsi le
jour, comme le .rs lancé en mars 2008 par la Serbie, et qui a pris la suite
du .yu de la Yougoslavie.
"Pour les pays, les extensions sont souvent perçues comme stratégiques,
comme un enjeu d'intérêt national", affirme Loïc Damilaville, adjoint au
directeur général de l'Afnic, l'association qui gère le .fr.
De fait, certains Etats, privés des leurs, tentent de les récupérer, à
l'image des Philippines avec le .ph, détenu par un particulier.
"A la fin des années 80 et au début des années 90, l'internet était encore
très peu développé, il n'y avait guère que les universités et les centres de
recherche qui s'y intéressaient", explique M. Damilaville.
Aucune véritable organisation n'était alors en place et les extensions
étaient attribuées par un scientifique américain, Jon Postel.
"Beaucoup de pays en développement n'ont pas fait de demande avant la fin
des années 90: ils se sont alors rendu compte qu'elles avaient été prises"
par des entrepreneurs locaux qui avaient commencé à les exploiter,
ajoute-t-il.
L'enjeu pour les Etats peut aussi être davantage politique: le .eh est ainsi
revendiqué depuis 2007 à la fois par le Front Polisario, qui réclame
l'indépendance du Sahara occidental, et le Maroc, qui veut continuer à
administrer le territoire.
Le gestionnaire mondial de l'internet, l'Icann, "n'a toujours pas pris
position. Elle ne peut pas trancher un conflit, qui n'est pas un conflit
internet, mais un conflit politique", estime M. Van Gelder.
L'extension peut également être une source de revenus non négligeables pour
certains pays, qui entendent exploiter sa signification.
Les îles du Tuvalu ont ainsi chargé une société américaine - avec qui elles
partagent les profits - de faire fructifier leur .tv, utilisé comme
diminutif de télévision.
Conséquence: "ce petit archipel de l'Océan Pacifique, qui n'avait
presqu'aucune rentrée financière, s'est retrouvé avec une manne inattendue
et a pu se développer", note M. Van Gelder.
Autre exemple: le .me lancé en mai 2008 par le Monténégro. "Son extension
veut dire +moi+ en anglais et sur les quelque 200.000 .me qui existent, 70%
ont été déposés par des anglophones", s'amuse M. Damilaville.
Pour autant, tous ne rencontrent "pas le même succès", souligne-t-il, en
donnant l'exemple du Surinam qui tente péniblement de vendre son .sr pour
les sites destinés aux seniors.
Plus malicieux encore: le Cameroun a essayé, selon M. Van Gelder, d'utiliser
la proximité de son .cm avec le .com pour profiter des fautes d'orthographe
des internautes, orientés ainsi vers des pages de publicité gérées par le
gouvernement.
Dernière mise à jour le: Lundi 21 Septembre 2009, 16:37
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